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Lorsqu’Ilya Kovalchuk a déjoué Marcus Hogberg en prolongation, il a fait bien plus que marquer son premier but dans l’uniforme du Canadien.

 

Il a fait bien plus que donner une victoire ô combien nécessaire à sa nouvelle équipe; il a fait bien plus que stopper à huit la séquence de revers consécutifs encaissés par le Tricolore. La deuxième du genre déjà cette saison est-il besoin de le rappeler.

 

Lorsqu’Ilya Kovalchuk a déjoué Marcus Hogberg il a d’un tir des poignets aussi puissant que précis il a permis au Canadien d’éviter le pire. J’irais jusqu’à lancer qu’il a sauvé, du moins pour le moment, la face d’un peu tout le monde au sein de l’organisation.

 

À commencer par la sienne.

 

Embauché dans un geste de désespoir de la part de l’état-major qui devait trouver une façon de donner un brin ou deux de punch offensif à une équipe qui en manquait cruellement en raison des blessures, d’un manque de talent naturel, et d’un manque d’expérience de ses espoirs, Kovalchuk venait de rater, lors de sa présence précédente, une échappée qui représentait sa meilleure occasion de marquer depuis son arrivée.

 

Si les Sénateurs avaient donné plus de poids encore au cliché du hockey selon lequel une occasion ratée à un bout de patinoire est souvent suivie par un but à l’autre bout, le Russe aurait lancé de l’essence sur le feu de critiques allumé par son embauche. Il aurait attisé les commentaires selon lesquels il est trop vieux pour vraiment aider le Tricolore. Que Marc Bergeron l’avait embauché dans un élan de panique et que cette occasion ratée démontrait l’inutilité du geste du directeur général. Je vous laisse rajouter les commentaires négatifs de votre choix pour allonger la litanie.

 

Renvoyé sur la patinoire aussitôt son souffle repris, Kovalchuk a obtenu une deuxième chance… qu’il n’a pas manquée.

 

« Je suis bien content que le coach m’ait vite renvoyé sur la patinoire », a commenté le héros de la victoire lorsqu’il a rencontré les journalistes après la rencontre.

 

Kovalchuk souriait. Avec raison. Mais autour de lui, ses coéquipiers souriaient eux aussi puisqu’ils pouvaient enfin commenter une victoire au lieu d’avoir à répéter les mêmes doléances défilées après chacune des huit dernières défaites.

 

Le but de Kovalchuk a permis un changement de discours dans le vestiaire. La victoire a permis de parler de soulagement au lieu de découragement. Elle a permis de raviver, du moins un peu, la passion au lieu de sombrer un peu plus creux dans la frustration.

 

Un gain qui camoufle les mêmes lacunes

 

Grâce à Kovalchuk, le trajet en autobus entre Kanata et Brossard, sous une pluie battante, a été moins ennuyant qu’il ne l’est habituellement tant l’autoroute 417 est un dangereux somnifère pour quiconque s’y aventure un brin fatigué.

 

Mais dans les faits, le Canadien n’a pas été beaucoup meilleur qu’il ne l’avait été lors des huit matchs précédents.

 

Après avoir marqué une fois encore le premier but – il l’avait fait lors de cinq de ses huit défaites consécutives – le Canadien a largement dominé la première moitié du match. Très largement même.

 

Il a ensuite trouvé le moyen de se compliquer la vie une fois encore.

 

Malgré sa domination, il n’a pas été en mesure d’ajouter le, voire les deux, peut-être même les trois buts qu’il aurait facilement pu marquer tant les Sénateurs jouaient du mauvais hockey devant lui.

 

Et ce n’est pas comme si le gardien Marcus Hogberg avait multiplié les miracles devant son filet pour voler des buts au Canadien.

 

Pas du tout.

 

Le Canadien n’a pas vraiment besoin d’aide pour bousiller ses chances. Il l’a démontré en ratant la cible d’une manière désolante encore hier soir. Des 61 tirs qu’il a décochés, le Canadien n’a touché la cible que 25 fois. Si vous préférez, il l’a raté 36 fois. Douze tirs ont été bloqués en défensive et 21 ont simplement raté la cible.

 

C’est trop. Beaucoup trop.

 

Et si le Canadien a réussi à ne pas accorder un but dans les premières minutes d’une période pour la première fois lors des neuf derniers matchs, ce n’est parce qu’il n’a pas tenté de le faire.

 

Victor Mete et Tomas Tatar ont écopé des pénalités en début de troisième période. Les Sénateurs qui avaient pris le contrôle de la rencontre en deuxième moitié de période médiane (16 tirs contre 7) en ont profité pour accentuer la pression.

 

Le Canadien s’est retrouvé sur les talons. Il a joué nerveusement se contentant d’esquiver les attaques répétées des «Sens» qui ont tiré 16 autres fois en troisième période.

 

En pleine possession de ses moyens, Carey Price a été excellent. Il n’a pas fait de miracles. Ça non. Il n’a pas eu à en effectuer, car il jouait gros devant son but. Il coupait les angles. Il s’arrangeait pour que les tirs le frappent et il a été très avare de retours trop généreux.

 

Price a disputé hier le genre de match qu’il dispute lorsqu’il est en pleine possession de ses moyens alors que tout semble facile.

 

Malgré leur gardien qui tenait le fort, les joueurs du Tricolore ont été brouillons au cours des 20 minutes du dernier tiers et lorsque Matthew Peca a fait dévier la rondelle derrière Price pour permettre à Ottawa de niveler les chances on a cru que le pire était sur le point d’arriver… une fois encore.

 

Du moins c’est ce que j’ai cru.

 

Lorsque Nate Thompson, encore lui, a raté la cible sur une occasion sensationnelle fournie cette fois par Ryan Poehling – passe parfaite dans l’enclave – en fin de troisième et que Kovalchuk a raté son échappée en prolongation, je suis soudainement devenu convaincu que les «Sens» joueraient au Canadien le même mauvais tour que les Red Wings lui ont joué trois fois déjà cette saison.

 

Ce n’est pas arrivé.

 

Mais s’il joue de cette façon en troisième période encore lundi contre Calgary, voire mercredi contre les Blackhawks qui sont en mesure eux aussi de profiter des cadeaux qu’on leur offre, le Tricolore s’en tirera certainement beaucoup moins bien qu’il a su le faire samedi.

 

Chabot coûte encore le match

 

Le fait qu’il affrontait une équipe qui patine dans un désarroi encore plus profond que le sien a évidemment aidé la cause du Canadien. Car les Sénateurs en arrachent vraiment.

 

Pis encore, ils ne jouent pas comme un club qui s’assure d’au moins respecter un plan de match et une discipline sur la patinoire annonçant des jours meilleurs dans un avenir pas trop lointain.

 

Thomas Chabot, un excellent défenseur, un gars rempli de talent, a coûté le match à son équipe pour une deuxième fois de suite face au Canadien. Utilisé à profusion – il a passé plus de 32 minutes sur la glace samedi – Chabot joue trop pour bien gérer son énergie. Il passe tellement de temps sur la patinoire, qu’il se rend vulnérable soit en prolongeant indûment ses présences ou en se ménageant pour garder un peu de souffle et un brin de force dans ses jambes.

 

À trois contre trois, une mauvaise gestion de ses énergies est suicidaire. Autant qu’une mauvaise gestion de la rondelle.

 

Le 11 décembre dernier, Ben Chiarot a marqué le but de la victoire en prolongation alors que Chabot se laissait glisser vers sa zone défensive parce qu’il ne pouvait plus pousser en raison de l’énergie déployée en zone offensive.

 

Samedi soir, Kovalchuk a obtenu une échappée au terme d’une trop longue présence de Chabot. Il a profité d’un trop lent repli en défensive du défenseur québécois pour ralentir sa course, contrôler la rondelle, évaluer les options qui s’offraient à lui pour finalement dégainer et marquer.

 

Le dauphin d’Erik Karlsson a été gardé les mauvaises habitudes de son ancien coéquipier maintenant à San Jose en se lançant corps et âme à l’attaque au lieu de d’abord protéger ses arrières?

 

Ce serait dommage qu’un si brillant jeune défenseur se contente de jouer dans un sens de la patinoire simplement parce que son équipe connaît une saison médiocre encore cette année.

 

Mais bon! Ce ne sont pas le Canadien et ses partisans qui s’en plaindront.

 

À part, bien sûr, ceux qui veulent voir le Canadien glisser le plus loin possible au classement pour maximiser ses chances de gagner la Loto-Alexis seront déçus de la victoire.

 

Mais même ces derniers devraient reconnaître que le Canadien doit malgré tout gagner de temps en temps ne serait-ce que pour sauver la face et garder un peu de moral. Du moins ce qu’il en reste...

 

En bref

  • Au-delà du but qu’il a marqué en attaque massive à l’aide d’un bon tir des poignets, Nick Suzuki a disputé un fort match samedi. C’était la deuxième fois cette saison qu’il donnait les devants 1-0 à son équipe. Les deux fois, la recrue l’a fait aux dépens des Sénateurs d’Ottawa...
     
  • Bien que les Sénateurs aient gagné 54 % des mises en jeu disputées samedi (3530), Phillip Danault s’est imposé aux cercles des mises en jeu en remportant 17 des 26 duels qu’il a disputés (65 %)...
     
  • Danault a aussi obtenu une excellente occasion de marquer sur les trois tirs à son actif en plus d’être l’attaquant le plus employé par Claude Julien. Le centre québécois a effectué 28 présences totalisant 23 min 21 s...
     
  • En l’absence de Ben Chiarot, Jeff Petry (27 :53) et Shea Weber (26 :37) ont pris les bouchées doubles, samedi soir, à Ottawa. Utilisé à profusion, Petry a connu plus que sa part d’ennuis en défensive lors de la partie...
     
  • C’était la 10e fois samedi que le Canadien profitait d’une avance d’un but après deux périodes. Bien qu’il l’ait perdue, en milieu de troisième, sa victoire en prolongation a permis d’un peu améliorer sa fiche (34-3) lorsqu’il profite d’une avance d’un but après 40 minutes de jeu...
     
  • Le Canadien pourra savourer sa victoire dimanche avant de croiser dès lundi les Flames de Calgary qui tenteront de venger le revers de 43 encaissé aux mains du Tricolore le 19 décembre dernier alors que Max Domi avait scellé l’issue de la rencontre en prolongation...
  • Bon dimanche!