SOMMAIRE
CLASSEMENT

 

TAMPA BAY - On va se le dire : le défi d’affronter le Lightning était imposant. Avec Tomas Tatar, le meilleur marqueur du club, à Montréal, pour y faire examiner son épaule blessée, avec Brendan Gallagher cloué au lit, à l’hôtel, en raison d’une grippe, ce défi devenait gigantesque.

 

Comme le disait dans sa toute simple, mais ô combien sage philosophie le regretté Pat Burns, le Canadien partait à la chasse à l’ours armé de couteaux à beurre. En fait non, il partait à la chasse aux ours, armé d’un couteau à beurre.

 

Pour espérer ne pas rentrer bredouille, ou pis encore un brin ou deux amoché, le Canadien avait donc besoin que Carey Price soit impérial devant son but. Il avait aussi besoin que l’attaque soit très opportuniste à l’autre bout de la patinoire.

 

ContentId(3.1363845):LNH : Canadiens 0 - Lightning 4 (Hockey)
bellmedia_rds.AxisVideo

Pas besoin de s’appeler Scotty Bowman – j’écris ça de même juste pour souligner que le bon vieux Scotty était encore à sa place sur la galerie de presse du Amelie Arena d’où il suit les faits et gestes des équipes qui font escale à Tampa – pour comprendre qu’avec un score final de 4-0 en faveur du Lightning, le Canadien est non seulement rentré de la chasse bredouille, mais également amoché.

 

Carey Price n’était pas prêt sur le premier tir. Un bon tir décoché par le géant défenseur Victor Hedman qui a eu tout le loisir de s’avancer loin en territoire ennemi avant de s’élancer, mais un tir que Price aurait pu stopper s’il avait été plus agressif sur le jeu. Mieux campé devant son but. Un tir qu’il aurait dû arrêter. Je n’ai pas aimé le deuxième but non plus. Oui! Il s’agissait encore là d’un très bon tir décoché par le Québécois Alex Killorn – pour son 25e but de la saison –, un tir décoché au terme d’une descente en surnombre de surcroît. Mais quand même. Price n’était pas bien campé pour maximiser ses chances d’effectuer l’arrêt.

 

Pas question ici de faire reposer le poids de la défaite sur les seules jambières du gardien. Ça non! Car en dépit ces deux premiers buts que je n’ai pas aimés – et je suis peut-être trop dur dans ma critique – Price aussi réalisé quelques gros arrêts.

 

Mais parce qu’il a accordé quatre buts sur 23 tirs, il est loin d’avoir offert la tenue impériale dont son équipe avait besoin simplement pour espérer gagner.

 

« Je ne peux pas me plaindre de l'effort »

Il fallait que Price s’impose comme son vis-à-vis Andrei Vasilevskiy l’a fait en stoppant les 32 tirs du Tricolore.

 

OK! Les tirs du Lightning étaient de meilleure qualité que ceux provenant des lames des bâtons des joueurs du Canadien.

 

J’en conviens.

 

Mais le match d’hier résume de brillante façon une moitié des ennuis qui garderont le Canadien hors des séries encore cette année. Les avances perdues résument l’autre moitié.

 

« On a eu nos chances, de bonnes chances, en échappées, en surnombres, autour du filet, mais nous n’avons pas été en mesure d’en profiter », ont tour à tour reconnu le vétéran défenseur Jeff Petry et la recrue Nick Suzuki.

 

Phil Esposito, le toujours coloré analyste des matchs du Lightning à la radio de Tampa et as marqueur dans ses années de gloire avec les Bruins de Boston en a rajouté un peu plus : « Comment peut-il être possible qu’une équipe qui tire aussi souvent sur le filet de l’autre équipe ne soit pas capable de marquer plus souvent? »

 

Cette question lancée par Esposito faisait écho aux milliers de questions identiques que se posent les partisans du Canadien depuis le début de la saison. Depuis deux saisons. Depuis trois saisons. Depuis très longtemps…

 

Si on ajoute aux 32 tirs bloqués par Vasilevskiy les 10 bloqués devant lui et les 11 qui ont simplement raté la cible, le Canadien a décoché un total de 53 tirs encore hier.

 

Le Lightning en a décoché 38!

 

Mais il a gagné 4-0.

 

Chaise musicale

 

Les absences de Tatar et Gallagher minaient les chances du Canadien qui se retrouvait amputé des 2/3 de son premier trio.

 

Phillip Danault, qui avait Karl Alzner comme ailier droit lors de l’entraînement matinal, a vu Paul Byron, Joel Armia, Charles Hudon, Dale Weise et Jordan Weal défilé sur sa droite. Artturi Lehkonen et Nick Suzuki ont effectué des présences à sa gauche. Peut-être que d’autres y sont passés aussi. Mais à moment donné, Claude Julien devait tellement jouer à la chaise musicale avec ses trios, que j’en ai eu le vertige.

 

Danault aussi!

 

« C’est difficile de trouver un rythme quand tu es presque toujours avec des joueurs différents. Mais ça faisait partie de la game. On ne peut pas se servir de ça comme excuse. Quand tu es privé de joueurs aussi importants, c’est là que les autres doivent se lever et en faire plus. C’est là que tu dois être plus affamé encore. Après une première période difficile, on s’est bien repris en deuxième et troisième. On ne leur a pas donné grand-chose et on a créé de bonnes occasions. Il restait juste à scorer », que Phillip Danault a défilé avec justesse.

 

« C’était clair ce soir qu’on avait un club amoché sur la patinoire. Mais nos gars ont travaillé. On ne peut rien reprocher au chapitre de l’effort. En plus, nos joueurs se sont tenus lorsqu’il y a eu des débordements en fin de deuxième. J’ai bien aimé que Shea (Weber) s’interpose pour aider Nick Suzuki qui a reçu un double-échec semblable à celui que Gallagher a reçu – geste de Zdeno Chara – l’autre fois à Boston. Mais en raison des blessures, le Lightning avait une meilleure équipe sur la patinoire », a ajouté l’entraîneur-chef Claude Julien.

 

La meilleure équipe sur la glace n’a pas disputé un grand match. Il faudra plus qu’une performance comme celle d’hier pour battre les Bruins, samedi, à Boston. Il faudra beaucoup plus pour espérer les rejoindre et les dépasser au premier rang de la division atlantique. Et plus encore pour espérer les écarter si jamais les deux équipes se croisent en séries.

 

« Nous n’avons pas joué un grand match, mais nous avons gagné quand même. Le Canadien était dans une situation précaire en raison des blessures et nous en avons profité. On a déjà perdu des matchs alors qu’on avait bien mieux joué que ce soir et gagné des parties alors qu’on avait bien plus mal joué. On tourne la page, on se prépare pour un voyage important à Boston, Detroit et Toronto où il faudra mieux jouer qu’on l’a fait ce soir », a indiqué Jon Cooper.

 

L’entraîneur-chef du Lightning a aussi admis avoir été un brin inquiet lorsque son jeune défenseur Mikhail Sergachev a jeté les gants devant Shea Weber venu venger Nick Suzuki. Sergachev a bien paru. Il a évité une terrible droite qui l’aurait envoyé au tapis avant de profiter du déséquilibre de Weber pour renverser le capitaine du Canadien sur la patinoire. Mais il aurait pu perdre au change…

 

« Sergachev prend de plus en plus d’expérience. C’est un jeune très solide. Mais il s’est mesuré un à homme plus solide encore. Il a été chanceux de bien s’en tirer comme ça », a reconnu Jon Cooper

 

En bref

 

  • Malgré son manque de punch offensif et son manque de profondeur à l’attaque, le Canadien a été blanchi pour la première fois cette saison jeudi à Tampa. Pour la première fois en près d’un an puisque les Blackhawks de Chicago sont les derniers à avoir blanchi le Tricolore dans un gain de 2-0 signé le 16 mars 2019 au Centre Bell…

 

  • Andrei Vasilevskiy a réalisé son troisième jeu blanc de l’année. C’est un de moins que Carey Price. Marc-André Fleury, Elvis Merzlikins et Connor Hellebuyck partagent le premier rang avec cinq.

 

  • Vasilevskiy a signé jeudi sa huitième victoire consécutive aux dépens du Canadien contre qui il n’a pas perdu en temps réglementaire à ses 13 derniers matchs (10-0-3).

 

  • Employé au sein de plusieurs trios, mais plusieurs fois en compagnie de Nick Suzuki et Joel Armia, Charles Hudon a disputé un fort match. Il a offert une très belle occasion de marquer à Armia au terme d’une poussée en zone du Lightning en plus de décocher six tirs, dont trois ont atteint la cible.

 

  • Même si le Canadien n’avait que 11 attaquants disponibles, Lukas Vejdemo – rappelé d’urgence de Laval – et Dale Weise n’ont fait que 10 et 15 présences sur la patinoire…

 

  • En plus de marquer son 25e but de la saison – un sommet en carrière -  Alex Killorn a amassé son 48e point de l’année. Ce qui constitue également un record personnel. Il en a récolté 47 en 82 matchs il y a deux ans.

 

  • Victor Hedman qui n’avait pas marqué depuis le 23 décembre – séquence de 31 matchs de suite sans buts – a enfilé ses 10e et 11e de la saison jeudi contre le Canadien. Il s’agit d’une septième saison consécutive de 10 buts et plus pour le défenseur suédois qui a fracassé la barre des 50 points pour une quatrième saison de suite et la cinquième fois de sa carrière.

 

  • Malgré tous les ennuis qu’a connus le Canadien jeudi, Karl Alzner est finalement demeuré à la ligne bleue. On se console comme on peut.