Ce n'est que le début de la transformation du Canadien selon Alex Burrows
Canadiens mardi, 9 mars 2021. 19:47 jeudi, 12 déc. 2024. 12:55MONTRÉAL – Sans surprise, durant sa carrière, Alex Burrows a eu maille à partir avec plusieurs de ses nouveaux joueurs comme Corey Perry, Shea Weber et même Tyler Toffoli. Aujourd’hui, le nouvel entraîneur adjoint du Canadien se réjouit de miser sur eux pour le jeu de puissance, sa principale responsabilité.
Sous l’ancien régime de Claude Julien et Kirk Muller, le CH avait dû se contenter de 10 buts en 55 tentatives (18,2%) en 18 parties. Depuis l’entrée en scène de Dominique Ducharme et Burrows, la production a connu un essor avec 5 buts en 11 déploiements (45,5%) lors de 6 matchs et il faudra voir si ça se poursuivra.
Perry a été un acteur de premier plan dans ce revirement de situation alors que c’est l’unité de Jesperi Kotkaniemi, sur laquelle il évolue, qui a généré les cinq buts. Il n’a pas toujours récolté de points, mais sa présence devant les gardiens adverses a été salutaire. C’était donc amusant d’entendre Burrows se faire demander s’il avait déjà eu des confrontations avec Perry.
« Quelques-unes, a-t-il confirmé en riant. Même que j’en ai eues quelques bonnes avec Tyler quand il était avec les Kings. Avec Capitaine Shea aussi, je crois que je me suis battu avec lui. »
« On est tous des compétiteurs. On a un historique qu’on ne s’aimait pas, mais ils ont été super avec moi depuis mon arrivée et il n’y a eu aucune tension. On a le même objectif et c’est le fun d’avoir des gars comme Perry, tu sais qu’il va aller à la guerre. C’est l’un des meilleurs devant le filet et je suis très content de travailler avec eux », a poursuivi Burrows qui se souvient de tous les exploits de la carrière de Perry.
Si l’influence de Burrows se ressent sur le jeu de puissance, il a ajouté cette précision.
« Je suis responsable de l’avantage numérique, mais tout passe par Dom et on échange sur presque tout avec Luke (Richardson qui gère les défenseurs). »
Burrows a surtout hâte de poursuivre la refonte entamée depuis six parties.
« Ça fait juste deux semaines, on n’a pas tout abordé ce qu’on veut faire. On a beaucoup de discussions sur plusieurs choses. Avec le calendrier très chargé, ça limite le temps de pratique et ce n’est pas évident. On essaie de faire du vidéo, mais pas trop. On se concentre sur les choses importantes à nos yeux et, au fur et à mesure, on va s’ajuster. On aime comment l’équipe commence à se transformer. Je ne dirais que c’est un virage à 180 degrés pour l’instant, mais plusieurs éléments ont été modifiés et il reste plusieurs choses à traiter », a témoigné l’ancien attaquant.
Mais pour revenir plus spécifiquement sur le travail en supériorité numérique, Burrows a accepté de dévoiler une petite partie de son jeu. D’abord, il refuse le concept que le groupe de Nick Suzuki constitue la première unité et celui de Kotkaniemi, la deuxième.
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« On considère que les deux unités peuvent produire et on conserve une compétition entre les deux groupes. On a un centre droitier et un gaucher ce qui nous procure des options. Présentement, ça fonctionne plus pour l’unité de Kotkaniemi, mais l’autre unité ne m’inquiète pas. On va continuer de progresser et ça prendra du temps. À travers la LNH, les meilleures unités sont ensemble depuis des années », a fourni Burrows à titre de réponse.
Il n’en demeure pas moins que les adversaires semblent plus en mesure de neutraliser la menace de Weber que celle de Petry qui est plus mobile.
« Évidemment, Shea possède l’un des meilleurs tirs de la LNH et c’est une arme redoutable sur notre jeu de puissance. Mais les équipes adverses veulent l’empêcher de tirer. Quand Shea est sur la pointe, je voudrais qu’il décoche chaque fois qu’il en a la chance. Quand il est plus posté à la ligne bleue, c’est différent. On peut préparer des stratégies pour contrer les couvertures de l’adversaire. Je ne suis pas inquiet du tout pour lui, mais on aura besoin qu’il décoche des lancers et de lui créer des ouvertures pour qu’il le fasse », a statué Burrows.
Burrows évoque la mentalité d'une meute de loups pour décrire l’approche à inculquer à ses protégés. Il élabore des stratégies pour les sorties de zone, les entrées de zone, les endroits à privilégier pour attaquer, quoi faire après une mise au jeu gagnée ou perdue et comment bien déplacer la rondelle. Les clés de ses enseignements visent à éliminer les zones grises et jouer de manière simple, efficace et directe.
Des leçons tirées des jumeaux Sedin, d'Alain Vigneault et des Canucks
En ayant côtoyé les jumeaux Daniel et Henrik Sedin pendant plusieurs années, Burrows peut s’inspirer d’eux pour aider des joueurs talentueux comme Suzuki et Jonathan Drouin.
« Il ne faut pas forcer les jeux et c’était justement la grande force des jumeaux. Ils étaient les experts des jeux simples. Ils ne prônaient pas toujours des jeux spectaculaires comme des passes soulevées ou des jeux entre les jambes. Le hockey est si rapide qu’on ne peut pas se permettre de prendre une fraction de seconde de plus pour exécuter un jeu », a noté Burrows.
Même si Burrows n’était pas utilisé à outrance sur le jeu de puissance avec les Canucks, il se faisait un devoir d’assister aux réunions dédiées à cette facette.
« Parce que j’attendais qu’un joueur se blesse et que ce soit à mon tour, a-t-il blagué. Sérieusement, je préférais apprendre des choses et être prêt si j’avais une chance. J’aimais ça. Au lieu de manger des bagels dans le lounge, j’aimais mieux y assister. »
Ça ne faisait que prouver qu’il était attiré par toutes les tactiques et la profession d’entraîneur.
« Alain (Vigneault) m’avait nommé sur le groupe de meneurs, on était six ou sept joueurs et on se rencontrait aux deux ou trois semaines. Il voulait savoir comment on voyait les choses par rapport au jeu de notre équipe. J’aimais beaucoup ça, on échangeait de manière professionnelle et Alain prenait la décision finale. On sentait qu’on avait un peu d’input sur comment on voulait jouer et travailler. Plus ça avançait, plus Alain n’avait même pas besoin de venir dans la chambre. On avait un plan de match avec Alain et Manny (Malhotra) s’assurait qu’on le respecte. On savait sur quoi on devait se concentrer et Alain supervisait le tout », a raconté Burrows.
Son âge l'aidera auprès des jeunes joueurs
Son passage à Vancouver aura donc été marquant pour l’approche auprès des joueurs. Il retient notamment que l’équilibre psychologique est primordial.
« Ce n’est pas facile de jouer dans la LNH, tu traverses constamment des hauts et des bas. Quand ça va bien, tu te sens comme un héros. Mais quand tu perds, tu te sens terriblement mal d’avoir manqué un jeu. Pour avoir du succès, il faut bien se sentir. C’est là qu’on obtient le meilleur des joueurs », a relevé Burrows qui croit que son âge l’aidera à bâtir ce lien.
« Surtout avec les plus jeunes qui sont probablement plus à l’aise de discuter avec un joueur qui vient de se retirer qu’un entraîneur plus vieux qui est plus perçu comme une figure paternelle qu’un ami ou un mentor », a-t-il avoué.
Parlant d’amis, Antoine Roussel est devenu très proche de lui au fil des ans. C’était donc spécial pour lui de retourner à Vancouver en tant qu’entraîneur, mais aussi de voir Roussel dans l’autre camp.
« On s’est entraînés plusieurs étés ensemble, mais il a dû perdre mon numéro de téléphone parce que je n’ai pas eu d’invitation à souper ou pour un café. Il doit avoir le couteau entre les dents, il veut gagner et avoir du succès avec son équipe. Il ne m’a pas fait un clin d’œil ou rien durant l’échauffement. Je le comprends, il veut être à la hauteur et je respecte ça », a lancé Burrows en le taquinant gentiment.
En 2011, Burrows et les Canucks ont échappé la coupe Stanley lors du match ultime alors il espère, de tout cœur, se reprendre avec le Canadien.
« Si je peux y parvenir comme entraîneur, j’en serais tellement content. J’aurais bouclé la boucle », a conclu Burrows alors que sa carrière n’a pas été une boucle banale.