On ne peut pas toutes les gagner!
Canadiens mercredi, 23 nov. 2016. 01:33 mercredi, 11 déc. 2024. 06:28Pendant que les partisans du Canadien encaissaient bien mal le choc du revers de 4-3 contre les voisins venus d’Ottawa; pendant qu’ils sortaient du Centre Bell prêts à réclamer des congédiements ou à peu près, Shea Weber relativisait le poids de la défaite.
« Je ne considère pas que c’était si pire que ça», qu’a lancé le solide défenseur en guise d’analyse d’après-match. Weber aurait aussi pu sortir un des nombreux clichés du sport professionnel et nous lancer un : « on ne peut quand même pas toutes les gagner ».
Peu importe la version, il faut donner raison à Weber.
Même qu’on peut avancer que la victoire de 3-2 de l’Impact qui a bêtement laissé filer une avance de 3-0 est bien plus inquiétante que le revers encaissé par le Canadien qui aura bien des occasions de se reprendre alors que l’Impact devra jouer un match parfait lors du duel de retour pour battre Toronto et passer en finale.
Mais bon…
En dépit du revers, le Canadien a fait de tas de bonnes choses face aux Sénateurs mardi soir. Non seulement a-t-il canardé le gardien Craig Anderson de 39 tirs, mais le Tricolore a décoché un total de 79 tirs. C’est presque le double de 42 tirs décochés par les Sénateurs, dont seulement 23 tirs cadrés.
À lui seul, Weber en a décoché 11. Il a marqué son 8e de la saison – son 7e en avantage numérique – en première période pour lancer son équipe en avant 1-0.
Malgré ce déséquilibre au chapitre des tirs au but, malgré les huit avantages numériques offerts au Canadien avec des pénalités aussi stupides qu’inutiles contre les quatre qu’ils ont reçus en échange, les Sénateurs ont trouvé le moyen de marquer quatre buts alors que le Canadien s’est contenté de trois.
« Quand tu marques quatre buts, tu dois sortir avec la victoire », a candidement lancé Erik Karlsson après le match.
Le capitaine des Sens a bien raison. Surtout que ça n’arrive pas souvent que son équipe marque quatre buts. De fait, c’était la quatrième fois seulement que cela arrivait cette saison. Les quatre fois il a gagné.
C’était la première depuis le 18 octobre dernier qu’il marquait plus de trois buts. Lors de cette séquence de 14 matchs, ils ont marqué trois buts à deux reprises seulement.
Quand Anderson imite Price
Comment une équipe aussi timide en attaque a-t-elle bien pu marquer quatre fois contre Carey Price alors que le Canadien n’a pas été fichu d’enfiler plus de trois buts en dépit tous ses tirs et toutes ses occasions?
Parce que Craig Anderson a fait un Carey Price de lui-même. « La bonne chose quand tu es bombardé comme ce soir, c’est que tu restes dans le match. Tu n’as pas le choix », que le vétéran gardien a souligné en affichant un large sourire de satisfaction.
Sans être mauvais, sans même être généreux, Carey Price n’a pas été en mesure de réparer les quelques bévues défensives de son équipe. Des bévues qui ont coûté des buts au lieu d’être rachetées par les prouesses du gardien.
Et c’est ça qui a fait mal au Canadien. Chaque fois qu’il a pris les devants, les Sénateurs ont trouvé un moyen de niveler les chances.
Price a joué de malchance sur le but de la victoire. Le tir d’Erik Karlsson a dévié sur Jeff Petry avant de se retrouver derrière lui. C’est toutefois le troisième but qui a vraiment fait mal au Tricolore.
À lire également
Profitant d’une attaque massive, Alex Galchenyuk devait de donner les devants une troisième fois au Canadien en tout début de troisième période. Au lieu de bâtir sur ce but, le Canadien a vu son avance s’écrouler lorsque la défensive s’est écrasée autour de Carey Price. Plekanec, Petry, Emelin se sont tous sortis du jeu après un bel échec-avant de Derick Brassard. Cette bien vilaine stratégie a permis à Mark Stone, oublié devant Price, de ramener les deux clubs à la case départ.
Les Sénateurs ont profité de ce quatrième départ mieux que le Canadien. Et c’est pour cette raison qu’ils ont gagné.
Une victoire méritée aux yeux de l’entraîneur-chef Guy Boucher. « On s’est mis dans le trouble en écopant beaucoup trop de pénalité. Ces pénalités n’ont pas seulement donné deux buts au Canadien, mais elles lui ont donné aussi beaucoup de momentum. C’est dur de reprendre le rythme et de générer de l’attaque quand les punitions brisent ton rythme comme on l’a vu ce soir. C’est pour ça que je suis fier de nos joueurs. Ils ont démontré beaucoup de résilience. On a passé la soirée à revenir et à revenir et même si on n’a pas obtenu beaucoup de tirs, on a généré de bonnes chances de marquer et on a surtout trouvé une façon de marquer. Ce qu’on n’a pas fait assez souvent depuis le début de la saison. »
Les marqueurs des Sens se lèvent
Non seulement les Sénateurs ont marqué quatre fois, mais ces buts sont venus de marqueurs qui avaient besoin de trouver le fond du filet. Mike Hoffman – un tir parfait qui a déjoué Price dans la lucarne au-dessus de son épaule gauche – Mark Stone – un cadeau offert devant Price – et Erik Karlsson ont inscrit leur 4e but seulement de la saison. Derick Brassard – les arbitres ont dû avoir recours à la reprise pour réaliser qu’en dépit l’arrêt magistral de Carey Price la rondelle avait traversé un brin ou deux la ligne rouge – a marqué son deuxième en trois rencontres, mais seulement son 3e de la saison.
« Ça fait du bien de voir les gars être récompensés. C’est bon pour le moral et la confiance. Prends Derick : il joue du très gros hockey depuis le début de l’année, mais il était incapable de profiter de ses chances. Quand un gars joue mal, tu peux le fouetter. Mais quand il joue bien et qu’il n’est pas récompensé, la frustration et le découragement peuvent venir le hanter. J’espère que le match de ce soir aidera nos marqueurs à retrouver cette confiance qui est si importante », a ajouté Boucher.
Si les marqueurs des Sens ont secoué leur guigne, on ne peut pas en dire autant de ceux du Canadien.
Brendan Gallagher est rendu à 14 matchs de suite sans avoir marqué. À quel point cette disette le mine? Le grand coup de bâton qu’il a donné dans la baie vitrée, en première période, lorsqu’il s’est rendu compte que la rondelle qu’il croyait avoir logée dans le but, mais qui a frappé la barre avant d’avoir touché les mailles du filet de sécurité au lieu de celui qui compte pour vrai devrait vous donner une bonne idée de son état d’âme.
Max Pacioretty, en dépit cinq tirs cadrés et dix tentés, est toujours coincé à quatre buts. Après 20 matchs, c’est très décevant. C’est déstabilisant même. C’est pire encore pour Tomas Plekanec. Non seulement affiche-t-il seulement un but, mais il est rendu à 16 matchs sans le moindre point cette saison. C’est trop. Beaucoup trop.
La filière russe
Notes encourageantes : Galchenyuk et Radulov continuent d’afficher la même fougue et ils obtiennent des résultats. Galchenyuk a marqué son 8e but de la saison. Il a récolté sa 13e passe. Ses 21 points en 20 matchs le hissent au 5e rang des marqueurs de la LNH, trois petits points derrière Connor McDavid le meneur. Mieux encore, Galchenyuk a maintenant récolté des points dans 16 des 20 matchs du Tricolore cette saison. Markov affiche deux buts et 13 points à ses neuf derniers matchs. C’est énorme. Ses 15 passes sont un sommet dans la LNH chez les défenseurs. Ses 17 points le placent tout en haut des marqueurs chez les défenseurs sur un pied d’égalité avec son coéquipier Shea Weber qui le coiffe au premier rang en raison de ses huit buts.
Que Weber soit parmi les défenseurs les plus productifs de la LNH n’a pas de quoi surprendre. Mais que le bon vieux Andrei Markov soit devant les Brent Burns, Erik Karlsson, P.K. Subban et compagnie, il y a de quoi en perdre son Russe.
Parlant de Russes, dans la foulée des Markov, Radulov, Galchenyuk (je sais bien qu’il est américain, mais bon…) il ne faudrait pas oublier Alexei Emelin. Non! Emelin n’a pas amélioré sa touche avec la rondelle, mais ses mises en échec nombreuses et percutantes nous obligent à insérer son nom et ses performances dans les notes plus qu’encourageantes dans le camp du Canadien.
Même dans la défaite.
Car comme l’a laissé clairement entendre Shea Weber : c’est vrai que le Canadien et Carey Price ne peuvent pas toutes les gagner.