Fort de son dossier de 10-1-1, le Canadien de Montréal collectionne les points à un rythme effréné et trône au sommet du classement général de la LNH, quoique ses plus récentes performances soulèvent quelques inquiétudes. Que l’on soit préoccupé ou comblé par ces dernières rencontres, seules les performances au-delà des espérances du quatrième trio semblent faire l’unanimité. Ce n’est pas le fruit du hasard qu’il s’agisse de la seule combinaison avec laquelle Michel Therrien n’a pas encore jonglée. Cette belle histoire semble vouloir se poursuivre, même que la première étoile du match de samedi dernier contre les Flyers fut décernée à Phillip Danault qui connait un début de campagne splendide.

Au moment où Marc Bergevin a fait l’acquisition du jeune Québécois, ce sont principalement les qualités défensives de Danault qui furent louangées. À ce niveau, il répond largement aux attentes placées à son égard, lui qui n’hésite pas à bien exécuter tous les détails qui peuvent faire la différence entre victoires et défaites, et ce soir après soir.

Le meilleur exemple en ce sens est que Phillip Danault mène aujourd’hui, sur un pied d’égalité avec Plekanec, tous les avants du CH pour le nombre de tirs bloqués à forces égales proportionnellement à son temps d’utilisation. Bloquer des lancers est un art dans la LNH, art dans lequel Danault excelle. Ce qui est d’autant plus impressionnant, c’est qu’il a bloqué tous les lancers adverses pour lesquels il se trouvait dans la ligne de tir. Le simple fait de voir un coéquipier sacrifier son corps pour le bien-être du collectif est un élément de motivation pouvant fouetter une équipe et changer le momentum d’une rencontre, d’où l’importance de cette facette du jeu.

De même, en excluant Carr qui n’a disputé que deux rencontres cette saison, Danault se classe au troisième rang chez les attaquants du Tricolore au moment de couper les lignes de passe à égalité numérique, affichant un taux de réussite de 89.2% à ce chapitre.

Le numéro 24 est également très impliqué dans sa zone défensive, alors qu’il est l’ailier de la Sainte-Flanelle qui y récupère le plus de rondelles libres proportionnellement à son temps d’utilisation. Il s’agit d’une donnée extrêmement importante, car lorsque le Canadien reprend possession du disque, l’adversaire n’est plus une menace. Il est aussi normal que les joueurs de centre fassent mieux à ce chapitre, assumant davantage de responsabilités défensives.

Le succès de Danault s’explique essentiellement par sa vision du jeu, alors qu’il semble toujours être au bon endroit, au bon moment. Sa formidable lecture lui permet d’anticiper ce qui est sur le point d’arriver, ce qui lui donne une longueur d’avance sur les autres.

Toutes ces actions, bien qu’elles ne sautent pas aux yeux, peuvent faire la différence au terme de la soirée, permettant d’enrayer les offensives adverses. Comme le confirment les statistiques, Phillip Danault mérite amplement la réputation qu’il a acquise voulant qu’il soit un joueur extrêmement fiable défensivement, lui qui avait par ailleurs remporté le trophée Guy Carbonneau, en 2011, remis au meilleur attaquant défensif de la LHJMQ.

Attention, Danault ne se veut pas uniquement un bon joueur défensif, lui qui a déjà touché les cordages à trois reprises cette saison.

Ces trois filets ont été inscrits depuis l’enclave, l’endroit le plus payant de la LNH, 76% des buts étant aujourd’hui comptés depuis cet emplacement. Danault n’hésite pas à aller se positionner devant le filet adverse et cela rapporte, surtout qu’il joue intelligemment. Lorsqu’il s’y trouve en possession du disque, Danault ne tente pas le jeu parfait, il se contente de toucher la cible. Cela explique qu’il affiche le second meilleur taux de tentatives de tir décoché depuis l’enclave atteignant le filet. Pour espérer marquer, il faut commencer par cadrer son lancer et c’est de cette façon, aussi simple soit-elle, que Danault a réussi à noircir la feuille de pointage.

Phillip Danault est également très efficace pour faire circuler la rondelle en zone offensive, alors qu’il y complète 70.8% de ses passes, ce qui est bon pour le deuxième rang chez les avants du Canadien. C’est une autre preuve voulant qu’il soit doté d’une vision du jeu hors du commun. Aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est aussi de cette manière que Danault s’avère être le troisième joueur générant le plus de temps de possession proportionnellement à son utilisation, soit 32 secondes pour chaque tranche de 20 minutes jouées à forces égales.

Danault est loin d’être un hockeyeur unidimensionnel, comme certains seraient portés à le croire. Il est plutôt un joueur responsable dans les deux sens de la patinoire, bien que ses qualités défensives soient davantage médiatisées. Sa véritable force est indéniablement sa vision du jeu.