MONTRÉAL – Comme Kent Hughes, Jim Madigan est un Montréalais établi depuis longtemps dans la région de Boston. Pendant dix ans, il a été l’entraîneur-chef de l’équipe masculine de hockey de l’Université Northeastern. Il est aujourd’hui le directeur athlétique de l’institution.

Un simple appel mardi matin permet de confirmer notre intuition : les deux hommes se connaissent très bien. Leur relation va bien au-delà du fait que les deux fils de Hughes, Riley et Jack, portent présentement les couleurs des Huskies. Elle remonte à l’époque où Madigan était un recruteur dans l’organisation des Islanders de New York tandis que Hughes commençait dans le domaine de la représentation de joueurs.

« Hughes est l'homme de Gorton »

« Mais je dirais qu’on est vraiment très proches depuis une dizaine d’années, précise Madigan. Sa femme est aussi de Montréal. Ils sont du West Island, je suis de NDG. On rigole souvent à propos de ça. Je leur dis à la blague qu’on n’avait pas d’argent dans NDG, que tout l’argent était dans leur coin. Je les adore. C’est une famille formidable. »

Il est également pertinent d’ajouter que Madigan a aussi des atomes très crochus avec Jeff Gorton. Les deux hommes possèdent une maison d’été à Cape Cod, dans le Massachusetts. Parmi leurs voisins, on recense des hommes de hockey réputés comme Ray Shero et Paul Fenton.

Voilà donc pour la mise en contexte. Si elle permet de déduire que Madigan ne sera peut-être pas le commentateur le plus objectif sur la question, elle offre néanmoins une fenêtre intéressante sur la relation qui existe entre les deux cerveaux qui trônent désormais à la tête du département hockey du Canadien.

« Cette embauche peut sembler venir du champ gauche parce que Kent n’a pas suivi le parcours traditionnel qui mène généralement à ce poste, mais il a énormément d’expérience dans le domaine avec son travail de l’autre côté de la table des négociations. Comme n’importe qui arrive dans un nouveau poste, il y aura une courbe d’apprentissage, mais c’est quelqu’un d’intelligent, articulé, un excellent communicateur. Je crois qu’il saura élever le Canadien de Montréal au niveau désiré par les partisans et les résidents du Québec. »

« Je sais que bien des gens verront ça et se diront : "Hey, c’est un anglophone, il ne vit plus au Québec depuis longtemps..." », devine Madigan. Mais croyez-moi, il connaît et comprend la culture du hockey au Québec et la signification de ce club pour les gens de toute la province. »

Avenir du CH : Hughes doit-il échanger de gros joueurs?

La proximité entre Hughes et Gorton a fait surface dès l’embauche de ce dernier en novembre. Dans leur nouvelle dynamique, leur grande amitié peut être interprétée de différentes façons. Une grande familiarité entre collègues peut mener à une symbiose hautement productive. À l’inverse, on peut imaginer deux grands complices se complaire dans leurs vérités sans que personne ne puisse les éloigner de leur zone de confort.

Et qu’en est-il de cette crainte, qui a grandement circulé pendant le processus d’embauche, à l’effet que le prochain DG du Canadien ne serait en fait qu’une marionnette au service de Gorton, un pantin francophone dont le mandat se résumerait à communiquer les lignes du parti à la plèbe? 

« Kent Hughes n’est pas un "yes-man" et Jeff Gorton sait très bien que Kent Hughes n’est pas un "yes-man", insiste Jim Madigan en riant. Kent est aussi un homme très respectueux des hiérarchies, il sait que Jeff sera le patron. Je crois personnellement qu’ils formeront un tandem extrêmement efficace. Je compare ça à ce que les Bruins ont bâti à Boston. Cam Neely et Don Sweeney sont deux grands amis, ils se connaissent depuis une éternité et savent travailler main dans la main. J’imagine Kent et Jeff développer le même genre de complémentarité. »

Il semblerait que Kent Hughes ait longtemps hésité avant de quitter ce qu’il avait bâti dans le monde de la représentation pour traverser la clôture et joindre l’état-major d’une équipe de la LNH. Aurait-il cédé aux arguments de n’importe quelle organisation? L’opportunité d’occuper un rôle de tête dans une franchise aussi prestigieuse que celle du Canadien passe rarement deux fois dans une carrière, note son grand ami.

« Je ne peux pas parler pour lui, mais je crois que ça a pu être un facteur dans sa décision, suggère Madigan. Kent Hughes est un homme de défis. C’est comme ça qu’il abordera ce qui l’attend. Il est très compétitif, il veut gagner et il a soudainement une opportunité de le faire dans un contexte unique. Ça ne se fera pas du jour au lendemain, considérant l’état dans lequel se trouve le Canadien présentement, mais je lui prédis beaucoup de succès dans ce poste. »