Tous les clubs de la LNH sont capables de gagner un soir donné : c’est pour cette raison que des équipes mauvaises, décimées par les blessures, minées par des conflits internes ou simplement mal dirigées arrivent, de temps en temps, à surprendre des adversaires de premier plan qui auraient normalement dû gagner facilement.

Disons que le Canadien a surpris les Blues de St.Louis pour offrir à Martin St-Louis sa première victoire à titre d’entraîneur-chef du Tricolore.

Disons qu’il a peut-être profité du fait que les Islanders sont au neutre pour signer, trois jours plus tard, son premier doublé victorieux de la saison.

Et disons que les Maple Leafs sont débarqués au Centre Bell en regardant le Tricolore de haut, comme il l’a fait l’an dernier en séries pour finalement se réveiller en vacances plus vite qu’ils ne l’anticipaient.

À un moment donné, il faut arrêter de parler de victoires surprises. Il faut arrêter de croire que l’adversaire s’est rendu coupable d’un excès de confiance. Il faut arrêter de conclure qu’il s’agit là de simples erreurs de parcours.

Après sept victoires en huit matchs, il est temps de reconnaître qu’on ne reconnaît plus l’équipe moribonde qui collectionnait les défaites comme si elle tenait vraiment à devenir la pire formation de l’histoire de la concession.

Il est temps de reconnaître que cette équipe joue du hockey inspiré. Du hockey de qualité.

Que le Canadien aussi brouillon était-il hier, et il l’était sans bon sens, joue maintenant du « hockey chirurgical » comme l’a souligné avec enthousiasme Martin St-Louis après la victoire de 5-2 aux dépens des Oilers d’Edmonton.

Le coach a eu raison d’encenser comme il l’a fait la qualité du match que ses joueurs venaient de disputer. Car bien qu’il soit connu de tous et de toutes que les Oilers sont faibles devant le filet, ce n’est pas en raison des largesses de Mike Smith que le Tricolore a gagné.

Avec ses 29 arrêts, Samuel Montembeault a clairement été meilleur que Smith. Mais c’est en muselant comme ils l’ont fait Connor McDavid et Leon Draisaitl que les joueurs du Canadien se sont rendus jusqu’à la victoire.

Le grand Leon revendiquait 38 buts et 78 points multipliés aux dépens du Canadien en 55 rencontres. McDavid affichait une récolte plus timide – dans ses paramètres personnels – de six buts et 25 points en 20 matchs contre le Tricolore.

Samedi soir, devant des partisans médusés par la performance du Canadien et une autre contre-performance de leurs Oilers, McDavid a été blanchi de la feuille de pointage et limité à deux maigres tirs. Draisaitl a récolté une passe sur le premier but de son équipe. À part ça, pas grand-chose. Bien installés dans le groupe restreint des meilleurs joueurs de hockey au monde, McDavid et Draisaitl ne ressemblaient en rien au monstre à deux têtes qui est pourtant capable de tout renverser sur son passage aux quatre coins de la LNH.

McDavid et Draisaitl ont connu un match difficile. Un match au cours duquel ils ont plusieurs fois et clairement affiché leur frustration d’être muselés comme ils l’ont été par le Canadien qui jouait de façon chirurgicale.

Encore un concert d’éloges

Comme ils le font depuis que St-Louis a pris la relève de Dominique Ducharme, les joueurs du Tricolore ont multiplié les commentaires élogieux à l’endroit de leur nouveau coach après le match de samedi.

« Martin nous demande de jouer au hockey comme nous sommes capables de le faire. Au lieu d’avoir à se rendre à des endroits précis sur la patinoire, il nous laisse libres », que Brett Kulak a mentionné après une très solide rencontre disputée à la gauche de Jeff Petry. Kulak a fait bien plus que récolter une passe sur le quatrième but de son équipe. Il a terminé une soirée de travail de 22 min 29 s au cours de laquelle il a été dans le visage de McDavid le plus clair du temps avec un différentiel de plus-2. Une soirée au cours de laquelle McDavid n’a obtenu que deux tirs je tiens ici à le préciser.

L’autre commentaire éloquent est venu de la bouche de Brendan Gallagher. Le vétéran, qui a finalement mis fin à une très longue disette sans but, a souligné à quel point son nouveau coach a pris la peine de souvent lui parler pour l’aider à composer avec la situation. Pour l’aider à ne pas laisser la frustration normale de ne pas avoir marqué depuis si longtemps – séquence de 18 parties depuis son dernier but enfilé le 20 novembre dernier – miner sa confiance au point de l’amener à changer sa manière de jouer.

La recette de St-Louis

Ce qui m’a le plus surpris des commentaires de Gallagher c’est lorsqu’il a insisté sur le fait que son nouveau coach « n’avait pas à faire ce qu’il a fait » pour l’aider à s’en sortir.

Il me semble au contraire que le premier mandat d’un coach, bien avant l’élaboration d’un plan de match et la distribution de directives techniques et stratégiques, est de s’assurer de l’état d’esprit de ses joueurs; de leur niveau de confiance; de maintenir climat de travail sain et positif.

ContentId(3.1402655):Ian laperrière : Les joueurs adhèrent au message de Martin St-Louis (Le 5 à 7)
bellmedia_rds.AxisVideo

Et quand St-Louis a expliqué pourquoi il s’était assuré d’échanger avec Gallagher, le nouveau coach a offert à tout le monde l’explication des succès de son club depuis son arrivée.

Une explication qui fait largement contrepoids à son manque d’expérience.

Une explication qui pourrait se traduire par des succès à long terme alors qu’un peu tout le monde autour de la LNH se demande combien de temps la lune de miel sur laquelle surfe le nouveau coach du Canadien et ses joueurs durera avant de casser.

« Je peux échanger avec tous les joueurs de l’équipe parce que j’ai vécu tout ce qu’ils sont susceptibles de vivre », que le coach a mentionné.

Et c’est vrai.

St-Louis a vécu les angoisses d’un gars qui doit trimer plus dur que les autres pour faire contrepoids à sa petite taille et réussir à se faire une niche au sein d’une équipe.

Il a vécu les frustrations d’un gars qui passait trop de temps à son goût au sein d’un trio de soutien, qui était gardé trop souvent à son goût sur le banc, qui était confiné bien trop souvent au rôle ingrat de réserviste.

Il a vécu les périodes creuses que traversent toutes les vedettes offensives à un moment ou un autre au cours d’une saison.

Il a vécu la baisse de régime normale avec laquelle des joueurs qui se rapprochent de la retraite doivent tous composer.

Il a vécu toutes ces angoisses, ces frustrations, ces périodes creuses et la glissade menant à la retraite.

Il les a surtout surmontées.

Et c’est là où St-Louis peut le plus obtenir l’attention de ses joueurs et réussir à leur passer les messages qu’il tient à passer, à leur faire comprendre et accepter la manière de jouer qu’il tient à imposer.

Ce n’est pas pour rien que mercredi, à Vancouver, le Canadien de St-Louis pourrait signer une huitième victoire. Un huitième gain en 12 matchs alors que la même équipe a été limitée à huit victoires à ses 45 premières parties.

Ça dépasse vraiment les cadres d’une simple lune de miel.