Pour en finir avec les bagarres
Canadiens mercredi, 27 mars 2019. 01:19 jeudi, 12 déc. 2024. 05:40Paul Byron a accepté l’invitation de MacKenzie Weegar de jeter les gants en début de match mardi.
Il n’aurait pas dû. Que non!
Si vous avez vu le combat, vous savez déjà que les images sont laides à voir. Si vous ne les avez pas vues, je vous assure que ce n’est pas nécessaire.
Atteint par un uppercut au menton, Byron s’est fait passer le K.-O. par un adversaire plus grand, plus gros, plus fort. Comme si un poids plume avait décidé d’accepter un duel contre un poids lourd.
Des combats du genre ne seraient jamais acceptés à la boxe. Il ne serait jamais accepté non plus dans le monde plus violent encore de l'UFC. Si ça n’a pas de bon sens dans un ring ou dans un octogone, ça ne devrait pas en avoir sur une patinoire non plus.
Du moins il me semble.
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Pas question ici de faire le procès de Weegar qui a simplement demandé à Byron s’il voulait régler le différend qui oppose les deux joueurs depuis que Byron a atteint le défenseur des Panthers avec une mise en échec illégale à la tête. Mise en échec qui a valu une suspension de trois matchs au petit attaquant du Canadien.
Pas question non plus de faire le procès de Byron qui a affiché un orgueil très mal placé en acceptant une invention insensée. Mais bon! Devant ses partisans, devant ses coéquipiers surtout, Byron s’est peut-être senti obligé de faire le brave.
« Moi je ne l’aurais pas fait », a convenu Phillip Danault qui n’envoyait nullement la pierre à son coéquipier. « Paul est un gars fier. C’est un guerrier. Je comprends qu’il ait accepté même si je ne l’aurais pas fait », a répété Danault qui a d’ailleurs croisé les poings de Weegar plus tôt dans sa carrière.
« Ça n’avait pas été long. Tellement pas long que je n’avais pas eu le temps de me rendre compte qu’il était gaucher », a ajouté Danault.
Mais cette bagarre qui a envoyé Byron au plancher et qui l’a surtout plongé dans une commotion cérébrale évidente alors qu’il a pratiquement glissé entre les bras de ceux qui l’aidaient à retraiter au vestiaire tant il était incapable de se tenir debout mérite qu’on fasse une fois encore le procès des bagarres dans la LNH.
Qu’on fasse le procès de la LNH tout court.
Pour enrayer le fléau associé aux commotions cérébrales et surtout à leurs conséquences terriblement néfastes, la LNH a adopté une série de mesures préventives. Elle a aussi adopté une série de mesures punitives en imposant des suspensions pour des mises en échec à la tête.
De Brendan Shanahan, à Stéphane Quintal et maintenant à George Parros, la LNH a fait des progrès importants en nécessaires en matière de sensibilisation aux conséquences des coups dangereux portés à la tête.
Et c’est tant mieux.
Mais comment diable peut-on d’un côté suspendre avec raison les responsables de coups dangereux portés à la tête et tolérer des bagarres au cours desquelles des joueurs se frappent à grands coups de poing nus sur la tête?
Ça n’a aucun sens.
Les mêmes arguments reviendront :
Les bagarres opposent deux « pugilistes » consentants.
Les bagarres sont orchestrées alors que les coups d’épaule, de coude ou de bâton portés à la tête sont souvent assénés de manière sournoise.
Ou plus bêtement, ça fait partie du hockey.
Vrai que ça fait partie du hockey et que c’est toujours toléré dans le livre des règlements puisqu’on impose simplement une pénalité de cinq minutes aux gladiateurs qui se sont battus.
Mais ça ne devrait plus faire partie du hockey un point c’est tout. Pas avec toutes les informations accumulées au fil des années sur les commotions et surtout leurs conséquences.
MacKenzie Weegar a lancé une invitation parce qu’il était permis de le faire.
Paul Byron a accepté l’invitation sans doute par crainte d’être pointé du doigt comme un pleutre en cas de refus.
Si les bagarres étaient simplement interdites, Weegar n’aurait pas lancé l’invitation et Byron n’aurait pas eu à l’accepter au risque de sa santé.
Autre facteur qui permet de lancer des crochets des deux mains contre les bagarres au hockey, le match qui a suivi la bagarre qui a mis Paul Byron K.-O. et qui pourrait le garder hors combat pour une période indéterminée sans parler des conséquences à long terme qu’elle pourrait entraîner à long terme au père de famille qui se cache sous l’équipement du joueur, a aussi et surtout prouvé que les bagarres n’ont plus leur raison d’être dans la LNH.
Est-ce que les joueurs du Canadien se sont écrasés de peur d’être la prochaine victime de Weegar après le combat?
Est-ce que les Panthers ont pris le plein contrôle du Centre Bell après que leur coéquipier eut envoyé Byron à la clinique?
Pas du tout!
Le Canadien a marqué trois buts rapides sur neuf tirs seulement décochés dans les 10 minutes qui ont suivi le combat pour chasser James Reimer. Il en a ajouté trois autres aux dépens du jeune Québécois Samuel Montembault.
Quant aux Panthers, ils étaient tellement désorganisés défensivement du début à la fin du match qu’on avait l’impression qu’ils étaient victimes d’une commotion. Ils n’avaient rien de rien à voir avec des gars patinant à leur aise sur une glace patrouillée par leur coéquipier matamore.
Si les joueurs sont trop fiers pour cesser d’eux-mêmes de mettre leur santé en péril en jetant les gants pour ensuite se frapper à poings nus sur la tête, la LNH doit être plus intelligente et interdire d’un coup les bagarres.
Une simple question de gros bon sens.