Au fil des semaines, le Canadien prend de la maturité. Chaque joueur a quelque chose à prouver à chacun des matchs et c'est pour cette raison que je ne crois pas que l'équipe tombera dans le piège cette semaine contre des équipes qui sont en théorie moins fortes.

Le Tricolore affronte les Sabres de Buffalo deux fois au cours des cinq prochains jours et les Islanders de New York jeudi. On sait que Buffalo ne participera pas aux séries alors que les Islanders constituent une équipe qui peut causer des surprises. D'abord, il faut dire que les Islanders sont mieux structurés que les Sabres et qu'ils possèdent une certaine frappe offensive. À Buffalo, c'est la déroute. En plus de perdre sur une base régulière, l'équipe est l'objet de nombreuses rumeurs de transactions en plus d'être dirigée par un entraîneur par intérim Ron Rolston, qui comme Randy Cunneyworth l'an dernier à Montréal, ne sera pas de retour l'an prochain.

Michel Therrien aussi sait que son équipe est supérieure aux Sabres et aux Islanders et il doit convaincre ses hommes que s'ils travaillent aussi fort que leurs adversaires, ils sont meilleurs qu'eux. Il ne doit pas y avoir de demi-mesure face à des clubs à la confiance fragile. Il faut briser le moral de l'autre formation en assénant le gros coup en partant. Il faut que le Canadien fasse en sorte que les Sabres ou les Islanders baissent les bras rapidement. Il y a toutefois un danger à marquer rapidement pour le Canadien, qui pourrait croire à une partie facile. Certains joueurs pourraient aller jusqu'à croire que ce sera la partie pour se payer la traite. C'est vraiment un piège qu'il faut éviter.

Les joueurs doivent saisir l'importance de ces trois parties dans la course dans l'Est avec Pittsburgh et Boston, car le Canadien affrontera ces deux équipes en l'espace de 24 heures la semaine prochaine. Il ne faut pas s'éloigner au classement en trébuchant contre des équipes en théorie plus faibles.

David Desharnais le mérite

La prolongation de contrat de quatre ans de David Desharnais au cours des derniers jours a fait ma semaine.

Je suis vraiment heureux pour lui, car il le mérite. J'étais persuadé que l'arrivée dans le décor de l'agent Pat Brisson allait accélérer les choses. Je trouve aussi que le directeur général Marc Bergevin travaille bien ses dossiers. La philosophie des anciens dirigeants Bob Gainey et Pierre Gauthier faisait en sorte qu'on attendait toujours à la fin de la saison pour commencer les négociations. On n'en discutait jamais pendant la saison.

J'aime beaucoup plus la proactivité de Bergevin qui gratifie les athlètes. Des athlètes en fin de contrat sont parfois tiraillés par la situation. D'une part, ils veulent bien performer pour obtenir un contrat et d'autre part, les joueurs veulent éviter les blessures. David devait se demander si son avenir était avec le Canadien. Je suis convaincu maintenant qu'il est heureux et que ce contrat ne changera pas sa façon de jouer.

Depuis qu'il joue au hockey qu'on doute de lui et pour David, ce doute était sans aucun doute devenu une source de motivation. Bergevin n'a pas douté de lui et je dis « Bravo! » Il va continuer à se donner à fond même avec ce contrat parce qu'il sait par où il est passé et il sait ce que ça lui a demandé pour l'obtenir. Sa carrière ne sera pas terminée après ce contrat. Il va devoir travailler pour mériter un autre contrat à long terme.

Il n'est pas le type d'athlète à s'endormir sur un contrat à long terme. Je pense plutôt qu'il voudra être reconnaissant envers l'organisation.

De la profondeur

En jetant un oeil à l'alignement du Canadien, on constate qu'au moins 13 joueurs ont été repêchés par l'équipe au fil des ans. Je n'irai toutefois pas jusqu'à dire que l'équipe avait de la profondeur il y a quelques années. Je pense qu'on avait plutôt raison de dénoncer la situation. Ça faisait de nombreuses années que le Canadien n'avait pas donné la chance à de jeunes joueurs de rejoindre l'équipe comme cette année. On les envoyait plutôt dans la LAH.

Alex Galchenyuk, Brendan Gallagher et Jarred Tinordi par exemple ont été des choix au repêchage récents. Les autres ont été repêchés il y a déjà quelques années. C'est vraiment nouveau de voir le Canadien donner la chance à d'aussi jeunes athlètes aussi rapidement dans leur carrière.

Force est de constater que le Canadien a bien repêché au fil des ans malgré ce que l'on peut en penser. Dans l'équipe actuellement, il y a des joueurs comme Max Pacioretty, Tomas Plekanec, P.K. Subban, Andrei Markov et Carey Price pour ne nommer que ceux-là. Je ne pense pas que le repêchage était un problème, je crois plutôt que le développement des joueurs faisait défaut. L'ancienne direction était tellement sur la défensive qu'elle mettait les gars sur la défensive. On ne se risquait pas à monter un jeune tellement on avait peur de le brûler.

La philosophie des Bergevin semble assez simple. Si un joueur est prêt, on fait appel à ses services. C'était vrai pour Tinordi en fin de semaine et j'espère qu'il va rester avec l'équipe. Il ne faut pas répéter les erreurs du passé avec les jeunes. Avec les années, on a entre autres échangé Mike Ribiero, Guillaume Latendresse, Stéphane Robidas et Michael Ryder. C'est évident que ces joueurs-là avaient été mal évalués. On aurait dû les faire jouer, mais on leur préférait de vieux pitons comme Radek Bond, Bryan Smolinski et Jeff Halpern notamment. L'ancienne administration aimait les vieux pitons. Bergevin lui, préfère se tourner vers les jeunes de l'organisation plutôt que vers des vétérans dans la trentaine qui sont au bout du rouleau.

On ouvre la porte aux jeunes et c'est motivant pour toute l'organisation. Les jeunes avec les Bulldogs de Hamilton voient qu'il y a de l'espoir et que la porte peut s'ouvrir aussi pour eux.

*propos recueillis par Robert Latendresse