Le Canadien ne sait plus quoi inventer pour relancer David Desharnais. L’entraîneur-chef Michel Therrien et son patron Marc Bergevin ont essayé des méthodes douces. Ils ont aussi levé la voix et brandi des menaces. Des menaces qu’ils ont mises en application en confinant le joueur de centre québécois sur la galerie de presse à deux reprises depuis le début de la saison. Ils ont eu recours aux conseils et interventions de leur psychologue sportif. Ils ont même eu droit à l’intervention de Denis Coderre qui, en disant tout haut ce que bien du monde pense tout bas par le biais d’un gazouillis qui a élevé « l’affaire Desharnais » à un niveau de scandale, a permis aux joueurs du Canadien de voler au secours de leur coéquipier.

Malgré tout, Desharnais n’affiche toujours qu’une passe en 17 matchs depuis le début de la saison.

À l’aube du match qui opposera le Canadien aux Blue Jackets, vendredi soir, à Columbus, on ne sait pas encore si Desharnais endossera l’uniforme. Ou s’il suivra une deuxième partie consécutive du haut de la galerie de presse.

Mais avec le retour en forme de Daniel Brière à qui l’état-major du Tricolore a confié le rôle de piloter le troisième trio, avec le retour imminent de Brandon Prust qui offrira encore plus d’options à Michel Therrien dans la composition de ses quatre trios, il est évident que Desharnais s’éloigne du vestiaire et se rapproche de la galerie de presse.

Bon! Une ou des blessures pourraient vite le ramener au sein de la formation. Et parce qu’il ne peut quand même pas avoir perdu tout le talent qui l’a aidé à se hisser jusqu’à la LNH, David Desharnais pourrait sortir de sa torpeur d’un coup de baguette magique.

C’est possible... mais peu probable.

Et comme Desharnais semble vraiment avoir perdu ce qui lui restait de confiance, de repères sur la patinoire, parce que non seulement ses patrons, mais aussi ses coéquipiers – au-delà l’appui qu’ils lui ont accordé à la suite du gazouillis pas très délicat, mais pas trop loin de la vérité non plus – semblent avoir un brin ou deux perdu confiance en lui, la relance du petit joueur de centre passe peut-être par Hamilton. Par un séjour de quelques matchs avec les Bulldogs.

Pourquoi un tel retour à la case départ pourrait être bénéfique pour Desharnais?

Parce qu’il n’a rien à gagner, rien de rien, à évoluer au sein du quatrième trio à Montréal. À être gardé loin de l’attaque massive.

David Desharnais ne donnera pas de l’énergie au Canadien en assénant une grosse mise en échec ou en jetant les gants. Il n’a ni la taille, ni la hargne des Travis Moen, Brandon Prust ou Ryan White – j’ajoute le nom de George Parros pour faire plaisir à ses supporteurs – qui peuvent changer le cours d’une rencontre grâce à leur implication physique.

Pour aider le Canadien, David Desharnais doit être un poison offensif. Il doit mystifier les défensives adverses en multipliant les occasions de marquer offertes à ses compagnons de jeu et en enfilant un but de temps en temps. C’est donc avec ses mains, sa confiance et le cœur à l’ouvrage qui l’a toujours caractérisé qu’il y arrivera. Pas avec ses épaules.

Ballottage ou remise en forme

Au lieu de faire moisir Desharnais sur la galerie de presse, ou pire de le confiner au sein d’un quatrième trio, le Canadien et le principal intéressé auraient plus à gagner en jouant beaucoup en Hamilton.

Le coup de fouet associé à une telle rétrogradation devrait survolter Desharnais. Le fait de se retrouver dans une ligue où le jeu se déroule moins vite, où les ouvertures offensives sont plus larges et plus nombreuses que dans la LNH, devrait aussi permettre à Desharnais de mousser une production offensive qui est à plat en ce moment. De mousser une confiance inexistante en ce moment.

Mais voilà!

Pour permettre à Desharnais de « profiter » d’un retour à la source, il faudrait d’abord que le Canadien le soumette au ballottage. Donc qu’il accepte de prendre le risque qu’une autre équipe ne le réclame. Parce que oui, Desharnais pourrait aider quelques clubs de la LNH.

La perte de Desharnais au ballottage ne serait pas une catastrophe pour le Canadien. Car avec Brière en santé qui préfère évoluer au centre plutôt qu’à l’aile, avec Eller, Plekanec et Galchenyuk qui finira bien par être muté au centre pour de bon – ça pourrait attendre à l’an prochain – Desharnais a perdu sa place sur le tableau où sont affichées toutes les combinaisons de trio dans le bureau du coach.

En plus, si les Panthers de la Floride ou peu importe qu’elle autre équipe de la LNH venait mettre la main sur Desharnais, Marc Bergevin se retrouverait soudainement avec une marge de manœuvre de 3,5 millions $ sous le plafond dès cette année. Avec 7 millions $ à dépenser autrement dès l’an prochain, soit la somme équivalente au salaire de Desharnais lors de ses deux dernières années de contrat l’an prochain et dans deux ans.

Et si Bergevin tenait à éviter le ballottage, s’il tenait à éviter le risque que Desharnais retrouve sa confiance et ses repères ailleurs qu’à Montréal et qu’il en fasse bénéficier une autre équipe, il ne serait pas nécessairement obligé de le soumettre au ballottage.

En confinant Desharnais à la galerie de presse pour trois, quatre, voire cinq matchs de suite, il pourrait offrir à son petit joueur de centre la possibilité d’accepter un renvoi dans les mineures pour retrouver sa forme.

Desharnais ne serait pas obligé d’accepter une telle proposition. C’est vrai. Mais s’il tient à demeurer avec le Canadien, il serait bien fou de tourner le dos à cette offre proposée par son grand patron.

Et l’Europe?

Une autre option pourrait tomber du ciel pour le Canadien et David Desharnais.

Des informations dignes de foi provenant de la Suisse soutiennent que les dirigeants du club de hockey Fribourg-Gottéron – avec qui Desharnais a évolué pendant le lock-out qui paralysait la LNH l’automne dernier – s’intéressent au joueur de centre. Qu’ils seraient même sur le point de présenter une offre au Canadien afin que Marc Bergevin leur cède Desharnais qui irait les rejoindre aussitôt une réponse favorable du Canadien.

Je ne sais pas quel sérieux apporter à cette possibilité.

Je sais toutefois que si le Canadien tient vraiment à relancer Desharnais pour qu’il puisse venir aider la cause de l’équipe le plus rapidement possible, la meilleure solution me semble être Hamilton et la Ligue américaine.

Bien avant une alternance entre le 4e trio et la galerie de presse.

Bien avant un séjour en Europe.

Car lorsque Desharnais mettra le cap sur l’Europe où il pourrait connaître beaucoup de succès, c’est évident, ce sera pour aller y terminer sa carrière et non pour se servir d’un tel séjour comme tremplin afin de rebondir dans un vestiaire de la LNH. Que ce soit celui du Canadien ou d’une autre formation.

Les prochains jours seront cruciaux pour David Desharnais quant à son présent et son avenir avec le Canadien.

Pas question de jurer dur comme fer qu’il évoluera sous peu avec les Bulldogs de Hamilton. Mais quand on regarde sa situation actuelle avec le Canadien, quand on regarde la tendance qui est loin de fluctuer à la hausse pour David qui se fait de plus en plus petit devant Goliath, la solution offerte par un séjour de ressourcement dans la Ligue américaine me semble la meilleure autant pour le joueur de centre que pour le Canadien.

À moins bien sûr que le simple spectre d’une telle rétrogradation ne relance Desharnais.

Ce qui reste à voir.

Mais bon : parce que la situation ne peut plus stagner encore bien longtemps, l’état-major du Canadien devra prendre des décisions sous peu avec son joueur de centre s’il tient vraiment à le relancer.

On sera donc rapidement fixé. Du moins il le faudrait pour le bien du Tricolore, de son jouer visé et critiqué vertement de tout bord tout côté, du reste de l’équipe et des partisans du Canadien… sans oublier monsieur le maire.