Le Canadien a finalement gagné à la maison. Bon! Ça ne faisait pas si longtemps puisqu’il s’est payé Saku Koivu et les Ducks d’Anaheim jeudi dernier.

Mais après trois revers à ses quatre dernières rencontres, on va dire qu’il était temps qu’il gâte un peu ses partisans. Il les a gâtés… avec les deux points associés à la victoire de 2-1 aux dépens des Stars de Dallas.

Sur le plan du spectacle, les 21 273 spectateurs présents au Centre Bell et ceux qui étaient bien assis devant leur télé, celles de leurs voisins ou de leur bar sportif préféré, n’ont pas vraiment été gâtés.

C’est vrai.

Mais le partisan aime-t-il mieux se coucher avec la satisfaction d’une victoire sans éclat ou peiner à s’endormir alors que tout plein de faits saillants spectaculaires se mettent en échec dans sa tête après une défaite?

Aux yeux de Michel Therrien, dont la survie derrière le banc passe d’abord et avant tout par les points récoltés et non par la qualité du spectacle offert, la réponse est simple : il faut d’abord gagner. Et prendre les moyens pour y arriver.

Pourquoi ne pas proposer un heureux mélange des deux?

Vrai que ce serait idéal. Mais pour l’instant, avec Pacioretty, Brière, Emelin, Moen et même Parros – il peut se donner en spectacle en jetant les gants de temps en temps, il y a encore beaucoup d’amateurs qui aiment ça… – et la présence de prospects qui manquent d’expérience ou de plombiers qui retourneront dans la Ligue américaine aussitôt le colmatage d’urgence complété, le Canadien ne peut se risquer à trop faire dans la dentelle. Il l’a appris à ses dépens la semaine dernière lors de la visite des jeunes « juniors » des Oilers d’Edmonton.

Il doit s’en remettre aux services essentiels.

Ce n’est pas toujours beau. Mais ça marche. Ça a marché à New York lundi soir. Ça a marché encore hier contre les Stars de Dallas.

Qui dit services essentiels, dit travail irréprochable du gardien : comme son adjoint Budaj à New York, Price a été très solide hier. Il n’a pas été bombardé. Loin de là. Mais il a réalisé les rares gros arrêts qu’il devait réaliser. Il s’est même permis d’en effectuer un très spectaculaire en fin de match avec la mitaine aux dépens Cody Eakins alors que les Stars tentaient de niveler les chances.

Je ne crois pas que cet arrêt, comme ses 25 autres effectués au cours de la rencontre, était suffisant pour donner à Price la première étoile cela dit.

Car dans le cadre d’une victoire attribuable à l’abnégation de ses coéquipiers qui ont fait passer la cause de l’équipe avant la leur, j’aurais auréolé Andrei Markov pour l’ensemble de son œuvre.

Oui! Markov a donné des sueurs froides à bien des amateurs en jonglant dangereusement avec une rondelle tout juste devant Carey Price qui aurait facilement pu être déjoué sur ce jeu. On va mettre ça sur le compte de son désir de mettre un peu de piquant dans un match qui n’en avait pas beaucoup…

Au-delà ce jeu dangereux, Markov a bloqué quatre tirs. Deux de moins que lundi soir à New York. Mais c’est quand même énorme pour ce vétéran défenseur qui présente une nouvelle facette dans son jeu.

Lundi à New York, les joueurs du Canadien ont bloqué 28 rondelles. Une de plus que Peter Budaj. Hier au Centre Bell, ils en ont bloqué 29. Ils ont donc effectué trois arrêts de plus que Carey Price.

Ça aide!

Raphael Diaz et Josh Gorges, qui essuient des barrages de critiques plus souvent injustes que méritées, ont été très solides aussi comme en témoigne leur différentiel de plus-2.

Pris au piège

Si le Canadien n’a pas gâté ses partisans avec plusieurs jeux spectaculaires, Michaël Bournival a continué à se faire remarquer avec Plekanec et Gionta. Non seulement le jeune Québécois insuffle une énergie nouvelle à ses deux vieux compagnons de trio, mais il maintient son niveau d’implication. Bon! Il peut dire merci à Stéphane Robidas qui a fait dévier la rondelle sur l’épaule de son gardien avant qu’elle ne dévie dans le but pour offrir à Bournival son 3e but de l’année.

Mais il faut tout de même reconnaître l’effort de Bournival qui a bataillé pour une place dans l’enclave où il était campé quand il a effectué la première déviation d’une longue série sur le tir de la pointe décoché par Raphael Diaz.

Diaz a aussi récolté une passe sur le but de Rene Bourque qui a finalement secoué sa guigne.

On ne peut pas en dire autant pour David Desharnais…

Défensivement, le Canadien a été irréprochable hier. Presque! Il a commis une erreur. Une grosse. En avant 2-0 en fin de deuxième, le Canadien a tendu un grand filet défensif dans lequel il s’est empêtré.

Le Canadien avait pourtant ses meilleurs éléments sur la glace : le trio des jeunes, appuyé par le meilleur duo de défenseurs. Avec Eller en avant-scène, Gallagher et Galchenyuk un brin en retrait, Markov et Subban deux brins plus loin, le Canadien a tendu une trappe tout ce qu’il y a de plus traditionnelle. On voit rarement le Canadien déposer une trappe et s’asseoir dessus. Normalement, le Canadien est plus actif dans sa défensive.

Mais sur ce jeu, il a été statique. Très. Trop. Les cinq joueurs ont été plantés comme des piquets tellement longtemps que les Stars de Dallas ont eu le temps de changer quatre joueurs pendant que Brenden Dillon attendait du sang neuf derrière son gardien.

Le manège a duré cinq, sept, dix, peut-être douze secondes. C’est tellement long dix secondes sans bouger lors d’un match de la LNH que lorsque les joueurs du Canadien ont tenté de se déplacer pour contrer l’élan de Cody Eakin, ils n’y sont pas arrivés.

Comme si les lames de leurs patins avaient fait fondre la glace sous eux, les joueurs du CH ont eu de la difficulté à se déplacer. Eakin en a profité pour contourner Eller. Pour passer entre Gallagher et Galchenyuk. Le voyant arriver à vive allure, Subban n’a pu rivaliser. P.K. a sorti le bâton pour tenter de le gêner dans son mouvement vers le but, mais il a plus nuit à Price qu’il l’a aidé et le gardien, comme tous les partisans du Canadien, a été surpris autant par le déroulement du jeu que par le tir et Eakin a marqué.

Eller : trop bon comédien

Ce jeu a noirci la performance du Canadien. Mais il s’en est vite remis.

Lars Eller aura peut-être plus de difficulté à se remettre du grand numéro de comédien qu’il a livré en deuxième période. Après un impact avec Alex Goligoski, Eller a jeté sa tête en carrière feignant d’être atteint au visage par le bâton du défenseur des Stars.

Comme moi, comme tout le monde je crois, l’arbitre Dave Jackson a tout de suite vu l’infraction et a imposé une pénalité à Goligoski qui s’est alors défendu corps et âme.

Je me demandais pourquoi.

Je l’ai vite su.

À la reprise, on a clairement vu que le bâton de Goligoski s’est accroché sous le devant des épaulettes d’Eller. La lame du bâton n’a jamais monté plus haut que le haut de la poitrine d’Eller à qui on doit donner une note parfaite pour sa comédie.

Eller, qui n’a jamais même passé près être atteint au visage, a eu le culot de se mettre la main à la bouche pour tenter de déceler la présence de sang lorsque Dave Jackson s’est approché afin de déterminer s’il devait octroyer deux ou quatre minutes.

À court terme, ce geste a servi la cause du Canadien.

À long terme, ça ne l’aidera pas du tout. Même que ça nuira à Eller qui, avec un jeu semblable, sera dans la mire des arbitres qui garderont bien en mémoire cette comédie.

Ne vous surprenez donc pas de voir, au cours des prochaines semaines, Eller être lui aussi envoyé au cachot pour avoir exagéré une chute à la suite d’un accrochage d’un adversaire.

Murray : lent mais efficace

Je ne sais pas si Michel Therrien a voulu mettre son patron Marc Bergevin en valeur ou s’assurer de compter sur l’appui d’un autre vétéran dans le vestiaire, mais quand l’entraîneur-chef du Canadien a lancé que Douglas Murray avait rempli un rôle essentiel dans la victoire, j’ai souri.

Vrai que Murray a asséné six mises en échec et bloqué trois tirs en 12 minutes de travail. Ce qui est, il faut l’admettre assez percutant comme relevé de travail.

Mais Murray est tellement lent qu’on se demande vraiment ce qu’il faisait sur la patinoire en fin de rencontre pour protéger une mince avance d’un but.

Dans une course pour une rondelle libre dans un coin de la patinoire, même Carey Price arriverait avant son compagnon défenseur dont le coup de patin est moins efficace et moins élégant que celui d’Hal Gill. Ça vous donne une idée.

Mais une fois dans le coin, Murray peut brasser. Devant le but aussi. Mais il faudra faire attention dans son utilisation, car le moindrement qu’il sera confronté à des patineurs habiles et rapides, il sera contraint à se servir de sa force pour écoper des pénalités. Il l’a d’ailleurs fait à chacun de ses deux premiers matchs.

On va donner une chance au vétéran. En plus d’être grand et gros, peut-être même trop gros, Murray n’a pas eu de camp d’entraînement en raison des blessures qui l’ont miné dès son arrivée à Montréal.

Après quelques matchs et plusieurs entraînements, il devrait être en mesure d’améliorer sa vitesse. Au moins un peu. Ce qui ne nuira pas.

Mais ses partenaires à la ligne bleue et les ailiers qui seront dépêchés de son côté de la patinoire sont mieux d’être vigilants. Car Murray pourrait avoir souvent besoin de renfort.

Donnons la chance au coureur. Même s’il ne court pas vite…

C’est congé pour les joueurs du Canadien ce matin.

Ils s’entraîneront jeudi, à Brossard, avant de mettre le cap sur le Minnesota et le Colorado où ils affronteront le Wild vendredi et l’Avalanche samedi.