Arrivé à Atlanta dimanche soir pour pouvoir discuter plus facilement avec ses homologues pendant la journée la plus occupée de la saison, Pierre Gauthier n’avait pas les munitions pour aller à la chasse.

Pour un homme qui déteste s’entretenir avec les journalistes pour expliquer ses décisions ou parler de ses états d’âme, il était drôlement en verve une fois la journée fatidique terminée. «Je me sens comme un gars qui se préparait pour de belles vacances depuis un certain temps. Mais soudainement son toit s’est mis à couler et le gars à dépensé son argent et son temps à réparer ça et il n’avait plus rien pour aller en vacances. C’est comme ça que je me sens aujourd’hui,» a lancé Gauthier d’entrée de jeu, avant même qu’on lui pose une question.

Évidemment, il faisait référence aux pertes à la ligne bleue. Pour palier à l’absence de Markov, Gorges et Spacek, il a du réagir promptement en allant chercher Wisniewski, Mara et Sopel. Vrai que ça change les données. Avec une défensive décimée par les blessures, il a été obligé de mettre des pansements en allant chercher trois défenseurs d’expérience et il n’avait plus les moyens de se payer de vrais bons médicaments. Pour améliorer son équipe, Gauthier aurait été contraint de sacrifier une partie de son avenir ce qui va totalement à l’encontre de sa philosophie. Pas question pour lui de donner des choix au repêchage ou de beaux espoirs comme Jarred Tinordi, Louis Leblanc ou Michael Bournival. C’est la recherche de l’équilibre à court, moyen et long terme.

Je n’aime pas beaucoup Pierre Gauthier l’individu, un homme au regard parfois méprisant qui répond rarement lorsqu’on le salue. Pierre Gauthier le dg mérite toutefois qu’on regarde la situation avec du recul. Son club n’est pas gros à l’attaque et il le sait très bien. En séries, si le Tricolore affronte Boston ou Philadelphie, même ma mère sait ce qu’il va se passer. Mais le prix à payer pour Dustin Penner ou Jason Arnott était élevé. C’est payer cher un choix de première ronde pour le gros attaquant des Oilers dont on dit que l’éthique de travail laisse vraiment à désirer. Et pour le gros centre des Devils, il aurait fallu donner plus que David Steckel et un choix de deuxième ronde.

Gauthier qui avait encore moins le luxe de se payer Brad Richards pour une location de quelques mois, va se faire varloper pour son inactivité car les amateurs s’attendaient ou plutôt espéraient un coup d’éclat. Toutefois il n’a pas attendu au 28 février et sa principale réalisation pour sauver l’équipe, c’est la venue de James Wisniewski. La situation est loin d’être parfaite à Montréal mais dans les circonstances, il aurait été difficile d’améliorer l’équipe aujourd’hui…À moins bien sûr de gérer comme nos bons gouvernements en liquidant Subban et Pacioretty pour sauver la face cette année sans se soucier du futur.