Le Canadien a finalement marqué ses premiers points samedi avec une victoire dominante de 6-1 contre Detroit, marquant plus d’un but dans un match pour la première fois cette saison. Il ne faut évidemment pas partir en peur, car, après tout, ça reste les Red Wings, mais n’empêche que Dominique Ducharme et ses hommes en avaient grandement besoin, tout comme les partisans.

 

Maintenant, il faut s’assurer que le CH continue de bâtir sur cette expérience positive, car Montréal est loin d’être le club qui s’est rendu en finale il y a quelques mois à peine. La perte de Shea Weber en particulier se fait ressentir. Bien qu’il avait clairement ralenti en raison des blessures qui mettent sa carrière en doute, il demeurait l’un des joueurs les plus intimidants de la LNH et une présence importante dans le vestiaire.

 

En son absence, les responsabilités de meneur de la brigade défensive appartiennent maintenant à Jeff Petry, qui a connu la meilleure saison de sa carrière l’an dernier à 32 ans avec 42 points, 4 de moins que son sommet personnel, mais en seulement 55 rencontres. Avec un nouveau contrat de 4 ans en poche et une belle augmentation de salaire, l’organisation s'attendait à le voir faire un autre pas de l’avant et s’établir comme un véritable défenseur numéro 1 dans la LNH. La saison est encore jeune, mais Petry n’offre pas la performance que la direction espérait jusqu’à présent.

 

Offensivement, son début de saison ne pourrait être plus différent. En 2020-2021, il était l’un des défenseurs les plus dynamiques de la LNH, flirtant avec le plateau du point par match aussi tard qu’en mars, avec 25 points à ses 27 premiers matchs. Cette année, non seulement est-il encore blanchi en 6 rencontres, mais sa prise de décision en zone offensive fait même mal au CH plus souvent qu’autrement.

 

Tableau Jeff PetryPetry n’hésite clairement pas à diriger des rondelles vers le filet, tentant près de 5 lancers par rencontre, mais sa sélection de tirs laisse franchement à désirer. Que ce soit un problème de patience, de vision, de confiance, ou toutes ces réponses, Petry n’a cadré que 8 tirs cette saison, tandis que 16 de ses tentatives ont été bloquées avant même d’atteindre le filet. C’est bien beau de tirer dans le trafic et espérer que quelque chose se passe, mais avec ce genre de précision, un tir de Petry a plus de chance de créer du chaos et offrir une chance à la défense adverse de dégager son territoire en récupérant la rondelle libre que d’aider le CH à trouver le fond du filet.

 

Tableau Jeff PetryCe problème est encore plus apparent en l’absence de Joel Edmundson, son partenaire régulier de l’an dernier, qui est présentement à l’écart de l’équipe pour des raisons personnelles. Edmundson était la présence défensive sûre aux côtés de Petry qui lui permettait d’être plus agressif et créatif en attaque en sachant qu’il serait là pour réparer les pots cassés. Leurs deux styles bien différents se complétaient à merveille et ils ont formé le meilleur duo du CH l’an dernier et l’un des plus efficaces de la LNH, alors que le jeu était généralement à l’avantage du Tricolore lorsqu’ils étaient sur la glace à forces égales. On ne peut dire la même chose cette saison, que ce soit avec Alexander Romanov, Ben Chiarot, ou Brett Kulak, les trois joueurs avec qui il a passé au moins 20 minutes à forces égales.

 

Son temps de jeu par match est passé de 22:44 l’an dernier, l’un de 4 défenseurs du CH à disputer au moins 20 minutes par rencontre, à 23:54 par soir, incluant plus de 26 minutes à deux reprises déjà. Ben Chiarot est le seul autre arrière du Tricolore avec au moins 20 minutes par rencontre cette année. Le retour d’Edmundson devrait enlever un peu de cette pression des épaules de Petry et faciliter son rôle pour le reste de la saison.

 

Le CH se dirige maintenant vers un voyage de 4 matchs dans l’ouest, où ils affronteront le Kraken, les Sharks, les Kings et Phillip Danault, et les Ducks, quatre adversaires qui ne font pas exactement partie de l’élite de la LNH. C’est l’occasion parfaite pour le CH et Jeff Petry de remettre leur saison sur les rails face à des clubs qui ont tous accordé au moins 3 buts par match l’an dernier, à l’exception du Kraken qui n’existait évidemment pas encore.