Quand Jonathan Drouin prend les choses en mains
Canadiens jeudi, 5 oct. 2017. 23:20 samedi, 14 déc. 2024. 21:49BUFFALO - Le Canadien a amorcé sa saison sur une note positive. Tout n’a pas été parfait. Loin de là. Mais il est revenu de l’arrière en troisième période pour niveler les chances avant que la magie de Jonathan Drouin et les arrêts de Carey Price propulsent le Tricolore vers un gain de 3-2 en tirs de barrage.
Cette victoire a permis de confirmer les observations relevées au cours des matchs préparatoires. Des observations qui dictent la sélection de mes cinq faits saillants de la rencontre.
- Mains magiques de Jonathan Drouin
- Mete continue d’impressionner
- Les 2e et 3e duos sont vulnérables
- L’implication des unités spéciales
- Des Sabres nettement améliorés
Les mains magiques de Jonathan Drouin
Jonathan Drouin a prouvé une fois encore qu’il était non seulement prêt, mais qu’il est aussi et surtout en mesure d’assurer le rôle de fer-de-lance de l’attaque du Canadien.
La feinte qu’il a servie à Robin Lehner pour sortir le gardien des Sabres de ses patins et même de sa culotte avant de loger la rondelle dans la lucarne à l’aide d’un tir du revers précis pour marquer le seul but de la séance de tirs de barrage était rien de moins que sensationnelle.
Elle était magique même.
Avant ce but, Drouin n’avait marqué que deux fois en huit tentatives. Une statistique difficile à comprendre en considérant la qualité, la vitesse et la précision de ses mains. « J’ai frappé plusieurs fois des poteaux et surtout des barres transversales sur des feintes comme celle de ce soir. De fait, j’ai frappé la barre encore ce soir, mais la rondelle a dévié vers l’intérieur du but au lieu d’aller à l’extérieur », a commenté Drouin qui « frappe » maintenant pour trois en neuf.
Mais ce but, aussi beau et spectaculaire fut-il, ce but qui n’en est pas vraiment un puisqu’il a été enfilé en fusillade, n’a fait que confirmer la grande soirée que Drouin avait connue jusque-là.
À titre de centre du premier trio, le Québécois a offert un premier but à son capitaine et principal complice Max Pacioretty à qui il a servi une passe parfaite pour permettre à Pacioretty de niveler les chances 1-1 en fin de première période.
Ce but a étalé toutes les qualités qui permettront à Jonathan Drouin de donner des victoires au Tricolore et d’épater les partisans de sa nouvelle équipe au point de leur faire oublier leur favori de l’an dernier Alexander Radulov.
Sur la séquence qui a mené au but, Drouin a été vif comme un chat pour sauter sur une rondelle échappée par Ryan O’Reilly. Il a ensuite démontré son grand calme avec la rondelle et sa grande rapidité pour identifier les options à sa disposition. Il aurait pu filer vers le but et tirer. Mais il a aussi vu que Pacioretty allait s’installer à la gauche du but pour s’offrir en cible. Drouin a attendu. «Je voyais le défenseur qui se préparait à glisser et j’ai attendu qu’il soit compromis pour effectuer la passe. Max s’est occupé du reste. J’effectuais souvent ce genre de jeu avec Stamkos (Steven) à Tampa et ça fonctionnait bien», a commenté Drouin.
Des buts de Pacioretty sur des jeux semblables à celui qui a permis au Canadien de niveler les chances avant de retraiter au vestiaire en fin de première, on en verra plusieurs cette année. Combien? Je n’ose pas avancer de chiffres, mais j’insiste sur le mot plusieurs tant la complicité semble déjà bien installée entre ces deux joueurs.
Et Drouin peut aussi marquer. Il a frappé à la porte à une ou deux reprises et a cadré cinq des six tirs qu’il a tentés avant d’éblouir la galerie en tirs de barrage.
En prime, le petit centre a démontré qu’il pouvait encaisser des coups solides alors qu’il s’est fait joyeusement ramasser par le gros défenseur Rasmus Ristolainen en troisième période. «Je l’avais à l’œil, mais je croyais qu’il avait changé de direction et c’est là qu’il en a profité. Il m’a pincé solidement avec l’épaule. Il m’a frappé en pleine poitrine et j’ai dû retraiter au banc parce que j’avais le souffle coupé», a candidement admis le meilleur attaquant du Canadien jeudi à Buffalo.
Comme rentrée officielle avec le Canadien, on peut assurer sans se tromper que Drouin a grandement réussi la sienne. De fait, il aurait été difficile de faire mieux.
« Je crois que Joe vient de démontrer à quel point il sera un joueur d’impact à Montréal pour les 10 prochaines années », a d’ailleurs commenté Phillip Danault dans le vestiaire des vainqueurs après le match.
Mete continue d’impressionner
Si Drouin a réussi sa rentrée, on peut en dire tout autant de Victor Mete.
Utilisé de façon intelligente par Jean-Jacques Daigneault qui a bien géré son temps de glace, Mete a disputé un très bon match de hockey. Il a été prudent, c’est vrai. Et c’est aussi très normal.
À cinq contre cinq, en compagnie de Shea Weber, il a une fois encore impressionné par son calme, par sa vitesse et ses prises de décisions. Le petit gars doit encore se faire une place dans la LNH, mais il est clair qu’il est déjà à sa place dans la LNH.
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« Plusieurs fois pendant le match j’ai souligné à mes compagnons de jeu à quel point il jouait bien. À quel point, il réussissait ses jeux. À quel point il était à l’aise sur la patinoire. On n’a pas eu à le calmer beaucoup aujourd’hui. Il est d’un naturel très calme et il est confiant sur la patinoire. Ça se sent et ça paraît. Je te dirais que la seule chose que nous avons faite comme groupe est de lui trouver un surnom. On l’appelle Meat et j’ai l’impression que le simple fait d’avoir son surnom bien à lui l’aide à se sentir membre à part entière de l’équipe », a indiqué le capitaine Max Pacioretty.
Pas de doute possible, il y a déjà de la viande autour de l’os dans le cas de Mete.
Parce que Mete est employé au sein de la deuxième unité d’attaque massive et qu’il n’a pas – encore – cette chance, Phillip Danault a lui aussi été à même de suivre et d’apprécier les présences de l’arrière de 19 ans. « Il joue très bien et amène beaucoup de vitesse. Comme groupe, je peux t’assurer que nous sommes tous très fiers de lui et très contents de ce qu’il apporte. »
Le plus beau commentaire sur le travail de Mete est venu de l’entraîneur-chef Claude Julien qui a simplement admis que son jeune défenseur « continuait à impressionner ». Mieux encore, le coach a refusé de trop parler de son jeune, se limitant à dire qu’il jouait tout simplement du bon hockey.
Ce qui est tout à fait vrai.
Mete n’a rien fait de spectaculaire lors de son premier match. Mais le simple fait qu’il ait été solide lors des 25 présences qu’il a effectuées (temps d’utilisation total de 18:43 dont 2:44 en avantage numérique en compagnie de Mark Streit) lui vaut non seulement un A à son dossier, mais certainement la possibilité de maintenir sa place à la gauche de Shea Weber.
Les 2e et 3e duos sont vulnérables
Si je n’ai que de bons mots à dire sur la performance de Victor Mete, on ne peut pas en dire autant de ses coéquipiers des 2e et 3e duos d’arrières.
Jeff Petry, qui a connu un camp d’entraînement très ordinaire, a disputé un match à l’image de ses performances en matchs préparatoires. En fait il a été pire. Mal positionné, lent dans ses déplacements, brouillon avec la rondelle, le vétéran de qui on est en droit d’attendre du bien meilleur hockey a été si mauvais qu’il a placé son partenaire Karl Alzner dans le pétrin à plusieurs reprises.
Ces deux vétérans ont connu un match vraiment très difficile.
Derrière eux, Jordie Benn et Mark Streit sont loin d’avoir été meilleurs. Le manque de vitesse, autant en matière de coup de patin qu’en matière de temps de réaction pour sauter sur les rondelles, pour effectuer des passes ou simplement pour fermer les corridors menant à Carey Price, fait de ce duo un duo très vulnérable. Trop en fait.
Je veux bien qu’on garde Mark Streit pour ses qualités offensives au sein de la deuxième vague d’attaque massive, mais s’il n’est pas capable de tenir son bout à forces égales, il ne peut assumer une place régulière au sein de la brigade du Canadien.
Bon! Le retour éventuel de David Schlemko devrait placer Streit dans un rôle de réserviste qui lui ira beaucoup mieux. Mais quand même, le simple fait qu’il soit du groupe d’arrières gardés à Montréal par l’état-major est un signe de la grande vulnérabilité de la défense du Canadien en cas de blessure à un gars comme Shea Weber.
Car il n’est pas normal, pas normal du tout, que le meilleur défenseur du Canadien après Weber, jeudi, à Buffalo – certains diront même devant Weber – soit Victor Mete. Ça n’a simplement pas de bon sens.
Alzner et Petry devraient se raplomber rapidement.
Mais pour Benn et Streit, ils ne seront jamais plus rapides, même qu’ils seront de plus en plus lents…
L’implication des unités spéciales
Je l’ai écrit plusieurs fois et je l’écris encore : l’attaque à cinq du Canadien servira de tremplin pour se rendre en séries.
L’attaque massive n’a pas marqué en trois occasions jeudi. Malgré cette note négative, j’ai beaucoup aimé les occasions qui ont été générées. Drouin fait bouger la rondelle beaucoup plus qu’elle ne bougeait l’an dernier. Pacioretty, Galchenyuk, Gallagher offrent des options à Drouin. Seule ombre au tableau, il me semble qu’on cherche moins Shea Weber et son puissant tir frappé sur réception. Remarquez que la diversité est essentielle. Car l’an dernier et les saisons dernières, il était tellement clair que le Canadien misait sur les tirs de Weber ou de Subban avant lui que les adversaires trouvaient vite des façons de les contrer.
Je garde confiance et j’anticipe des soirées plus productives de l’attaque massive.
En plus d’être blanchi en trois attaques massives, le Canadien a accordé un but en quatre désavantages. Il en aurait peut-être accordé plus n’eût été de gros arrêts de Carey Price. Ce n’est pas le but marqué qu’on doit déplorer, c’est le fait qu’avant d’être victime de ce but, le Canadien a bousillé des dégagements potentiels qui lui auraient permis de l’éviter.
Dommage.
Phillip Danault a sauvé la soirée pour les unités spéciales. Car c’est alors que le Canadien écoulait une pénalité en milieu de troisième période, que Danault a marqué le but qui a nivelé les chances à deux partout et qui a envoyé le match en prolongation.
Toujours combatif, Danault a profité du fait que les Sabres étaient vraiment brouillons lors de cette supériorité numérique pour les surprendre. « Le jeu s’est ouvert devant moi. Les gars de l’autre bord ne patinaient pas. Je me suis dit : go! Shea avait la rondelle. Je croyais qu’il allait tirer au but, mais il se simplement dégagé. J’avais de la vitesse alors j’ai pu récupérer la rondelle et surprendre le gardien en revenant devant lui », a mentionné Danault avec un brin de fierté dans le regard.
Ce but – et aussi le fait que le Canadien ait écoulé plus tôt dans le match une séquence de 78 secondes à trois contre cinq – a été le point tournant de la rencontre selon moi. C’est à partir de ce premier filet de la saison de Danault qu’on a senti le Canadien reprendre confiance et les Sabres en perdre un brin ou deux…
Des Sabres sont nettement améliorés
Parlant des Sabres, ils ont prouvé jeudi qu’ils seront meilleurs cette année qu’ils ne l’étaient l’an dernier.
Jason Pominville, avec ses deux buts, a remercié à sa façon les partisans qui lui ont réservé un très bel accueil à son retour à Buffalo.
Jack Eichel a aussi démontré ses grandes qualités.
Comme équipe, les Sabres sont meilleurs. Mais ils sont encore brouillons. Des jeux mous ont d’ailleurs ouvert la porte aux deux buts du Canadien.
Pis encore, je ne peux croire que cette équipe pourra se rendre en séries avec un gardien comme Robin Lehner. Le gros gardien suédois est capable de multiplier les gros arrêts pour ensuite accorder un but sur un tir anodin ou sur un jeu qui ne devrait pas donner de but. Comme c’est arrivé sur le filet égalisateur de Phillip Danault.
Mais bon, s’il est clair que les deux points seront plus difficiles à récolter lors d’affrontement avec les Sabres cette année, je suis convaincu d’avoir eu bien raison de les écarter des séries pour une septième année de suite dans mes prédictions d’avant saison.
Chiffre du match : 85
Les deux équipes ont échangé 85 tirs au cours de cette rencontre. C’est énorme. Le Canadien a cadré 40 de ses 63 tirs qu’il a tentés alors que les Sabres ont atteint la cible 45 fois sur leurs 69 tentatives.
Evander Kane avec 11 tirs cadrés sur 14 tentés a été le plus prolifique des deux équipes. Charles Hudon – quatre tirs sur la cible, trois tirs bloqués ou déviés et deux hors cible – a été le meilleur pour le Canadien.