Cherylyn Toca terminait l’interprétation de l’Ô Canada, lorsque Jake Allen est apparu en gros plan à l’écran géant surplombant la patinoire.

 

Les yeux au ciel, le gardien du Canadien a alors pris une grande respiration avant de se vider les poumons comme s’il se disait quelque chose genre : ok mon gars! Tu vas en avoir plein les jambières et plein les mitaines ce soir. Non seulement les Panthers dominent la LNH avec les 252 buts qu’ils ont marqués – la seule formation avec une moyenne supérieure (4.1) à quatre buts marqués par match en passant – mais Claude Giroux, ton ancien coéquipier Ben Chiarot et le gros Robert Hagg vont certainement vouloir souligner leur arrivée avec leur nouveau club. Tout ça sans le valeureux Artturi, parti au Colorado, et l’efficace Brett Kulak rendu avec les Oilers.

 

Il y avait de quoi lâcher un grand soupir.

 

D’autant plus que vingt-neuf secondes après la mise en jeu initiale, c’était déjà 1-0… mais pour le Canadien.

 

Cela dit, Jake Allen n’a pas eu le temps de célébrer cette surprise et de se dire que, finalement, il s’était peut-être dressé un scénario catastrophe pour rien qu’Aleksander Barkov le déjouait, sept secondes plus tard, sur le tout premier tir des Panthers.

 

Immédiatement après le but de Barkov, Claude Giroux a mis Jake Allen à l’épreuve. En fait, il serait plus juste de dire que le gardien du Tricolore a volé un premier but à Giroux avec son nouveau club tant Allen a réalisé un gros arrêt de la mitaine.

 

Après Giroux, Anthony Duclair a frappé à la porte; puis Mason Marchment; puis Patric Hornqvist sur une échappée.

 

Finalement, la menace qu’Allen avait flairée était bel et bien là. Ce n’est pas mêlant : les 10 premiers tirs des Panthers se sont traduits par sept bonnes, voire très bonnes, occasions de marquer. N’eût été arrêts de Jake Allen, l’issue du match aurait déjà été réglée.

 

Mais voilà!

 

Malgré les 42 tirs qui ont mis Allen à l’épreuve, malgré les 76 tirs qu’ils ont décochés, les Panthers ont peiné à battre le Canadien.

 

Oui ils ont gagné, mais le Canadien, bien qu’il soit toujours 32e en dernier au classement général à mieux paru à certains égards que les Panthers qui sont deuxième au classement général et qui comptent parmi les favoris pour gagner la coupe Stanley.

 

Pas offensivement, bien sûr que non.

 

Mais défensivement, les Panthers ont été bien trop généreux en offrant au Canadien plusieurs percées directes qui auraient pu changer le cours du match si Spencer Knight n’avait pas été aussi fort devant sa cage, si Josh Anderson n’avait pas échappé la rondelle au terme de l’un de ses deux échappées, si le Canadien était juste un brin meilleur en attaque.

 

Malgré un recul de deux buts à combler en fin de troisième période, on sentait le Canadien encore dans le coup. Une partie du mérite revient bien sûr à Martin St-Louis qui a revigoré le Canadien depuis qu’il est débarqué derrière le banc.

 

Petites siestes à éviter

 

Les Panthers doivent aussi assumer leur part du blâme.

 

Après que Paul Byron eût rapproché son équipe à un petit but des Panthers, «Ti-Paul» est passé proche envoyer le match en prolongation alors que c’est le Canadien qui donnait l’impression de contrôler le match et non le redoutable ennemi venu du sud de la Floride.

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« On s’est endormi à quelques occasions et on ne peut se permettre ça. Il faudra y remédier », a reconnu l’entraîneur-chef Andrew Brunette.

 

« Ce ne sont pas nos quatre buts qui ont mis le momentum de notre côté, mais les arrêts effectués par notre gardien », que le Québécois Anthony Duclair a convenu après la rencontre.

 

Et c’est vrai. J’ajouterais même, et je ne crois exagérer ce faisant, que le Canadien a trouvé une manière de faire mal paraître les Panthers.

 

Le Canadien a mis en évidence le danger qui guettera les Panthers une fois la saison régulière terminée. Car s’ils se rendent coupables d’autant de laxisme une fois en séries, ils verront que le Lightning, les Hurricanes, les Penguins et même les Maple Leafs pourront leur faire payer plus chèrement cette générosité que l’a fait le Canadien jeudi.

 

Bien qu’il ait les mains pleines à l’attaque, Andrew Brunette reconnaît que son plus gros défi en vue des séries sera de s’assurer d’avoir un club plus responsable défensivement. De compter sur des joueurs qui sauront, le moment venu, fermer le jeu pour protéger une avance au lieu de mettre cette avance en péril en offrant des occasions en or à un adversaire qui finira par en profiter.

 

« Nos récentes acquisitions ont été faites justement pour ça. Ben Chiarot et Robert Hagg sont des défenseurs qui pourront justement nous aider à être plus hermétiques en zone défensive. À être plus physique pour protéger l’enclave et nos gardiens. Même chose pour Claude Giroux qui est non seulement un attaquant redoutable, mais qui est un joueur complet et expérimenté. Sa contribution sera utile aux deux bouts de la patinoire, surtout qu’il est capable de s’imposer lors de mises en jeu importantes. C’est vrai qu’on a des choses à améliorer quand tu regardes la fin du match de ce soir. Mais en même temps, nous avons été beaucoup en contrôle de la rondelle et avons généré de nombreuses occasions de marquer », que Brunette a répondu.

 

Vers une saison de 30 buts pour Duclair

 

Le coach des Panthers a aussi abordé un aspect délicat : ce n’était pas les Bolts ou les Hurricanes que ses Panthers affrontaient jeudi soir au Centre Bell. C’était le Canadien.

 

Pas question de manquer de respect au Tricolore, mais c’est clair que les gros joueurs des Panthers n’étaient pas en mode mission comme ils le seront une fois en séries.

 

« Des matchs comme celui de ce soir sont parfois difficiles. Et nous en avons plusieurs qui nous attendent au cours des prochains jours. On s’en va à Ottawa. On croisera Montréal encore la semaine prochaine. Il faudra trouver une manière d’élever notre jeu dans tous nos matchs d’ici la fin de la saison », a ajouté Brunette dont le club croisera 13 fois en 19 rencontres, des équipes évincées des séries.

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« On est capable de bien jouer défensivement », a assuré Anthony Duclair qui a atteint le plateau des 25 buts, jeudi soir, au Centre Bell. Une première en carrière pour le Québécois qui pourrait même fracasser la barre des 30 buts.

 

Ce n’est pas rien. Surtout après que Duclair eût été cloué au pilori par son ancien coach John Tortorella à Columbus et que les équipes l’échangeaient en donnant l’impression de ne plus croire en lui.

 

« Ce n’est pas juste à cause de moi, que Duclair a répondu lorsqu’on lui a demandé, après le match d’expliquer ses succès. Je joue avec de très bons joueurs. Nous avons développé une belle chimie. On a du fun sur la glace. »

 

Cinq attaquants en attaque massive

 

De plaisir, Duclair et les autres membres de la première unité d’attaque massive des Panthers pourraient en avoir d’ici la fin de la saison alors que l’entraîneur-chef Andrew Brunette a décidé de miser sur cinq attaquants.

 

Avant de finalement marquer à leur cinquième occasion, Aleksander Barkov (27), Anthony Duclair (25), Sam Reinhart (23), Jonathan Huberdeau (21) et Claude Giroux (18) revendiquaient 114 buts depuis le début de la saison.

 

Reinhart en a ajouté un 115. Et si ses cinq joueurs se sont contentés d’étourdir le Canadien et de s’étourdir aussi un brin ou deux en multipliant les passes en zone du Tricolore – ils n’ont obtenu que quatre tirs en 7 :08 d’attaque massive – Andrew Brunette est convaincu qu’ils trouveront rapidement une touche qui les rendra plus redoutables et productifs qu’ils le sont déjà.

 

« J’aurais pu vous décrire avant le match ce qu’ils allaient faire lors des premières attaques massives. Nos vedettes offensives sont loin d’être égoïstes sur la glace. Je m’attendais à ce que les gars cherchent Claude (Giroux) toute la soirée pour lui donner une chance de se sentir le bienvenu. Inversement, j’étais convaincu que Giroux allait offrir des passes à tout le monde histoire d’être bien accueilli. Ils vont vite trouver un équilibre et quand cela arrivera, cette combinaison nous permettra de maximiser nos chances en attaques à cinq. »

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Andrew Brunette a raison. Si ces cinq joueurs développent une belle chimie, ils seront redoutables et pourraient faire payer cher à leurs adversaires – des meilleurs aux moins bons – les pénalités écopées en séries.

 

Mais comme on en a eu la preuve par 1000 jeudi soir au Centre Bell, ce n’est pas à l’attaque que les Panthers doivent s’assurer de s’améliorer. C’est en défensive.

 

Il leur reste encore 19 matchs pour prouver que les ratés de jeudi, au Centre Bell, et les occasions en or que ces ratées ont données au Canadien sont plus un accident de parcours qu’une réalité qui pourrait venir les hanter en séries… peut-être même dès la première ronde des séries.