Merci monsieur Gillett
$content.firstChildCategorie mercredi, 9 juil. 2014. 18:42 dimanche, 13 sept. 2009. 12:44Jeudi, deux heures avant les premiers coups de départ du tournoi de golf du Canadien, Georges Gillett a rencontré officiellement la presse pour une avant-dernière fois. Lors de sa prochaine sortie publique, il ne sera plus propriétaire de cette équipe centenaire. La transaction entre la famille Gillett et le groupe des frères Molson ne sera officielle que dans plusieurs semaines mais c’est tout de même jeudi que s’est effectué le transfert symbolique. Et Georges Gillett était visiblement très ému. Le retour de la famille Molson se veut une excellente nouvelle, mais laissez-moi vous dire que les partisans du Tricolore perdent un propriétaire fantastique.
En huit ans, le sympathique homme d’affaire américain a su redresser la situation de la franchise tout en démontrant plus que clairement à ses détracteurs qu’il n’avait rien d’un Jeffrey Loria. Il y a moins de deux ans, j’ai eu le privilège de passer quatre jours en Angleterre avec Georges Gillett lors d’un séjour à Liverpool, où il nous a accueilli comme des amis, moi et mon caméraman Raphaël Denommé. Homme du peuple, très près des partisans, cet homme passionné nous a fait partager sa vie avec lui et il nous a même ramené à Montréal dans son jet privé. Depuis ce jour, lorsqu’il croise Raphaël, tout de suite c’est l’accolade et les gros « How are you Buddy? ». Pourtant, plusieurs individus ne s’attardent pas aux caméramans. C’est triste, mais c’est comme ça. Mais George Gillett, avant d’être un homme d’affaire très prospère, est d’abord et avant tout un être humain profondément attachant et surtout très à l’écoute des autres. Si vous le permettez, j’aimerais donc vous raconter deux petites anecdotes à son endroit.
Bonne fête madame
Il y a deux ans, un vétéran placier du Centre Bell dont je vais taire l’identité m’a raconté qu’il avait un jour osé demander un billet au propriétaire de l’équipe. « Je croisais très souvent monsieur Gillett et on jasait ensemble régulièrement. J’ai pris une chance et je lui ai demandé si c’était possible d’avoir peut-être un billet pour ma blonde car c’était bientôt son anniversaire de naissance. Le match suivant, son fils Foster vient me remettre une enveloppe en me disant que c’est pour la fête de ma compagne. Dès qu’il quitte, j’ouvre l’enveloppe pour y trouver non pas un, mais bien six billets. Je me précipite alors vers la loge de monsieur Gillett et je demande discrètement à le voir pour lui signaler l’erreur. Il arrive et pars à rire en me disant de prendre congé cette journée-là et de fêter avec ma blonde et sa famille car un anniversaire ça ne se fête pas toute seule! Les six billets étaient situés tout juste derrière le banc du Canadien ».
Une expérience personnelle
À la fin de la saison 2007–2008, notre site internet, le rds.ca, reçoit un message que les gars me transfèrent à mon adresse personnelle. C’est une jeune femme de LaSarre en Abitibi qui recherche désespérément quatre billets. Dans son courriel, la dame indique qu’elle veut payer mais qu’elle a épuisé toutes ses ressources pour dénicher des billets. Elle désire tout simplement savoir si l’on connaît un moyen d’acheter des billets pour son père qui a été mineur toute sa vie et qui va bientôt mourir d’un cancer des poumons. L’homme souhaite voir jouer le Canadien pour la première fois et il désire partager ce moment avec son épouse et ses deux enfants. La saison tire à sa fin. Il n’y a plus de billets. Même les revendeurs sont à sec. J’ai reçu ce message un jeudi soir, tout juste avant un match au Centre Bell. J’ai relu et relu le email en cherchant des solutions. Puis à la fin de la rencontre, j’ai croisé monsieur Gillett et j’ai lui ai parlé de cette histoire. Honnêtement, j’avais le feeling que ce dossier était soudainement devenu sa priorité et il m’a demandé de lui téléphoner le lendemain sur son cellulaire afin de confirmer si les gens de LaSarre pouvaient se pointer à Montréal pour le match du samedi face aux Islanders. Le vendredi, à la veille de l’avant-dernier match de la saison à domicile, j’ai donc joué les intermédiaires. Le propriétaire qui a pourtant mille affaires à régler a donc cherché à trouver quatre billets mais tout était déjà distribué. Avant de rentrer chez lui à Vail, au Colorado, Georges Gillett a quand même pris la peine de me contacter afin de me laisser savoir que sa secrétaire avait contacté les Islanders pour mettre la main sur des billets qui leur étaient réservés. Lorsque son avion a touché le sol quelques heures plus tard, il me rejoignait une dernière fois pour me dire que tout était correct et qu’il n’avait pas besoin du numéro de carte de crédit des gens de Lasarre. « Dis leur qu’ils sont les invités de la famille Gillett ».
Je voulais vous raconter ces deux histoires car je considère que ça démontre beaucoup de l’homme. Ces petits gestes, personnellement ça m’en dit énormément sur l’individu. Heureusement, on verra encore Georges Gillett dans le giron de l’équipe même lorsque la vente sera finalisée.