Grâce à Al Montoya qui a permis à son équipe de rester dans le match et aussi parce que Michel Therrien a secoué son club en chambardant ses trios en début de troisième période, le Canadien est sorti d’Ottawa avec un point au classement au terme d’un revers de 4-3 en tirs de barrage.

Un point, c’est bien.

Mais pour une équipe qui tient à faire de la vitesse sa marque de commerce, le Canadien avance plutôt lentement en ce début de saison. Et ça, c’est moins bien.

Pas question de paniquer après deux matchs. Surtout que le Canadien a récolté trois points sur quatre lors de ces deux rencontres sur la route. Mais au-delà ces trois points, les performances sont loin d’être éloquentes.

Michel Therrien l’a d’ailleurs reconnu d’emblée après la rencontre. Remarquez qu’il aurait été bien difficile de faire autrement. «Il faut leur donner du crédit parce qu’ils ont bien joué et ils nous ont compliqué la tâche. Mais c’est vrai qu’on ne patinait pas comme on est sensé le faire. En première moitié de match, l’exécution n’était pas là.»

Pendant cette première moitié de match – je dirais même les deux premières périodes au grand complet – au cours de laquelle le Tricolore était trop lent pour suivre le rythme de Sénateurs tout en affichant bien moins d’émotion que ses rivaux, Al Montoya a fait du gros boulot.

Oui! Les Sénateurs ont pris les devants 2-0. Mais si le Canadien a pu effectuer une remontée et même s’offrir une avance au dernier tiers, c’est en grande partie en raison des arrêts du remplaçant de Carey Price qui est toujours cloué à la maison par une grippe.

Grippe vs rhume

En passant, pourquoi tout ce scepticisme à l’égard du diagnostic qui explique l’absence du gardien numéro un?

Carey Price a une grippe et non un rhume. C’est très différent. S’il est fiévreux au point d’avoir besoin d’antibiotiques pour éviter que le virus ne le mette davantage hors de combat, Price n’a pas d’affaire autour du vestiaire et de ses coéquipiers à qui il pourrait transmettre sa grippe.

Je veux bien croire qu’on aime cultiver les grandes théories de complots et de catastrophes autour du Canadien, mais quand même. Ce n’est pas parce que certains croient qu’Elvis est toujours vivant et que Neil Armstrong n’a jamais marché sur la lune qu’il faut croire tous les ragots lancés à gauche et à droite sur l’état de santé de Carey Price.

Jouera-t-il mardi contre Pittsburgh dans le cadre du match qui lancera la saison du Canadien à domicile? S’il est remis et qu’il est en mesure de s’entraîner un brin ou deux : Carey jouera peut-être. Sinon, Al Montoya disputera un troisième match de suite.

Et à la lumière de sa performance de samedi au Centre Canadian Tire face aux Sénateurs et même celle face aux Sabres à Buffalo, Montoya peut très bien compléter son tour du chapeau.

Mes collègues d’Ottawa l’ont écarté de la feuille de la sélection des trois étoiles samedi soir. Un non-sens. Car Montoya a été non seulement le meilleur joueur du Canadien, mais certainement l’un des trois meilleurs sur la glace un point c’est tout.

Therrien a coaché…

Sans Al Montoya le Canadien n’aurait jamais été dans le coup. Mais il faut aussi donner du crédit à l’entraîneur-chef Michel Therrien qui a fait ce qu’on attend d’un coach lors du match de samedi. Voyant que son club n’allait nulle part, il l’a secoué. 

Il a donné quelques présences à Radulov au sein du premier trio en fin de période médiane. Radulov, l’un des rares à afficher de l’intensité au sein des 12 attaquants, méritait cette promotion.

Mais comme les problèmes étaient plus nombreux, Therrien a vraiment brassé les cartes au cours du deuxième entracte.

« Les ajustements ont donné de la vie »

Alex Galchenyuk qui se faisait hacher finement aux cercles des mises en jeu – deux duels gagnés sur les 15 disputés (13%) au cours du match – s’est retrouvé avec Paul Byron et Brendan Gallagher. «On a passé une partie du match à courir après la rondelle parce qu’on perdait des mises en jeu. Ça ne nous a pas aidés», a reconnu Michel Therrien dont l’équipe a terminé la rencontre avec une efficacité timide de 37 % aux cercles des mises en jeu.

En plus d’être ordinaire dans plusieurs facettes du jeu, Galchenyuk a écopé une bien vilaine pénalité en deuxième. Rien pour aider sa cause.

Cela dit, Max Pacioretty encore très discret hier soir, trop même, de même que Tomas Plekanec qui ne casse rien non plus ont reçu le privilège d’évoluer avec Radulov.

Appelons ça un privilège de vétéran. Mais Pacioretty et Plekanec doivent se réveiller. Le capitaine est loin de donner l’exemple. En plus, il a bousillé une occasion en or ratant un but ouvert sur une séquence pas évidente, c’est vrai, mais une séquence qu’un marqueur doit profiter.

Artturi Lehkonen qui a marqué son premier but en carrière dans la LNH en plus d’avoir contribué au premier du match de Jeff Petry en voilant la vue du gardien Craig Anderson s’est retrouvé dans un rôle plus discret au sein du quatrième trio.

Seul le trio de David Desharnais est demeuré intact. Remarquez que ce n’était peut-être pas vraiment un vote de confiance. Car le Québécois tarde aussi à se mettre en marche. Il a même sauté son tour à quelques reprises en troisième. Et si plusieurs ont été surpris de la voir sur la glace en prolongation – à trois contre trois, le manque de vitesse de Desharnais peut le placer dans des situations problématiques. Ce qui n’est pas arrivé. Mais le petit joueur de centre est loin de s’être racheté en tirs de barrage. Quatrième joueur envoyé sur la glace par Michel Therrien – Radulov a marqué, Pacioretty et Galchenyuk ont vu Anderson effectuer l’arrêt devant eux –, David Desharnais devait marquer pour niveler les chances après qu’Erik Karlsson eut donné les devants 2-1 aux Sens. Non seulement a-t-il été incapable de marquer, mais Desharnais est passé dans le vide en effectuant son dernier geste devant le gardien des Sénateurs…

Retour remarqué de Petry

Jeff Petry a marqué deux fois dans le cadre de son premier match de la saison. L’une en avantage numérique, l’autre alors que la pénalité des Sénateurs venait de prendre fin.

Le Canadien a marqué une fois en quatre attaques massives hier.

C’est toutefois le volet défensif des unités spéciales qui a été le plus solide. Non seulement les spécialistes du Canadien ont écoulé les quatre désavantages auxquels ils ont été confrontés, mais ils n’ont pas accordé le moindre tir au Sens qui ont évolué à cinq contre trois pendant 1 min 49 s en début de troisième.

Il faut ici donner beaucoup de crédit à Shea Weber et Andrei Markov qui ont passé plus de 4 min 30 sur la glace au cours des 6 min 11 s d’attaque massive des Sens.

Ce jeu de qualité a permis à Markov de faire oublier – ou au moins de se racheter – plusieurs bourdes en début de rencontre. Si la tendance se maintient, Markov composera avec toutes sortes d’ennuis cette année en raison d’un manque de vitesse qui devient de plus en plus évident.

Quant à Weber, il a été encore une fois très solide.

Il n’est pas le plus rapide des patineurs. Il n’est pas spectaculaire et oui il peut commettre des revirements de temps en temps. Mais comme il a passé près de la moitié de la partie sur la glace (29 min 27 s), il est normal qu’il soit plus susceptible de commettre des revirements.

Cela dit, on a vu des joueurs des Sénateurs (porteur du disque) causer des hors-jeu à la ligne bleue du Canadien parce qu’ils ont décidé de ralentir après s’être rendu compte que Weber les attendait.

Weber a aussi décoché huit tirs (quatre ont touché la cible), distribué cinq mises en échec et plus de bloquer deux rondelles.

Rien que ça. Mais tout ça, sans attirer les réflecteurs.

C’est ça Shea Weber.

En congé dimanche, le Canadien reprendra l’entraînement lundi pour se préparer à faire face aux Penguins de Pittsburgh et peut-être à leur ancien gardien Mike Condon.

Les Penguins recevront les Red Wings de Detroit lundi à Pittsburgh. Si Marc-André Fleury affronte les Wings à domicile, on peut croire que l’état-major pourrait être tenté de miser sur Condon que les Penguins ont acquis par le biais du ballottage. Il connaît bien le Canadien en plus d’être habitué au Centre Bell. De plus, il serait pleinement motivé pour faire regretter à la direction du Tricolore sa décision de le chasser du vestiaire au profit d’Al Montoya.

On verra.

Ce qui est clair, c’est que, peu importe la présence de Mike Condon devant la cage des Penguins, peu importe la présence ou l’absence de Sidney Crosby au sein de la formation, le Canadien devra se mettre à jouer du hockey plus convaincant, rapide, et incisif s’il veut nous convaincre que ses trois points récoltés lors des deux premiers matchs de la saison ne sont pas que le fruit de cadeaux offerts par ses adversaires, ou de performances solides de son gardien.

Car après deux rencontres, c’est vraiment l’impression que ça donne. Mais bon! Il en reste encore 80 à disputer. Et l’expérience pénible de l’an dernier nous oblige à éviter de s’exciter le poil des jambes trop vite...