MONTRÉAL – Tandis que la progression de certains espoirs repêchés en deuxième ronde par le Canadien, comme Alexander Romanov et Jesse Ylonen, laisse entrevoir une suite intéressante, le cheminement de Jacob Olofsson soulève des doutes.

En juin 2018, les dirigeants du Tricolore ont sélectionné Olofsson 18 rangs après Romanov. D’après les dires de Trevor Timmins à la suite de ce repêchage, le Canadien ne pouvait pas laisser filer ce hockeyeur.

« On ne pouvait pas croire qu'il était encore disponible au 56e rang. Notre recruteur suédois allait tomber en bas de son siège! Il allait venir m'étrangler si je ne le choisissais pas à ce moment », avait blagué Timmins à ce moment.

Toutefois, depuis ce portrait présenté au public et aux médias, Olofsson n’a rien cassé dans son pays d’origine. Un recruteur d’une autre équipe de la LNH a retrouvé des rapports moins élogieux recensés pendant la saison 2018-2019, celle suivant son repêchage.

Jacob Olofsson« Je ne suis pas convaincu par ce joueur. Il joue de manière trop effacée et on ne perçoit aucune dimension de son jeu qui se démarque véritablement. Même s’il détient des outils intéressants, je ne suis pas certain qu’il pourra devenir un joueur d’impact dans la LNH », a-t-il relaté dans un premier temps.

« Il joue bien offensivement et défensivement comme ce fut le cas la saison dernière. Il est fiable et il comprend comment se positionner selon les situations. On dirait qu’il patine avec un peu plus d’explosivité cette année. Mais il n’a pas démontré d’impact offensif dans cette rencontre », a également constaté ce dépisteur.

Tout de même, ce portrait dépeint la saison dernière a connu une évolution en 2019-2020 alors qu’Olofsson a obtenu l’occasion de changer d’organisation pour se joindre au club Skelleftea (qui se prononce Schelleftéa).

En fait, Olofsson (six pieds deux pouces et 196 livres) avait démontré des signes encourageants alors qu’il disputait le meilleur hockey de sa jeune carrière avant de se blesser pour une première fois en décembre.

« Je suis d’accord. En même temps, je crois qu’on n’a pas encore vu son potentiel maximal surtout parce qu’il a combattu les blessures. Quand il allait bien pendant quelques semaines, son jeu était vraiment bon », a commenté le directeur général de son organisation, Erik Forssell, au RDS.ca.

Ce ne fut pas difficile non plus de trouver un journaliste sportif suédois qui a suivi son développement de près depuis deux saisons. Robin Lindgren considère que les choses commencent à cliquer pour le gaucher.

« Avant sa dernière blessure, il jouait vraiment sans hésitation dans son jeu. Il utilisait bien sa vitesse et ses habiletés pour générer des menaces offensives. Il a été en mesure de reproduire ce modèle pendant plusieurs matchs. C’est clair qu’il a démontré des progrès offensifs cette année et je dirais même qu’il a étonné à ce chapitre. Ça me laisse croire qu’il n’a pas atteint le sommet de son potentiel offensif et qu’il pourra s’établir comme l’un des bons joueurs dans la SHL la saison prochaine », a maintenu Lindgren qui œuvre au SportExpressen.

Cet enthousiasme n’est pas autant présent dans la vision du recruteur sondé.

« Il a eu la rondelle sur son bâton très souvent dans ce match, mais il n’a pas été en mesure d’avoir un impact offensif considérable. Dans le meilleur scénario, il pourrait avoir un potentiel de jouer sur le troisième ou quatrième trio dans la LNH grâce à ses habiletés et son patin. Toutefois, on voudrait avoir un impact offensif plus élevé pour être persuadé qu’il pourra s’établir dans la LNH », a décrit l’observateur après une rencontre de 2019-2020

Quand on parle de blessures, c’est en réalité un problème à l’épaule gauche qui l’a embêté à deux occasions et qui a finalement nécessité une opération il y a un peu plus d’un mois.

Il s’est d’abord retrouvé sur la touche après la partie du 7 décembre. Olofsson a été en mesure de renouer avec l’action à la mi-janvier, mais ça n’aura duré que trois petites parties avant de devoir tirer un trait sur sa saison.

« Ouais, ce fut difficile d’être blessé au départ et je voulais aussi tellement participer au Championnat mondial junior une dernière fois. Ça n’a pas été évident à encaisser. Disons que ce fut une saison vraiment frustrante pour ça », a confié le Suédois en entrevue la semaine dernière.

Cette pause - et celle imposée par la COVID-19 - lui a permis de réfléchir et il parvient à retenir du positif.

« J’ai commencé à me faire confiance davantage sur la patinoire et les points ont fini par arriver. Mon côté offensif se développe progressivement et je crois que c’est là que je me suis le plus amélioré. Je sais que je suis désormais capable de conserver la rondelle plus longtemps et je suis plus à l’aise offensivement », a statué celui qui a récolté deux buts et sept aides en 24 matchs.

Jacob OlofssonOn lui a ensuite soumis l’hypothèse du changement d’équipe et il n’a pas hésité à la valider.

« Ça m’aide d’évoluer avec une très bonne équipe qui n’est pas seulement axée sur la défense. Ils m’ont poussé à effectuer des jeux et à croire en mes moyens. Ça devient une roue quand ça va bien. J’ai toujours retiré de la fierté de mon jeu défensif, mais, cette année, je trouve que j’ai réussi à trouver un meilleur équilibre avec le côté offensif », a noté Olofsson avec franchise.

Le Canadien ne sera sans doute pas déçu de lire cet avis et l’organisation montréalaise suit son développement de près via le dépisteur Christer Rockstrom qui patrouille une partie du territoire européen.

Cela dit, tout indique qu’Olofsson sera mieux de demeurer en Suède la saison prochaine. Ça se confirme par son niveau de jeu actuel jumelé aux matchs perdus en raison des blessures. Il adhère d’ailleurs à cette option et tout comme Lindgren qui appuie sa conclusion avec un argument.

« Je trouve que plusieurs jeunes quittent la Suède trop tôt et ils finissent par être coincés dans ce qui devient le désert de la Ligue américaine pour eux. Tranquillement, bien des carrières finissent par sombrer. Le scénario peut être différent s’il peut continuer de progresser la saison prochaine pour ensuite arriver en force en Amérique du Nord », a jugé le journaliste suédois.