LOS ANGELES - Absent à Pittsburgh où il a été ridiculisé par Evgeni Malkin et les Penguins, mercredi, le Canadien a perdu ses deux derniers matchs. Il a perdu trois de ses quatre dernières parties. Il n’affiche que quatre victoires en 11 rencontres.

Pour toutes ces bonnes, ou mauvaises, raisons, j’espère que vous n’êtes pas surpris d’apprendre que la grogne des joueurs à l’endroit de leur entraîneur-chef Michel Therrien reprend de l’ampleur. Comme elle en avait pris plus tôt cette saison lorsque le Canadien a traversé son premier passage à vide.

Vous avez oublié ce passage à vide? Déjà?

Il avait pourtant soulevé une grogne similaire à celle qui s’intensifie dans le vestiaire de l’équipe, dans la tête et le cœur des partisans, sur les tribunes téléphoniques et médias sociaux.

Après cinq victoires en sept matchs pour amorcer la saison du bon pied, le Canadien s’est ensuite contenté de 5 victoires lors des 14 parties disputées entre les 19 octobre et 16 novembre.

Ça n’allait pas bien. Pas bien du tout.

Les rappels à l’ordre lancés publiquement par Michel Therrien après les défaites et/ou les mauvaises performances de son équipe résonnaient comme des fausses notes dans le vestiaire.

Remarquez que plusieurs méritaient amplement les critiques à peine voilées lancées par leur coach. Mais le fait d’être mis à l’index ou de voir un coéquipier et ami être traité de la sorte n’entraîne jamais de réactions positives dans un vestiaire.

Bourque sur le marché des transactions

Sans aller jusqu’à dire que son poste était alors déjà en danger, Michel Therrien jouait gros dans le cadre des duels contre le Wild du Minnesota, les Capitals de Washington et les Penguins de Pittsburgh qui se dressaient devant son équipe.

On attendait ces trois parties, et surtout la façon dont les joueurs les disputeraient, pour déterminer de la poigne de Therrien sur son club.

Le Canadien a gagné ces trois matchs. Il a ajouté une 4e victoire de suite en battant les Sabres de Buffalo. Cette très bonne séquence s’est même étendue sur 10 rencontres. Une séquence que le Tricolore a complétée en encaissant un seul revers. Une défaite en prolongation.

L’équipe était alors de retour en force au classement. Le coach était de retour en selle. Jusqu’à la prochaine séquence difficile. Séquence que Therrien et son équipe traversent maintenant.

Si le Canadien gagne vendredi, à Detroit, la grogne s’apaisera un brin ou deux. Elle ne se calmera pas complètement pour autant. Ça non. Car tous ceux qui gravitent autour du vestiaire du Canadien savent que l’entraîneur-chef entretient des relations tendues avec quelques-uns de ses joueurs.

Et c’est normal.

Les coachs qui font l’unanimité - de façon positive on s’entend - dans un vestiaire sont très rares. Et cette unanimité est très souvent directement liée aux succès de l’équipe.

Tenez ! Bruce Boudreau file le parfait bonheur avec ses joueurs des Ducks d’Anaheim. Ou il semble filer le parfait bonheur alors que cette équipe, qui vient de perdre deux de ses trois derniers matchs, n’affiche que trois revers en temps réglementaire à ses 25 dernières parties.

Déjà contesté par quelques-uns de ses joueurs – je réécris une fois encore qu’il n’y a rien de dramatique ici – Michel Therrien voit donc sa cote de popularité fluctuer au sein du vestiaire au gré des victoires et des défaites. Idem sur la place publique.

C’est plate de même pour lui.

Est-ce que ça veut dire qu’il se fera sacrer dehors si le Canadien perd contre les Red Wings? Ou si elle perd encore contre les Capitals de Washington qui feront escale à Montréal.

Pas nécessairement.

Surtout que lors d’un récent entretien que j’ai eu avec le directeur général du Canadien, Marc Bergevin m’assurait qu’il avait entièrement confiance en son coach. Et que cette confiance ne s’étiolerait pas si l’équipe devait perdre, trois, quatre, voire cinq matchs de suite pour se retrouver au sein des équipes luttant pour une place en séries au lieu d’être perchée au haut du classement.

S30 en prol. : Therrien en danger?

Les prochains jours, surtout les prochains matchs, seront donc très intéressants à suivre. D’abord pour voir comment le Canadien s’y prendra pour offrir de meilleures performances que celle offerte mercredi à Pittsburgh. Mais aussi pour déterminer la qualité et la nature des liens entre l’entraîneur-chef et ses joueurs.

Un coach ne peut être aimé de tous. Il peut même être détesté d’une majorité de ses joueurs. Voire de la totalité. Mais si les joueurs lui vouent malgré tout une forme de respect en acceptant de se plier au système qu’il préconise et en fournissant les efforts qu’il réclame, un coach peut s’en tirer et prolonger son séjour derrière le banc.

Plus encore que les victoires et les défaites, c’est donc sur ce dernier point que Marc Bergevin devra s’attarder au cours des prochains jours afin de tâter le pouls qui dicte le rythme de son équipe.

Il devra déterminer si, au-delà de la grogne qui reprend de l’ampleur dans le vestiaire, les joueurs respectent encore leur coach et que le coach est encore en mesure de rassembler les joueurs et de maintenir un niveau de confiance sans lequel aucun club de hockey ne peut gagner.

C’est cette constatation qui permettra à Michel Therrien de garder la confiance de son patron et de maintenir son poste. Ou inversement, de se retrouver du jour au lendemain à suivre les matchs de son équipe comme spectateur.

Avec la pause olympique qui approche et les déclarations réconfortantes lancées par Bergevin à l’endroit de Michel Therrien, je ne crois pas qu’un changement d’entraîneur soit imminent chez le Tricolore.

Mais si le Canadien continue de glisser lentement, mais sûrement, au classement et que des adversaires qui semblaient bien loin hier se rapprochent dangereusement du Tricolore, la trêve olympique pourrait être un brin, ou deux, inquiétante pour Michel Therrien.

Cela dit, il faudrait aussi se rappeler d’une autre phrase de Marc Bergevin qui lors de mon entretien sur ce sujet m’a lancée que les nombreux changements d’entraîneurs à Montréal – des changements qui se succèdent environ aux deux ans depuis 10 ans – avaient donné quoi au juste comme résultats ?

« On essaye de trouver des solutions »

La réponse étant : pas grand-chose, il faudrait que Bergevin réalise que la grogne normale qui flotte dans le vestiaire de son équipe se transforme en véritable mutinerie pour qu’il change son fusil d’épaule.

On verra!

Sans oublier la vraie question : qui diable pourrait prendre la relève de cette bonne petite équipe sans plus pour en faire un club champion?

Le nom de Guy Boucher vient certainement en tête de liste.

Mais au-delà toutes ces qualités, Boucher pourrait-il soutirer plus du Canadien que Therrien?

Personne ne peut répondre oui sans hésiter et surtout avec raison.

Michel Therrien a-t-il la responsabilité de faire gagner son club? Oui! Mais si son club gagne soudainement moins souvent qu’il ne gagne, ou simplement pas assez souvent, ce n’est pas seulement de sa faute.

Michel Therrien doit toutefois s’assurer de faire flotter une atmosphère positive dans son vestiaire. Un climat susceptible de mousser les chances de victoires et non celles de défaites.

Et c’est sur ce dernier qu’il sera jugé au cours des prochains jours, des prochaines semaines. C’est ce dernier point qui décidera si Michel Therrien complétera son contrat - il lui reste une autre saison après celle-ci - et en obtiendra peut-être un autre, où s’il sera sacrifié une fois encore, parce qu’il est plus facile de congédier un coach que d’échanger 23 joueurs.

On verra.