MONTRÉAL - Déçu de voir Marc Bergevin l’échanger aux Capitals de Washington à la date limite des transactions en février dernier, voilà que plusieurs partisans du Canadien réclament le retour d’Ilya Kovalchuk. Et que d’autres se demandent si ce pourrait être une bonne idée.

 

Pourquoi?

 

Kovalchuk n’a plus rien à offrir au Canadien. Rien de rien. Oui c’est encore un beau patineur. Oui il a déjà été un grand joueur. Peut-être même un très grand joueur. Mais aujourd’hui, Kovalchuk est un joueur ordinaire. Demain, il le sera un brin plus. Après demain, il aura ralenti encore.

 

Loin de moi l’intention de manquer de respect à un gars qui franchira un jour les portes du Temple de la renommée du hockey. Mais c’est à titre de « Pepto Bismol » que Kovalchuk a rendu ses plus grands services au Canadien l’hiver dernier.

 

Ses six buts marqués et 13 points récoltés en 22 matchs, ses présences qui permettaient de rêver à ce qu’il se passe quelque chose de positif dans le camp du CH ont versé dans la gorge des amateurs de grosses doses de ce liquide rose. Des doses qui ont contribué à soulager les maux de cœur associés à la saison de misère que leurs favoris connaissaient sur la patinoire. Ils ont aidé à faire passer le fait que l’équipe s’acheminait vers une troisième élimination consécutive des séries éliminatoires. Vers une quatrième exclusion en cinq ans.

 

En plus d’avoir soulagé les nausées des partisans, Kovalchuk a permis à Marc Bergevin d’obtenir des « Caps » un choix de troisième ronde au dernier repêchage (Dylan Peterson) dont le DG du Tricolore s’est servi pour acquérir Jake Allen des Blues de St Louis.

 

Cette acquisition de Allen deviendra d’ailleurs peut-être le plus bel héritage de Kovalchuk pour le Canadien.

 

Ilya Kovalchuk a profité du fait que le Canadien patinait dans la vase pour marquer quelques buts qui ont fait du bien.

 

Une fois avec les Capitals, une fois avec une équipe qui jouait du hockey de grande qualité, Kovalchuk n’a plus été en mesure de s’imposer (un but, quatre points en sept matchs). Une fois en séries, il est disparu aux sens propres comme figurés avec une petite passe récoltée en huit matchs disputés. Et ce n’est pas comme si Kovalchuk s’était fait voler des tas de buts parce qu’il avait pris le filet adverse d’assaut. Non! Kovalchuk s’est contenté de cinq tirs lors de ces huit matchs. Pourquoi? Parce qu’il ne pouvait tout simplement pas assumer une place au sein des trios de tête des Capitals.

 

Vers un avenir meilleur

 

Si le Canadien et ses partisans anticipaient le pire pour la saison qui s’en vient, Kovalchuk pourrait encore servir de « Pepto Bismol » pour aider à composer avec une autre saison misérable.

 

Mais c’est tout le contraire que le Tricolore et ses partisans anticipent.

 

Les succès du CH ont fermé la porte à Kovalchuk

Si Nick Suzuki et Jesperi Kotkaniemi profitent de leurs lancées estivales, si les nouveaux venus Josh Anderson et Tyler Toffoli marquent les buts qui sont attendus d’eux, si Jonathan Drouin profite de la vague qui semble vouloir se lever pour s’imposer offensivement, si Gallagher, Tatar et Danault sont fidèles à eux-mêmes, le Canadien pourra facilement se passer de Kovalchuk.

 

Quoi? Il pourrait aider en attaque massive que certains avancent?

 

Vraiment?

 

En 22 matchs avec le Canadien l’hiver dernier, Kovalchuk a marqué une seule fois en attaque massive. Et il n’a ajouté qu’une passe. Rien de plus.

 

Et s’il était facile de faire une place, voire de faire toute la place, au vétéran russe l’an dernier alors que l’attaque massive du Canadien était bien passive, ce devrait bien différent cette année alors que Claude Julien et Kirk Muller auront bien plus de munitions à leur disposition.

 

Encore faut-il que les jeunes continuent de progresser. Encore faut-il qu’Anderson et Toffoli répondent aux attentes. Encore faut-il que Gallagher, Danault et Tatar maintiennent leur rythme et que les joueurs de soutien soutiennent cette attaque.

 

Je sais.

 

Moins efficace que les Lehkonen, Armia et Byron

 

Mais à 37 ans, avec un passé glorieux, mais un présent plutôt nuageux, Kovalchuk n’est plus en mesure de mettre de la pression sur l’un ou l’autre des membres du top six du Canadien. Peut-être même du top neuf.

 

Et non seulement a-t-il perdu la magie qui lui a permis de marquer plusieurs de ses 443 buts dans la LNH et des douzaines d’autres dans sa Russie natale et en compétitions internationales, mais Kovalchuk serait moins utile que les Lehkonen, Armia et autres Byron dans les rôles de soutien qui les attendent la saison prochaine.

 

Bien davantage que d’Ilya Kovalchuk, le Canadien a besoin d’un joueur de centre d’expérience pour maximiser ses chances de succès la saison prochaine. Il a besoin d’un centre d’expérience capable de gagner des mises en jeu importantes. Particulièrement en zone défensive.

 

Car aussi bon est Phillip Danault dans ces duels aux cercles des mises en jeu, le Québécois a perdu un allié de taille quand le Canadien a échangé Nate Thompson aux Flyers de Philadelphie.

 

Comme plusieurs, je crois que Jake Evans est prêt à faire le saut pour de bon dans la LNH au sein d’un quatrième trio. Il est peut-être même capable de jouer au centre sur une base régulière. Mais s’imposer aux cercles des mises en jeu lorsqu’il est vraiment nécessaire de le faire et d’y arriver contre les meilleurs des clubs adverses, c’est un art. Un art qui se développe avec beaucoup d’expérience. Une expérience qui fait défaut pour le moment chez le Canadien.

 

En février dernier, Marc Bergevin a été beau joueur avec Ilya Kovalchuk. Il lui a offert un billet en direction de Washington en se disant que s’il lui offrait la chance d’aller gagner avec les Caps, le vétéran serait peut-être plus ouvert à l’idée de revenir à Montréal si le Canadien avait besoin de lui.

 

Tout ça était bien beau en février.

 

Mais à l’aube du mois de novembre, le Canadien n’a plus besoin de Kovalchuk. De fait, c’est Kovalchuk qui a maintenant besoin du Canadien pour s’accrocher à son rêve de prolonger sa carrière dans la LNH.

 

Ce serait une erreur de lui offrir cette chance.

 

L’avenir de Kovalchuk dans la LNH est associé au rôle de « Pepto Bismol » qu’il a joué l’hiver dernier à Montréal. Kovalchuk prolongera sa carrière de ce côté-ci de l’Atlantique – et peut-être même de l’autre côté aussi – en aidant un club perdant et/ou en reconstruction à faire passer de trop nombreuses soirées difficiles à ses partisans.