Les arbitres Kevin Pollock et Éric Furlatt ont connu une soirée difficile samedi. Ce n’est toutefois pas à cause d’eux que le Canadien a perdu.

Vraiment pas!

 

Le Canadien a perdu d’abord et avant tout parce qu’il a été indiscipliné, dominé et éclipsé. Il a perdu parce qu’il s’est fait surclasser dans tous les aspects du jeu par des adversaires plus talentueux qui, en prime, voulaient gagner bien plus que lui.

 

Aussi indiscipliné, dominé et éclipsé qu’il l’a été samedi, le Canadien rentre malgré tout à Montréal avec une série égale 1-1. Ce qui n’est pas rien considérant que bien peu d’amateurs et d’observateurs lui donnaient des chances de gagner l’une des deux premières parties et encore moins de sortir gagnant de la série. Ce qui devrait les aider à mettre la défaite encaissée samedi de côté pour rebondir lundi et mardi alors que les deux équipes se croiseront au Centre Bell pour les matchs trois et quatre.

 

ContentId(3.1389445):LNH : Canadiens 1 - Maple Leafs 5 (hockey)
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La perte de leur capitaine John Tavares a bien sûr motivé les joueurs des Leafs. « Nous tenons à permettre à John de revenir sur la patinoire au cours des séries qui commencent. Pour lui donner cette chance, il faudra gagner plusieurs matchs, nous en sommes très conscients. Cela nous sert donc de facteur de motivation important », a indiqué Jason Spezza après le match.

 

Mais les Leafs ne voulaient pas seulement offrir une victoire à Tavares qui est de retour à la maison après avoir subi une sévère commotion cérébrale et une blessure au genou qui devrait le garder à l’écart du jeu pour une période minimale de deux semaines. Ils voulaient gagner parce qu’il était crucial de gagner.

 

« Après avoir perdu le premier match, nous étions un peu dans une situation de match sans lendemain », qu’Auston Matthews a d’ailleurs souligné après la rencontre.

 

Qu’est-ce que la grande vedette des Leafs a fait dans le cadre de ce match qu’il considérait aussi important?

  • Il a marqué le but qui a permis à son équipe de prendre une avance de 21 dans le match. La première avance des Leafs depuis le début de la série.

 

  • Il a ajouté deux passes.

 

  • Il a gagné 16 des 20 mises en jeu qu’il a disputées.

 

  • Il a décoché 10 tirs en direction du filet défendu par Carey Price, dont quatre qui ont atteint la cible. Dix tirs décochés qui s’ajoutent aux treize (huit cadrés) obtenus lors du premier match.

 

  • Il a asséné quatre mises en échec.

 

  • Il a volé trois rondelles, a bloqué un tir et ne s’est pas rendu coupable du moindre revirement.

 

Tout ça au fil des 28 présences qu’il a effectuées pour un temps d’utilisation total de 22 min 37 s. Pas mal comme soirée de travail.

 

« Auston fait partie de la catégorie des joueurs qui sont capables de changer le cours d’un match. C’est ce qu’il a fait encore ce soir pour nous. C’est un joueur complet. C’est notre meilleur joueur et il l’a prouvé encore ce soir », que l’entraîneur-chef Sheldon Keefe a martelé après la victoire.

 

Matthews a donné le ton, mais le reste de l’équipe a suivi. Du vétéran Jason Spezza qui a nivelé les chances 1-1 moins de cinq minutes après que Jesperi Kotkaniemi eut ouvert la marque tôt au premier tiers, au tout jeune défenseur suédois Rasmus Sandin qui a marqué le premier des deux buts en attaque massive pour Toronto, samedi, tous les Leafs ont mis l’épaule à la roue.

 

Contestation rejetée

 

On ne peut pas en dire autant pour le Canadien.

 

Inséré au sein de la formation en relève à Jake Evans qui s’est blessé jeudi, Jesperi Kotkaniemi a très bien commencé le match. Pas juste parce qu’il a marqué. Il a été actif sur la glace. Beaucoup plus que lors de ses 10, 15, 20 dernières parties. Il s’est rendu dans l’action au lieu d’attendre que l’action se rende à lui. C’est comme ça qu’il a d’ailleurs marqué son but.

 

Il est revenu aider ses défenseurs. Il s’est tenu debout le long des bandes.

 

S’il jouait tout le temps comme il l’a fait en première période, jamais au grand jamais KK n’aurait amorcé la série contre les Leafs dans les gradins.

 

À l’image de Kotkaniemi, le Tricolore a disputé une bonne première période. Après, ça s’est grandement compliqué. Autant pour KK que le reste du club.

 

Le Canadien s’est même sorti du match en période médiane offrant quatre attaques massives consécutives aux Leafs… avant d’en offrir deux de plus en troisième.

 

Le Canadien a même fait cadeau d’une attaque à cinq en contestant le but de Rasmus Sandin. Une contestation tirée par les cheveux alors que les reprises montraient clairement que si la lame du bâton de Joe Thornton a légèrement touché Carey Price elle n’a eu aucun impact dans sa capacité de tenter de bloquer le tir. Et Thornton n’a pas non plus soulevé le bâton de Price.

 

En plus des reprises qui minaient la validité de la contestation du Tricolore, le manque de réaction de Carey Price sur le jeu témoignait du fait qu’il était loin d’imputer à Jumbo Joe le fait qu’il venait d’être déjoué. Quand un gardien est victime d’obstruction – qu’elle soit flagrante ou non –, il est toujours le premier à réclamer que le but soit refusé. Dans le cas qui nous occupe, Price est demeuré de marbre.

 

C’est dans la loge occupée par l’état-major de l’équipe que les réactions ont été vives.

 

Chez le Canadien comme c’est le cas pour tous les clubs de la LNH, plusieurs personnes analysent les buts encaissés afin de déceler un hors-jeu non signalé ici ou une forme d’obstruction sur le gardien là.

 

Responsable de toute la captation vidéo des matchs, l’entraîneur adjoint Mario Leblanc et son adjoint Éric Gravel peuvent informer rapidement le banc sur l’à propos de contester ou non un but qui vient d’être marqué. Sur la galerie de presse, Sean Burke directeur de l’entraînement des gardiens, John Sedgwick – l’adjoint de Marc Bergevin a déjà travaillé au centre de contrôle de la LNH à Toronto pour déterminer si les buts contestés étaient bons ou non – et le directeur général sont aussi aux aguets afin de donner leur point de vue.

 

Samedi soir, tout ce beau monde a donc mis l’épaule à la roue pour inciter Dominique Ducharme à contester le troisième but des Leafs même si les chances de renverser le but semblaient très minces.

 

« La décision finale me revient, mais nous étions tous d’accord sur le fait que l’obstruction était évidente », a indiqué Ducharme.

 

Après une très longue analyse – au centre de contrôle de Toronto, on a indiqué samedi soir que la vérification s’est prolongée parce que la reprise offerte par la caméra surplombant le but, angle que l’état-major a utilisé pour donner son avis comme on l’a vu durant la diffusion de Sportsnet/CBC, n’était pas concluante – la décision d’accorder le but a été maintenue. Le Canadien s’est alors retrouvé avec un autre désavantage sur les bras.

 

Pénalités méritées

 

Comme tout entraîneur-chef qui se respecte et qui tient à enlever l’attention qui devrait normalement être portée à ses joueurs après d’aussi vilaines deuxième et troisième périodes, Dominique Ducharme a trouvé une façon brillante de blâmer les arbitres sans s’exposer à des représailles de la LNH.

 

« À partir de la deuxième période, le momentum a changé et ce n’est pas à cause de nous ou à cause des Maple Leafs », que le coach du Canadien a lancé après la défaite de 5-1.

 

ContentId(3.1389448):Dominique Ducharme : « C'est pas nous qui a changé le momentum... » (Canadiens-Leafs)
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Cette déclaration est le fait saillant le plus spectaculaire du Canadien dans le cadre du match de samedi. Car pour le reste, c’était assez mauvais merci.

 

Réglons une chose tout de suite : le Canadien méritait chacune des pénalités mineures qui lui ont été décernées. Quelques joueurs du Tricolore ont même été chanceux de ne pas se retrouver au cachot après des gestes qui auraient pu entraîner des pénalités.

 

Cela dit, il est vrai que les Leafs s’en sont tirés bien mieux au chapitre des pénalités oubliées. De fait, Zach Hyman a été chassé en fin de première période pour une infraction beaucoup moins grave et évidente – il a accroché Phillip Danault en zone neutre – que le coup de hanche qui a envoyé Jesperi Kotkaniemi tête première dans la bande plus tard dans le match.

 

D’autres exemples s’ajoutent à celui mettant en vedette Hyman.

 

Attaque anémique : Caufield à la rescousse?

 

Mais attention!  Aux nombreux partisans du Canadien qui ont fustigé tout au long de la rencontre et fustigent sans doute encore des arbitres qu’ils tiennent responsables de la défaite, je soulignerais que leurs favoris ont été bien plus mauvais que les arbitres. Alors si vous avez trouvé les arbitres mauvais, ça devrait vous donner une bonne idée de la qualité du match des joueurs du Tricolore qui, une fois encore, ont été anémiques en attaque.

 

Pas juste en attaque massive – zéro en un, et aucune bonne occasion générée lors du cinq contre quatre – mais en attaque tout court.

 

Centre du trio qui devrait donner le ton pour le Tricolore, Nick Suzuki a connu une soirée pénible : il s’est fait hacher finement aux cercles des mises en jeu – trois duels gagnés sur les 13 disputés pour une efficacité de 23 % -- il n’a pas cadré le moindre tir et des trois qu’il a décochés aucun ne peut être considéré comme une occasion de marquer.

 

Suzuki a été complètement neutralisé par ses couvreurs des Leafs avec le résultat que ses partenaires de jeu ont été aussi effacés que lui.

 

Vrai que Toffoli et Armia ont récolté une passe chacun samedi. Mais c’est sur le but de Jesperi Kotkaniemi qu’ils les ont obtenues. Au sein de leur trio régulier, ils n’ont pas été plus visibles ou efficaces que leur jeune centre.

 

Tomas Tatar a été plus invisible encore. Dans son cas, ça commence même à être inquiétant. Au point qu’il pourrait facilement être le candidat à rayer de l’alignement pour faire une place à Cole Caufield.

 

Bougie d’allumage du Canadien lors du premier match, Josh Anderson a été beaucoup moins explosif samedi. Vraiment!

 

Brendan Gallagher a été un peu meilleur que lors du premier match. Il a obtenu deux bonnes chances de marquer. Dans les deux cas, ses tirs ont raté la cible. Le fougueux numéro 11 se démène un brin ou deux sur la patinoire, mais on attend toujours l’effet Gallagher!

 

Phillip Danault? Surtaxé en situation de désavantage numérique on l’a très peu vu en compagnie de ses ailiers habituels. Surtout que Dominique Ducharme a chambardé ses trios au dernier tiers. Une très bonne idée ne serait que pour secouer ses joueurs.

 

Mais bien que son utilisation imposante pour écouler les pénalités (5 min 38 s) ait certainement rendu plus difficile un match qui l’était déjà pas mal, Danault a connu un très rare très mauvais match aux cercles des mises en jeu (6 en 2, soit 29 % d’efficacité). Il a aussi été pris en défaut avec Paul Byron sur des replis défensifs qui manquaient de vigueur et qui ont permis à Auston Matthews de sauter sur un retour et marquer de l’enclave où il était fin seul devant Carey Price.

 

Pas vraiment une bonne idée de laisser le gagnant du trophée Maurice-Richard fin seul dans l’enclave. Mettons!

 

Limité à trois buts en deux matchs, dont un a été enfilé en désavantage numérique, le Canadien a besoin d’un survoltage. Est-ce que ce manque à gagner en matière d’énergie pourrait venir de Cole Caufield?

 

Bien sûr que oui.

 

Après deux rencontres, le Canadien a des options qui lui permettraient de rayer certains joueurs au profit de Caufield. Le nom de Tomas Tatar est le premier qui me vient en tête. Tatar n’est pas l’ombre de lui-même depuis le début de la série. Et comme Caufield héritera de ses minutes si le Slovaque quitte Montréal par le biais du marché des joueurs autonomes, ce pourrait être une bonne idée de lui donner l’occasion de venir en relève dès maintenant.

 

Dominique Ducharme s’est contenté de glisser un : «c’est possible» lorsqu’il a été question de faire une place à Caufield lors du prochain match.

 

Défense poreuse

 

À l’image de leurs coéquipiers des quatre trios, les défenseurs du Canadien ont été beaucoup moins efficaces, samedi, qu’ils ne l’avaient lors du premier match.

 

Ben Chiarot, pour ne nommer que lui, s’est rendu coupable de cinq des 15 revirements imputés au Tricolore par les officiels mineurs. Les Leafs ont pris le contrôle de la zone du Canadien lorsqu’il était sur la patinoire.

 

Chiarot et ses coéquipiers ont bien mal protégé leur gardien samedi. Ils n’ont pas fermé les lignes de tir et ont été beaucoup plus perméables laissant les joueurs des Leafs se rendre à Carey Price.

 

Et le gardien?

 

Carey Price a été très occupé samedi. Il est difficile de le blâmer sur l’un ou l’autre des quatre buts qu’il a accordés sur les 33 tirs qu’il a affrontés. Mais Price a été moins efficace dans la gestion de ses retours. Il a été moins bon aussi dans la gestion de la rondelle autour de son filet. Les officiels mineurs lui ont d’ailleurs imputé deux revirements.

 

Comme on l’a vu lors du premier match, Price se doit d’être parfait, ou presque, pour mousser les chances de victoire de son équipe.

 

Loin d’être mauvais samedi, il n’a toutefois pas été parfait. Avec les conséquences qu’on connaît.

 

On reprend ça lundi soir.

 

Avec Caufield? Avec Romanov? Avec Evans?

 

Les paris sont ouverts!

 

Bon dimanche…

 

Un dérapage dès la 2e période

 

Price : 3 fois la même question, 3 fois la même réponse