À bout de ressources à l’attaque, Jacques Martin a utilisé huit défenseurs et un vétéran de la Ligue américaine face aux Blues! Pareil désarroi est en grande partie explicable par les très décevantes performances des jeunes Matt D’Agostini et Max Pacioretty. Si j’ai baissé les bras en ce qui concerne D’Agostini, je ne perds pas espoir de voir Pacioretty un jour trouver sa niche dans la LNH. Après tout, il n’a eu que 21 ans en novembre dernier, mais ça commence à regarder mal!

Mais le problème, ce n’est pas Pacioretty lui-même. Le problème, et il a déjà été soulevé, c’est que le Tricolore ait levé le nez sur David Perron au printemps de 2007. Pacioretty, qui n’a pas marqué un seul petit but à ses 24 derniers matchs, a été sélectionné au 22e rang par Montréal alors que les Blues choisissaient quatre rangs plus tard.

Aujourd’hui, le résultat c’est que le jeune Américain revendique 6 buts depuis le début de sa carrière de 83 parties. Le patineur originaire de Sherbrooke, quant à lui, approche du plateau des 200 rencontres et il a déjà marqué 41 buts et amassé 61 passes pour 102 points. Je suis plutôt mauvais en mathématique, mais cette fois, j’ai l’impression que les chiffres parlent d’eux-mêmes.



_Le 21 novembre dernier, David Perron a marqué l'un des plus beaux buts de la saison dans la LNH. Cliquez ici pour visionner la séquence

On a beau critiquer les décisions de Trevor Timmins, mais dans le dossier de David Perron, ce sont les dépisteurs québécois du Tricolore qui n’avaient pas confiance en son talent. Déjà qu’au repêchage, leur rôle se veut très limité à la table… alors imaginez s’ils ne peuvent pas reconnaître le talent au sein de leur propre ligue.

Quelques mois avant le repêchage, alors que David évoluait pour Clément Jodoin avec les MAINEiacs de Lewiston, son père François assistait à un match. Installé dans le haut de l’amphithéâtre, café à la main, il regarde la période d’échauffement en scrutant attentivement les faits et gestes de son fils.

Comme par hasard, un dépisteur vient se placer juste à côté de lui. Puis un deuxième approche et ensuite un autre. Les trois hommes, tous à l’emploi d’équipes de la LNH, engagent la conversation, et le sujet se dirige vers David Perron. À ce moment, vous devinez que François tend l’oreille attentivement en prenant bien garde de dévoiler son identité et en continuant de regarder ce qui se passe sur la patinoire comme si de rien n’était!

Puis un des deux dépisteurs francophones du Canadien se joint au petit groupe qui continue de jaser près de lui. « Heye vous autres…arrêtez de me parler de Perron. Ce gars-là ne jouera jamais une seule partie dans la ligue. Ben voyons donc, revenez-en de Perron. » Sur le coup, François est venu bien près de s’identifier et de dire au dépisteur du Tricolore qu’il se tromperait royalement en pensant de la sorte, mais il s’est retenu.

En 2007, au repêchage, quand tous se demandaient si Montréal réclamerait l’espoir des MAINEiacs, le clan Perron savait qu’il ne s’agissait que de belles histoires pour nous, les médias. Aujourd’hui, devinez pour qui l’histoire finit le mieux…