La victoire pour Ducharme, la porte pour Waite!
Canadiens mercredi, 3 mars 2021. 01:00 jeudi, 12 déc. 2024. 15:28MONTRÉAL - Le Canadien, son nouvel entraîneur-chef Dominique Ducharme et plus particulièrement son gardien vedette Carey Price ont gagné un match qu’ils se devaient de gagner.
La preuve : en dépit du score final (3-1), les sorties convaincantes de Jesperi Kotkaniemi en attaque et d’Alexander Romanov en défense, en dépit de l’éveil de l’attaque massive qui a donné les deux buts qui ont changé le cours du match, en dépit de l’étanchéité du désavantage numérique qui a gardé le Canadien dans le coup en tout début de rencontre, en dépit du fait que le Tricolore a obtenu plus d’occasions de marquer sur des tirs de l’enclave mardi que lors de ses trois, cinq, sept dernières parties, cette victoire qui aurait dû raviver la confiance des amateurs a quand même attisé certains doutes.
Le Canadien a eu de la misère à battre l’une des pires équipes de la Ligue, pouvait-on lire ici sur les médias sociaux. Une chance que les Sénateurs disputaient un deuxième match en deux soirs pouvait-on lire là. Le Canadien a peiné à battre un gardien de la Ligue américaine, pouvait-on aussi lire là-bas...
Rien pour aider à convaincre les partisans et les journalistes que la victoire signifiait le retour de jours heureux au sein du vestiaire et de l’organisation, Marc Bergevin a annoncé moins de deux heures après la rencontre qu’il venait de congédier Stéphane Waite.
Une surprise? Tout une oui!
Grand responsable de la gestion et de la préparation de Carey Price depuis que Marc Bergevin est allé le « voler » aux Blackhawks de Chicago en 2013, tout juste après leur deuxième conquête de la coupe Stanley en quatre ans, Waite est largué moins d’une semaine après l’embauche de Dominique Ducharme.
Ce congédiement cache-t-il un différend entre le nouvel entraîneur-chef et l’ancien entraîneur des gardiens quant à l’utilisation de Price? Un différend qui avait cours alors que Claude Julien était toujours en poste et que Dominique Ducharme a immédiatement voulu stopper? Est-il plutôt le fruit d’une cassure entre le maître et son principal élève?
Les questions méritent d’être posées. Surtout que lors de l’embauche de Waite, Marc Bergevin avait louangé les compétences du Sherbrookois qui avait joué un rôle de premier plan dans la tenue des gardiens Antti Niemi (2010) et Corey Crawford (2013) lors de ces deux conquêtes qui ont été suivies d’une troisième en 2015. C’est d’ailleurs sous la gouverne de Waite que Price a connu ses meilleurs moments avec le Canadien dont sa saison mémorable de 2014-2015 au terme de laquelle il avait raflé les trophées Hart, Vézina, Ted-Lindsay en plus de partager le Jennings justement avec Corey Crawford.
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Les réponses viendront plus tard alors que la nouvelle officialisée par le Canadien tard en soirée mardi ne comportait aucun commentaire de la part du directeur général. Marc Bergevin expliquera sans doute sa décision mercredi. Du moins, on peut le souhaiter. Ne serait-ce que pour dissiper toutes les incertitudes soulevées par ce congédiement surprise.
Stéphane Waite maintenant chassé du vestiaire du Canadien, c’est l’ancien gardien Sean Burke qui lui succédera.
Âgé de 54 ans, Burke occupait depuis 2016 un poste de dépisteur professionnel avec le Canadien. Il était aussi consultant pour les gardiens. Après une grande carrière de 18 saisons dans la LNH, Burke a occupé plusieurs rôles administratifs, dont celui d’entraîneur des gardiens, avec les Coyotes de l’Arizona.
Parce que Sean Burke devra d’abord se soumettre à une quarantaine de 14 jours avant de pouvoir rejoindre l’équipe, c’est l’entraîneur des gardiens du Rocket, Marco Marciano, qui assumera l’intérim.
Price : aucune marge d’erreur
Le congédiement de Stéphane Waite ravive les débats entourant la décision de faire appel à Carey Price face aux Sénateurs mardi soir.
Une décision que plusieurs ont applaudi puisqu’elle obligeait le numéro un à reprendre son poste et à jouer à la hauteur de son potentiel, de sa réputation et du salaire qu’il touche.
Une décision que plusieurs autres ont décriée alors qu’il semblait plus « logique » de revenir avec Jake Allen. D’abord parce que c’est lui qui garde le mieux les buts en ce moment et aussi parce qu’un congé aurait pu servir la cause de Price afin qu’il retrouve ses moyens, sa confiance et sa concentration.
Comme ses coéquipiers, Price avait tout à perdre mardi soir. Une victoire aux dépens des Sénateurs était une simple formalité alors qu’un revers aurait ravivé les critiques à son endroit.
On a d’ailleurs vu l’absence totale de marge d’erreur accordée à Price à la suite du seul but qu’il a permis dans la victoire. Déjoué par le défenseur Artem Zub qui a logé la rondelle sous son bouclier, Price a aussitôt été lapidé de critiques.
Price a-t-il accordé un mauvais but sur le jeu? La réponse est non. Zub a pu foncer vers le filet sans jamais être ennuyé. Il a décoché un bon tir des poignets.
Était-il possible de faire l’arrêt? Il est toujours possible d’effectuer un arrêt. Et il est vrai que Price, comme tous les autres gardiens de la LNH, a déjà stoppé des tirs plus puissants et plus dangereux.
Mais ce but n’était pas un mauvais but qui aurait pu dégonfler la confiance du reste de l’équipe. Rien à voir avec les « sapins » qu’il a accordés lors de la dernière défaite du Canadien aux mains des Sénateurs, revers qui a été suivi du congédiement de Claude Julien, ou ceux accordés à Winnipeg lors du premier match de Dominique Ducharme derrière le banc du Tricolore.
De fait, ce but ne devrait d’aucune façon porter ombrage aux 26 arrêts que Price a réalisés.
Price a effectué une bonne sortie mardi. Il était temps diront plusieurs. Avec raison. Et il serait tout aussi à propos d’insister sur le fait qu’il doit maintenant ajouter des sorties du genre s’il veut attiser la confiance des partisans à son endroit.
Mais c’est un début...
Une victoire nécessaire
Peu importe l’adversaire, peu importe les circonstances, peu importe la manière, le Canadien devait d’abord et avant tout stopper à cinq sa série de revers consécutifs (0-2-2-1). Il devait ajouter une victoire à la seule qu’il affichait à ses huit derniers matchs (1-4-2-1).
Et il l’a fait.
En passant, les joueurs des Sénateurs traîneront toute la saison les lourds boulets qu’ils ont eux-mêmes attachés à leurs chevilles en perdant 13 de leurs 15 premières parties (2-12-1-0). Mais ils sont débarqués au Centre Bell surfant sur des séquences de quatre victoires à leurs cinq derniers matchs et de six gains à leurs neuf dernières parties.
Ce n’est pas rien.
Il ne faudrait pas non plus oublier que ce sont d’ailleurs ces jeunes Sénateurs que personne ne prenait au sérieux qui sont venus bousiller le début de saison du Canadien en lui infligeant un revers de 3-2 en temps réglementaire, le 4 février dernier.
Après ce revers, le Canadien n’a plus jamais été le même sous la gouverne de Claude Julien.
Mardi, pour un deuxième match consécutif, le Canadien a été meilleur. Il a joué avec plus de conviction. Il a joué du meilleur hockey.
Unités spéciales
Oui! Les unités spéciales ont fait une grande différence dans l’issue de la rencontre. Pendant l’attaque massive de quatre minutes obtenue tôt en début de match – bâton élevé de Joel Armia – Drake Batherson a frappé la barre transversale au lieu de trouver le fond du filet dans un septième match de suite. Tim Stützle a vu Price réaliser un arrêt solide pour faire dévier un tir sur réception du jeune allemand.
Cette attaque massive aurait pu donner encore plus de vigueur au bon début de match que les jeunes Sénateurs ont connu. Elle aurait même pu sortir le Canadien du match. Mais cette fois, ce sont les spécialistes de la défensive du Canadien qui ont eu le dessus.
En passant, Dominique Ducharme a levé le voile sur un autre des changements qu’il entend implanter. Contrairement à Claude Julien, il veut limiter le nombre de joueurs vers qui il se tournera pour écouler les pénalités.
« On a plusieurs gars capables de faire le travail, mais je tiens à ce que tous nos joueurs sentent qu’ils ont des rôles importants à remplir. Je veux donc revenir plus souvent avec les Danault, Lekhonen, Byron et Evans pour qu’ils adoptent cette responsabilité d’écouler les pénalités. Tous nos joueurs sont importants pour l’équipe. Je veux qu’ils le réalisent. Car c’est quand tes gars se sentent vraiment impliqués dans les succès du club qu’ils t’offrent leurs meilleures performances », que le nouveau coach a expliqué.
Excellent match de Kotkaniemi
Jesperi Kotkaniemi n’a récolté qu’une passe mardi. Il n’a passé que 12 min 50 s sur la patinoire. Une utilisation nettement inférieure à celles de Phillip Danault (18 min 36 s) et Nick Suzuki (18 min 32 s). Mais KK a disputé l’un de ses meilleurs matchs de la saison.
C’est d’ailleurs lui qui a pris le contrôle de l’attaque massive mardi soir. Les statistiques révèlent qu’il n’a joué que 96 secondes en supériorité numérique, ce qui est vrai. Mais KK a maximisé chacune de ces secondes.
D’abord, il s’est imposé au cercle des mises en jeu gagnant les deux duels qui ont amorcé les séquences ayant mené aux deux buts.
Ensuite, il s’est transformé en chef d’orchestre de l’attaque massive alors qu’il a distribué des passes vives et précises. Des passes qui ont déstabilisé les joueurs des Sénateurs dépêchés en défensive. Des passes qui ont permis au Canadien d’être plus agressif en zone ennemie ce qui a directement mené aux deux buts marqués en 124 secondes à mi-chemin de la période médiane.
Kotkaniemi doit être plus constant. Il doit jouer plus souvent comme il l’a fait mardi. C’est clair. Mais pour une fois, une rare fois depuis deux ans, un duel Canadien-Sénateurs s’est terminé sans que le duel Tkachuk-Kotkaniemi – KK a été sélectionné tout juste devant Brady Tkachuk en première ronde du repêchage de 2018 – ne soit tout à l’avantage des Sénateurs.
Dans la foulée de la performance de Kotkaniemi, Phillip Danault a lui aussi disputé un match solide.
Il est toujours en quête de son premier but de la saison. Mais le centre québécois a multiplié les présences solides au cours desquelles il a été efficace en échec avant et en mesure de distribuer de bonnes passes à ses ailiers.
Kotkaniemi et Danault ont été les deux meilleurs centres du Canadien mardi. Jonathan Drouin a disputé un autre match solide. Drouin patine beaucoup plus et beaucoup plus vite et il s’implique davantage depuis que Dominique Ducharme a pris les rênes de l’équipe.
Il ne lui reste qu’à mousser sa production. Ce qu’il est passé près de faire mardi alors qu’il a touché le poteau sur un bon tir de l’enclave après avoir offert une occasion en or à Alexander Romanov.
Passer proche, ce n’est bon qu’aux fers et à la pétanque, mais on ne peut rien reprocher à Drouin sur le plan de l’effort depuis quelques rencontres.
Une étincelle pour Romanov
Parlant de Romanov, j’ai beaucoup aimé la fougue qu’il a démontrée mardi. Et ça dépasse la solide mise en échec qu’il a servie à Erik Brannstrom qui entrait tête baissée en zone du Canadien. Comme le faisait de temps en temps P.K. Subban dans ses belles années à Montréal, Romanov est allé solidement épingler le défenseur des Sens à la ligne bleue.
Romanov a ajouté trois autres mises en échec au cours du match.
Il a décoché cinq tirs. Un seul a été stoppé par le gardien Joey Daccord, car les quatre autres ont raté la cible. Mais s’il est clair que Romanov devra être un brin plus précis, il faut lui accorder le mérite d’avoir été très actif en zone offensive... et aussi en zone défensive.
Mais le titre de meilleur défenseur du Canadien mardi soir, c’est à Joel Edmundson qu’il revient.
Si vous n’avez pas vu le match et allez consulter les statistiques, vous verrez que Jeff Petry a marqué un but et ajouté une passe pour gonfler à sept buts et 21 points ses récoltes en 21 parties.
Petry a marqué un but de toute beauté en attaque massive alors que son tir frappé a touché le poteau à la droite du gardien des Sénateurs avant de ricocher dans le fond du filet.
Ce but et ces deux points cachent toutefois un match bien difficile pour le vétéran défenseur qui a été souvent pris à contrepied et qui a pris de vilaines décisions en cours de partie.
C’est d’ailleurs parce qu’il a très souvent sorti Petry du pétrin que j’insiste sur le fait qu’Edmundson a peut-être été le meilleur défenseur du Tricolore dans la victoire.
Entre les lignes
- Jonathan Drouin a récupéré la rondelle commémorant la première victoire dans la LNH de Dominique Ducharme. Une rondelle que le capitaine Shea Weber a ensuite offerte au coach après son petit discours d’après-match dans le vestiaire. Bien qu’il n’ait pas encore déterminé où il la placera, Dominique Ducharme a confirmé qu’il lui réserverait une place de choix dans ses souvenirs.
- Le Canadien a stoppé à six la séquence de matchs consécutifs au cours desquels Drake Batherson avait marqué au moins un but. Le jeune ailier droit est débarqué au Centre Bell surfant sur une séquence de sept buts et dix points au cours de ces six parties.
- Après une performance impressionnante de 30 arrêts, le gardien Joey Daccord a été étouffé par l’émotion lorsqu’on lui a demandé de commenter son premier match devant Carey Price et le Canadien au Centre Bell. « Aussi loin que je puisse me souvenir, j’ai toujours eu des t-shirts de Carey Price sous mon équipement parce qu’il a toujours été mon idole de jeunesse. Le fait d’être sur la même patinoire que lui, ici, au Centre Bell était vraiment spécial. La famille de mon père vient du West Island et bien que j’ai joué deux fois au Centre Bell avec le club-école (Belleville), le fait d’y disputer un match dans la LNH a rendu l’expérience vraiment différente. Je suis convaincu que mon grand-père a dû tenter de se faufiler par une petite ouverture pour assister à ce match », a commenté le gardien qui amorçait, à 24 ans, seulement sa deuxième partie dans la grande ligue.
- Le Canadien complétera sa semaine avec deux duels face aux Jets de Winnipeg qui seront au Centre Bell jeudi et samedi.