Le CH comprend l’importance de moderniser le département analytique
Canadiens dimanche, 30 janv. 2022. 12:15 jeudi, 12 déc. 2024. 07:59COLLABORATION SPÉCIALE
Au cours des dernières années, une foule de statistiques ont été développées pour tenter de mieux comprendre notre sport national et faire une évaluation plus en profondeur des joueurs et équipes qui nous tiennent à cœur. Que vous les appeliez statistiques avancées, analytiques, ou autre, leur place dans la LNH ne fait que grandir et le CH ne fait pas exception. Lors de leurs points de presses respectifs, Jeff Gorton et Kent Hughes ont tous deux souligné l’importance de moderniser le département analytique de l’organisation pour moderniser le club et aider à bâtir une équipe gagnante à long terme.
Les statistiques avancées nous permettent de regarder au-delà des buts et des points, analysant plutôt le processus qui mène à la production. L’objectif n'est pas de remplacer la façon traditionnelle de voir le hockey, mais plutôt d’offrir une perception différente et objective. En quantifiant les différents aspects du jeu, autant d’équipe qu’individuel, on peut confirmer ou infirmer le eye test et possiblement trouver des joueurs qui sont sous-estimés, que ce soit par manque d’opportunité, une utilisation discutable, ou autre raison.
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Bien que certaines statistiques peuvent sonner comme du jargon, plusieurs stats avancées sont simplement un compte des différentes actions qu’un joueur accomplit. De la même façon que la LNH compile les tirs, mises en échec, tirs bloqués, etc., on peut aussi quantifier des choses comme les entrées de zone, le temps passé avec la rondelle sur son bâton, les tirs de l’enclave, et des dizaines d’autres actions.
Chacune de ces statistiques nous permet d’analyser en détail le hockey comme jamais auparavant en comprenant ce qui mène à la production plutôt que de simplement se fier aux résultats sans savoir si le processus s’y aligne. Par exemple, voici quelques-unes des statistiques clés que l’on utilise pour évaluer la performance d’un joueur comme fabricant de jeu en regardant au-delà des aides.
Passes complétées vers l’enclave
De loin la statistique la plus importante chez un bon passeur. Cette saison, plus de 75% des buts marqués sont provenus de l’enclave. Un joueur qui a la vision pour repérer ses coéquipiers dans la zone payante et le talent pour effectuer une passe précise à travers le trafic peut causer des maux de tête à la défensive adverse.
Les joueurs qui sont capables de compléter ce genre de passes avec régularité ont tendance à se retrouver parmi les meneurs de la LNH en mentions d’aide, et cette saison ne fait pas exception.
Marner vient un peu fausser les pistes puisqu’il a raté 9 matchs, mais il a plus que prouvé qu’il est un passeur d’élite, se classant 8e dans la LNH en aides depuis sa saison recrue. Se fier à ce genre de statistique plutôt que simplement regarder les mentions d’aides permet d’isoler la performance d’un individu. Après tout, un joueur ne peut pas obtenir d'aide si le tireur ne profite pas de sa chance. Avec les passes vers l’enclave, le passeur obtient le crédit même s’il n’arrive pas à s’inscrire à la feuille de pointage.
Temps de possession en zone offensive
Comme le nom l’indique, cette statistique comptabilise le temps qu’un joueur passe avec la rondelle sur son bâton en territoire offensif. Garder possession du disque pour une période prolongée n’est pas une mince tâche. En date du 29 janvier, seulement 7 joueurs ont au moins une minute de possession par match en moyenne, une liste dominée par certains des joueurs les plus talentueux du circuit Bettman.
Pour les curieux, Evgeni Kuznetsov et Artemi Panarin sont les deux autres, avec 1:00 chacun.
Les meilleurs passeurs se démarquent habituellement dans cette catégorie, tandis que les francs-tireurs se classent plus bas. Après tout, la rondelle ne passe qu’une fraction de seconde sur un bâton pour un tir sur réception par exemple, tandis qu’un passeur va garder possession plus longtemps, manipulant le disque pour tenter de faire bouger la défensive adverse et créer une ouverture qu’il peut exploiter avec une passe précise.
Entrées de zone
L’entrée de zone est la première étape de toute poussée offensive. À part les buts dans des filets déserts et quelques rares exceptions, aucune menace en attaque n’est possible sans d’abord s'introduire en territoire adverse, que ce soit avec un dégagement et de l’échec avant ou une entrée en contrôle de rondelle. Dépendre du dégagement demande un effort d'équipe pour battre les défenseurs au disque et mettre de la pression, ce qui peut tout à fait être une stratégie viable. Les Hurricanes dominent de cette façon depuis quelques années.
Pour un fabricant de jeu par contre, l’entrée en contrôle est favorable. Les défensives adverses n’ont pas le temps de se positionner à leur guise et sont à risque d’être prises à contre-pied. Les chances en entrée de zone sont aussi parmi les occasions de marquer les plus dangereuses dans la LNH, avec un taux de conversion de 18,2% cette saison. Les joueurs qui sont constamment capables de passer la ligne bleue avec la rondelle placent leur équipe en position favorable. Comme le temps de possession en zone offensive, c’est aussi une bonne indication des joueurs qui sont habiles avec la rondelle.
Les joueurs rapides se démarquent particulièrement à ce chapitre. Le top 5 cette saison est dominé par 5 des meilleurs patineurs de la LNH, qui ont également les mains et le talent pour utiliser cette vitesse à son plein potentiel.
Il y a bien d'autres catégories importantes pour évaluer les talents de fabricants de jeu (passes complétées en z.o., taux de passes complétées, feintes réussies, etc.), mais les trois que j’ai détaillées sont selon moi les plus importantes et révélatrices. Il est facile de voir comment un joueur qui est constamment capable de s’introduire en zone adverse avec la rondelle pour ensuite conserver et manier le disque avant de repérer quelqu’un dans la zone payante est en position pour régulièrement obtenir des mentions d’aides.
Évidemment, la plupart des joueurs qui composent le top 5 sont des vedettes, mais ce genre de statistiques nous permet aussi de voir des joueurs qui font ces choses avec régularité, mais avec un temps de glace réduit et qui pourraient potentiellement voir leur production exploser si on leur donne leur chance.
Robert Thomas est un exemple parfait. L’an dernier, il ne jouait que 13 minutes par match et avait obtenu 9 mentions d'aides en 33 rencontres, rien de particulièrement impressionnant. Par contre, ses moyennes par 20 minutes, qui servent à normaliser le temps de jeu pour comparer les joueurs ayant des utilisations différentes, dans ces catégories clés montraient des signes encourageants. Il était 20e pour les passes vers l’enclave et top 50 en temps de possession en zone offensive et entrées de zone parmi 628 joueurs qualifiés.
Les Blues lui ont confié un rôle plus important et il a répondu avec brio cette saison. Thomas joue plus de 19 minutes par match et a 27 mentions d'aides en 37 matchs, un rythme bon pour près de 60 aides sur un calendrier complet. Évidemment, ce ne sont pas tous les joueurs qui peuvent répondre à l’appel avec un temps de glace et des responsabilités accrues, mais c’est un excellent moyen pour trouver des perles cachées dans la LNH.
Les statistiques avancées ne sont pas là pour remplacer l’évaluation traditionnelle des joueurs, mais une organisation serait insensée de ne pas utiliser tous les outils possibles pour s'améliorer, et les stats avancées sont un des meilleurs outils modernes disponibles dans le sport. Voir le CH faire des efforts et mettre d’avant l’importance de l’analytique est pour moi un signe encourageant pour le futur de l’organisation.