Enfin, le Canadien tourne la page sur cette saison misérable. Ce match face aux Maple Leafs, c’est en quelques sortes, la fin d’une lente et douloureuse agonie qui a commencé le jour où Pierre Gauthier a posé un geste de panique en congédiant Jacques Martin. En fait, le club a commencé à souffrir avant ça, quand Andrei Markov n’a pas été en mesure de revenir au jeu comme prévu à l’automne.

C’était vraiment palpable ce matin à l’entraînement. Ça l’était encore plus après l’heure du lunch, aux environ du Centre Bell. Perdu dans mes pensées, en buvant tranquillement un bon café latte, le bruit des mouettes m’a frappé. On n’entendait que leurs cris stridents et désagréables. Deux personnes, probablement des touristes, prenaient une photo devant la statue du Rocket. C’est tout. Un peu plus loin, les revendeurs essayaient tant bien que mal de refiler leurs billets pour ce match qui ne veut plus rien dire depuis un gros mois. Probablement pas très facile la job de scalpers cette année à Montréal.

Je compatis avec mes amis et collègues de Toronto, qui eux, vivent ça à chaque printemps. L’an passé, à la même date, ici c’était l’effervescence. Des fanions après presque toutes les voitures, des tailgates partys, de l’animation, des partisans survoltés qui affichaient leurs couleurs et surtout beaucoup d’amour envers ceux que l’on a déjà appelé les Glorieux. Cette année, il n’y a que des pauvres mouettes en quête de restants de frites. Et c’est normal. Quinze victoires. C’est tout ce que les partisans ont eu à se mettre sous la dent, cette année au Centre Bell. Même les mouettes auront été plus gâtées.

Le dernier match de Cunneyworth

À l’exception de Carey Price, tout le monde était présent à l’entraînement matinal, même les joueurs blessés. Scott Gomez, Brian Gionta, Travis Moen, Alexei Emelin, Petteri Nokelainen, Ryan White et Mathieu Darche. Ce dernier avait amené ses deux fils avec lui. Les deux petits #52 ont même eu la chance de participer aux derniers instants de l’entraînement. À trente-cinq ans, le bon vieux Darche ne sait pas si la nouvelle direction misera sur lui et il a sans doute savouré cette dernière journée de la saison en immortalisant dans sa tête ces beaux moments avec ses fils.

Si le sort de Darche demeure incertain, il est toutefois presque assuré que Randy Cunneyworth aura dirigé sa dernière joute derrière le banc du Canadien, en tant qu’entraîneur-chef. Catapulté injustement dans ce rôle ingrat par monsieur Gauthier, l’improvisateur-en-chef déchu, Cunneyworth a fait tout ce qu’il pouvait pour garder le Tricolore à flots. Dans un rôle où c’était impossible pour lui de gagner, il a fait plus que son possible, tout en gardant le sourire et une attitude positive alors que la moitié des joueurs dans le vestiaire avaient déjà lancé la serviette. On devine qu’avec un club sorti des séries depuis plusieurs semaines, le dernier mois a du lui sembler une éternité.

J’espère que ce soir, à la conclusion du match, un vétéran ira ramasser la rondelle pour la remettre au coach. Ça serait la moindre des choses.



Est-ce que le nouveau directeur-général va offrir un poste à Randy Cunneyworth dans l‘organisation?