MONTRÉAL – N’en déplaise à ceux et celles – ajoutez mon nom à la liste – qui ont déjà fait une croix sur la saison et qui voudraient que toutes les décisions soient prises en fonction de l’avenir, le Canadien s’accroche à ses chances d’accéder aux séries.

Des chances qui sont minces, voire très minces, on en conviendra tous. Du moins j’espère. Mais en battant les Panthers de la Floride 4-0 samedi pour signer un quatrième gain lors des cinq derniers matchs, une sixième victoire lors des huit dernières parties, les joueurs ont prouvé qu’ils y croient encore.

« KK a besoin de reprendre sa confiance »

L’état-major a fait la même profession de foi en envoyant Jesperi Kotkaniemi à Laval au lendemain de la rétrogradation de Cale Fleury avec le club-école. Claude Julien en a rajouté en rayant Ryan Poehling de sa formation pour réintégrer Jordan Weal qui avait été écarté lors des quatre dernières rencontres.

Si plusieurs partisans ajoutent ces décisions à la liste, déjà longue, d’exemples de mauvais développement dont le Canadien s’est rendu coupable à leurs yeux au fil des dernières années, des hommes de hockey d’organisations «ennemies» interprètent tout autrement cette prise de position.

«Le Canadien a décidé de faire un «push» avec ses meilleurs éléments. C’est donc normal qu’il favorise les vétérans», m’ont assuré des membres d’organisations rivales venus assister au match du Canadien contre les Panthers.

Après avoir battu les Sabres à Buffalo jeudi, le Canadien se devait de battre la Floride samedi pour au moins demeurer dans la course. Il devra maintenant battre Columbus dimanche pour peut-être gagner un peu de terrain.

Trois victoires n’assureront pas le Canadien d’une place en séries. Ça non! Mais trois défaites l’auraient exclu presque assurément.

Des vétérans à respecter

Qu’on soit d’accord ou non avec les décisions prises à l’endroit de Fleury vendredi, de KK et Poehling samedi, il est crucial de prendre en considération le fait que l’état-major, de Marc Bergevin à Claude Julien, doit aussi prendre les moyens pour garder le respect des autres joueurs du CH.

Pensez à l’avenir, à Kotkaniemi, à Fleury, à Poehling et à leur développement, c’est une chose. Mais il faut aussi s’assurer de ne pas perdre les Weber, les Price, les Gallagher, les Danault et tous les autres joueurs qui sautent sur glace avec l’intention de gagner.

Bon! Ils ne prennent pas toujours tous les moyens pour le démontrer. Mais jamais au grand jamais ces joueurs et tous les autres qui occupent le vestiaire décideront de jouer mollement parce qu’il vaudrait mieux perdre que gagner afin de maximiser les chances de gagner la loterie-Alexis qui sera réservée aux clubs exclus des séries.

Claude Julien y va donc avec l’alignement qui lui donne le plus de chances de gagner.

À Kotkaniemi, Fleury et Poehling de jouer

Un jour, Kotkaniemi, Poehling et Fleury seront sur cet alignement. Ils y occuperont peut-être même une place de choix.

Mais pour le moment, ce n’est pas le cas.

ContentId(3.1359916):Jesperi Kotkaniemi à Laval : la chose à faire Canadiens)
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C’est surtout vrai pour Kotkaniemi. Non seulement le premier choix du Tricolore en 2018 n’affiche que six buts et huit points en 36 matchs cette saison – ajoutez à ces statistiques timides un différentiel de moins-11 – mais le Canadien présente un dossier de 13-3-1 dans le cadre des 17 rencontres disputées sans ses services.

Ça veut dire que le Canadien a maintenu une fiche de 11-19-6 avec son jeune joueur de centre au sein de la formation.

Attention! Je ne suis pas en train ici d’imputer aux seules erreurs de Kotkaniemi la fiche négative du Canadien lorsqu’il est en uniforme. Ce serait non seulement injuste, mais injustifié, voire malhonnête de dresser un tel parallèle.

Mais ces deux fiches démontrent que les joueurs plus expérimentés, même s’ils n’ont pas le potentiel du plus jeune, sont en mesure de contribuer davantage aux succès de l’équipe lorsqu’ils le remplacent.

Kotkaniemi n’était pas en mesure de forcer la main à Claude Julien pour lui offrir du temps d’utilisation et de bons joueurs avec qui le disputer. Contrairement à ce que fait Nick Suzuki, KK offrait même des motifs à la direction de le garder hors de l’alignement et de finalement le céder au club-école.

Maintenant qu’il est avec le Rocket, Kotkaniemi doit profiter de l’occasion pour relancer sa saison. Pour donner un nouvel élan à sa carrière.

J’ai dit et redit souvent depuis deux ans que le Canadien aurait dû se retenir au lieu d’ouvrir les portes de son vestiaire trop vite au jeune Finlandais. Je l’ai écrit tout aussi souvent.

Parce que KK a impressionné lors de son premier camp, parce qu’il y avait des places disponibles en raison du manque de profondeur de l’équipe, parce qu’il a conquis les partisans et aussi, peut-être un peu, pour éviter que Brady Tkachuk et les Sénateurs d’Ottawa fassent trop mal paraître le Tricolore parce que le joueur sélection tout juste après KK était plus prêt pour faire le saut dans la LNH et y connaître du succès, l’état-major du Canadien a donné un uniforme à Kotkaniemi dès la première occasion.

Lors de sa sélection, le Canadien et plusieurs observateurs finlandais – Saku Koivu a ajouté son nom à la liste plus tôt cette année – assuraient que KK aurait besoin de deux saisons avant de débarquer à Montréal.

Mais bon!

Espérons qu’il comprendra que le Canadien, loin de le punir, lui donne l’occasion de se reprendre. A-t-il le caractère pour comprendre qu’il s’agit d’une opportunité et non d’une sanction?

«Oui!», m’a répondu Phillip Danault après la victoire de samedi aux dépens des Panthers.

«Ce n’était plus facile pour KK. Il doit retrouver ses repères. Il doit retrouver le plaisir qui est nécessaire d’avoir pour jouer du bon hockey. Il a du talent. Il est très bon. Je suis convaincu qu’on est loin d’avoir vu le meilleur de ce que KK a à donner. Il doit rester positif. Il doit apprendre des plus vieux. Il doit comprendre ce qui doit être fait pour avoir du succès dans la LNH», assurait Danault qui a tiré profit d’expérience du genre.

«Je suis passé par là moi aussi. Et j’ai beaucoup appris. En plus, KK reste à Montréal. Il va vivre dans son appartement, il va avoir la même routine parce que Laval et Montréal c’est la même ville. Il va même être dans l’entourage de l’équipe. C’est moins décourageant que le fait de se retrouver loin de tout dans une petite ville. Le club-école des Hawks était à Rockford. C’était juste à 90 minutes de Chicago, mais c’était vraiment petit. Il n’y avait rien à faire. C’était bon dans un sens parce qu’on était toujours ensemble comme équipe et parce qu’on se consacrait juste au hockey. Mais je suis sûr que le contexte est encore meilleur pour KK, pour Cale et les autres gars avec la proximité entre le Canadien et le Rocket», a conclu Danault.

Pour Fleury c’est la même chose.

Je demeure convaincu que Fleury offrait du meilleur hockey au Canadien que Kotkaniemi  le faisait. Mais en ce moment, Brett Kulak joue bien et tant qu’on n’aura pas pris des décisions avec Victor Mete, c’est Fleury qui écope.

Poehling?

Il faisait bien au sein du quatrième trio. Du moins à mes yeux. Mais peut-être suivra-t-il les deux autres à Laval lorsque Jonathan Drouin sera en mesure de reprendre sa place.

Ça donnerait trois trios intéressants à Claude Julien :

Tatar-Danault-Gallagher

Kovalchuk-Suzuki-Armia

Drouin-Domi-Lehkonen

Derrière, Thompson, Weal, Cousins et même Weise si on décidait de le garder avec le gros club pourraient compléter le travail.

On verra.

Cela dit, les décisions prises avec Fleury et Kotkaniemi et celle qui guette peut-être Poehling devront toutes être reconsidérées prochainement.

Car si le Canadien n’arrive pas à s’accrocher à de minces chances d’accéder aux séries, le directeur général Marc Bergevin tentera sans l’ombre d’un doute de conclure quelques transactions d’ici la date limite – le 24 février – afin d’améliorer ses sélections lors des prochains repêchages.

Une fois quelques vétérans partis, une fois les chances d’accéder aux séries dissipées pour de bon, peut-être reverra-t-on alors tous les jeunes avec le grand club afin de préparer la prochaine saison.

À moins que la direction décide de les garder tous à Laval pour leur donner l’occasion d’apprendre en gagnant dans la Ligue américaine au lieu de le faire en perdant dans la LNH.

On verra.

Ce qui est certain toutefois, c’est que pour revenir avec le grand club, Kotkaniemi devra vraiment trouver une façon de joueur du bon hockey. Du hockey solide. Du hockey soutenu. Il devra retrouver l’aplomb qu’il affichait lorsqu’il est débarqué à son premier camp d’entraînement, un aplomb qu’il a perdu il y a déjà plus d’un an.

En bref

  • De retour en action après un congé de dix jours, les Panthers n’ont pas disputé un grand match. C’est clair. Mais le Canadien leur a  compliqué la vie en maintenant une pression efficace pendant 60 minutes. Ce qu’il n’a pas fait trop souvent cette saison…
     
  • Jeff Petry a connu un match de quatre points (quatre passes) pour la première fois de sa carrière. Il est le premier joueur du CH à récolter quatre passes depuis Jonathan Drouin le 26 février 2019. Il est aussi le 6e défenseur seulement du Tricolore à atteindre ce plateau depuis 1990 après Andrei Markov (2015), Sheldon Souray (2004), Vladimir Malakhov (1999), Lyle Odelein (1994) et Peter Svoboda (1990)…
     
  • Avec son 17e but de la saison, Brendan Gallagher a moussé encore un peu plus la portée de l’effet positif qu’il apporte au Canadien. La fiche du Tricolore lors des matchs au cours desquels le petit guerrier marque : 14 victoires, 2 revers et une défaite en prolongation…
     
  • Avec son troisième jeu blanc de la saison et son 47e en carrière, Carey Price devance maintenant Ken Dryden au troisième rang des gardiens les plus auréolés du Canadien. Prochaine cible : Jacques Plante qui en revendique 56…