MONTRÉAL - Le Canadien termine la saison comme il l’a commencée : en enfilant les revers.

 

Battue 6-3 par des Flyers de Philadelphie qui complètent une saison presque aussi moribonde que celle que termine le Tricolore, la troupe de Martin St-Louis vient d’encaisser sept revers consécutifs. Tous en temps réglementaire. Elle a perdu dix de ses 12 dernières parties. Toutes en temps réglementaire.

 

Si les revers multipliés en début de saison – cinq de suite en lever de rideau de la campagne et 10 lors des 13 premières rencontres – ont fait plonger le Tricolore vers des records de médiocrité, les défaites qui marquent la fin de la saison sont beaucoup moins coûteuses.

 

En fait, elles représentent une bonne nouvelle. Du moins à mes yeux.

 

Une bonne nouvelle, parce que oui en perdant comme il le fait, le Canadien mousse ses chances de gagner la loterie en vue du prochain repêchage.

 

Une bonne nouvelle aussi, et même surtout, parce que les récents insuccès permettent de faire casser la vague sur laquelle l’équipe et ses partisans surfaient depuis que Martin St-Louis a donné des allures de joueurs de hockey à des gars qui avaient l’air de tout sauf des joueurs de hockey avant qu’ils ne les sortent du marasme dans lequel ils étaient enlisés depuis longtemps. Depuis le début de la saison. Peut-être même depuis le début du camp d’entraînement...

 

Le Canadien qui perd plus souvent qu’il ne gagne depuis un mois ressemble pas mal plus au club qu’il est vraiment.

 

Non! Je ne considère pas que Martin St-Louis est déjà à court de miracles. Pas du tout. Pas plus que je ne crois que les récents insuccès sont une indication que le nouveau coach soit victime de son manque d’expérience.

 

Mais après avoir profité d’un alignement parfait des astres à la suite de son arrivée, St-Louis a maintenant son vrai club sous la main. Un club qui lui présente son vrai visage. Un club qui, bien que pousser par un coach qui obtient un effort soutenu et qui a rarement vu son équipe baisser les bras en cours de rencontre, ne peut faire contrepoids à ses lacunes. Surtout à sa principale lacune qui est son incapacité à marquer des buts.

 

Après deux jeux blancs en trois matchs – les sixième et septième encaissés cette année – le Canadien a marqué trois buts jeudi. Il aurait pu en enfiler, trois, quatre, cinq de plus au terme d’échappées qui se sont terminées en queue de poisson ou de tirs de l’enclave qui ont raté la cible. Parlez-en à Josh Anderson ou Tyler Pitlick…

 

En gagnant comme ils l’ont fait après l’arrivée de leur nouveau coach, en jouant avec énergie et aplomb comme on les avait rarement vu faire sous Dominique Ducharme, plusieurs joueurs ont donné l’impression qu’ils étaient soudainement devenus bien meilleurs qu’ils ne le sont en réalité.

 

Je ne parle pas ici de Cole Caufield – Martin Jones lui a fait un cadeau qui a stoppé à cinq sa séquence de matchs sans but – qui ne pouvait maintenir le rythme endiablé qui a poussé plusieurs partisans à croire qu’il devrait être considéré dans la course au trophée Calder.

 

Je ne parle pas ici de Nick Suzuki à qui on en demande beaucoup et peut-être même un peu trop.

 

Je ne parle pas ici d’Alexander Romanov qui est en grande progression, de Rafaël Harvey-Pinard qui doit encore déterminer quel type de joueur il sera dans la LNH ou des autres jeunes qu’on risque de voir davantage avec le Rocket qu’avec le Canadien encore l’an prochain.

 

Je pense aux Christian Dvorak, Mike Hoffman, Jake Evans et autres Chris Wideman qu’on s’est mis à croire meilleurs qu’ils ne le sont vraiment l’espace de la meilleure séquence du Tricolore après l’arrivée de St-Louis.

 

Je pense aux cousins Pitlick, à Ryan Poehling et aux autres joueurs de soutien du Canadien qu’on s’est mis à voir plus grand que nature.

 

Je pense à Jake Allen et Samuel Montembeault que plusieurs partisans se sont mis à croire capables de combler la perte éventuelle – en raison d’une transaction ou parce que les blessures viendraient à nouveau le hanter – de Carey Price et de faire du Tricolore un club en mesure de se battre pour la dernière place en séries dès l’an prochain.

 

Les récentes défaites remettent les pendules à l’heure en démontrant que ces joueurs n’ont pas grand-chose de plus à donner que ce qu’ils donnent présentement.

 

Et c’est très bien ainsi.

 

Car ces revers permettent, du moins je l’espère, à Jeff Gorton, Kent Hughes, Martin St-Louis et l’ensemble du nouvel état-major de l’équipe, d’avoir le portrait réel de leur club. De leurs joueurs. Un club et des joueurs dont le plumage était bien plus beau que le ramage au cours des premières semaines qui ont suivi le changement de coach.

 

Le Canadien a joué un match affreux jeudi soir. Les Flyers n’ont pas été vraiment meilleurs tant les deux clubs ont multiplié les erreurs, les revirements, les vilaines passes et les plus vilaines encore couvertures défensives.

 

« On n’a pas assez fait de bonnes lectures du jeu et quand on en faisait des bonnes, c’est l’exécution qui faisait défaut », que Martin St-Louis a expliqué après la rencontre.

 

Encore une fois, il a été très poli le coach du Canadien. Encore une fois, il a protégé ses joueurs en parlant d’eux comme de vrais joueurs de hockey, de vrais professionnels.

 

Mais la réalité est toute autre. Cette équipe devra remplacer plusieurs des « vrais joueurs de hockey » comme les a décrits Martin St-Louis par de plus vrais joueurs de hockey si cette organisation veut aller de l’avant dès l’an prochain au lieu de se contenter de faire du surplace. Car on va se le dire, en dépit des succès qui ont ravivé les espoirs de partisans qui avaient grand besoin d’un brin d’espoir, le Canadien tel qu’il est bâti maintenant, et même avec le retour de quelques blessés, ne pourrait espérer surprendre la planète hockey au grand complet en demeurant dans une course aux séries. Et je ne parle pas ici de la gagner, mais de simplement y participer!

 

Contestations automatiques

 

Entraîneur-chef des Flyers, Mike Yeo s’est bien gardé de fustiger les arbitres qui l’ont privé d’une contestation qui aurait annulé le premier but du Canadien jeudi soir.

 

« On a clairement vu qu’il y avait eu une passe avec la main, mais bon, il est arrivé ce qui est arrivé et je ne veux pas trop élaborer », que Yeo s’est contenté de dire.

 

Il a toutefois ajouté un « oui » bien timide suivi d’un « des erreurs arrivent dans le cours d’un match », lorsque j’ai insisté sur le fait qu’il s’est fait dire qu’il n’avait pas le droit de contester le but alors que la réalité était toute autre.

 

Je comprends Yeo. Son équipe est éliminée des séries depuis longtemps. Malgré ce but accordé en dépit une passe flagrante de la main dont s’est rendu coupable Brendan Gallagher – qui a récolté une mention d’aide en prime – ses Flyers venaient de facilement battre le Canadien 6-3.

 

Mais ça ne change rien au fait que cette erreur ne peut être répétée.

 

Cette erreur démontre peut-être qu’il serait temps de cesser les tergiversations associées aux contestations des entraîneurs pour carrément procéder à la révision de tous les buts par les responsables de la salle de contrôle à Toronto.

 

Ça ne changera pas grand-chose, car ils procèdent déjà à ces révisions dès que le but est potentiellement contestable : soit par hors-jeu, par obstruction sur le gardien, parce que la rondelle a été touchée plus haut que les épaules, que la rondelle a peut-être touché le filet de sécurité ou qu’une passe a été illégalement complétée. Comme celle de Gallagher vers Mike Hoffman qui a marqué dans une cage déserte.

 

Ça prendrait trop de temps?

 

Pas vraiment non. Car les révisions sont souvent très avancées avant que les coachs n’indiquent aux arbitres leur intention de contester.

 

Et même si quelques fois, ça devait prendre un peu de temps. Ça permettrait surtout de rendre des décisions justes.

 

Jeudi soir, dans le cadre d’un match sans signification entre le CH et les Flyers, l’erreur n’a coûté que des railleries à l’endroit de la LNH. Mais rappelez-vous lorsque les Sharks ont pris les devants 2-1 en finale de l’Ouest devant les Blues de St.Louis alors qu’Erik Karlsson a marqué le but de la victoire en prolongation après une passe avec la main de Timo Meier? C’est à cause de ce jeu que les quatre officiels n’avaient pas été en mesure de voir que la LNH a étendu les procédures de contestations.

 

Les arbitres ont commis une erreur de bonne foi en refusant aux Flyers le droit de contester le premier but du Canadien. Si ces contestations étaient automatiques, cette erreur aurait été évitée et un but, qui n’était pas bon, aurait été refusé.

 

La solution est disponible. Il ne reste qu’à l’appliquer.

 

Entre les lignes

 

  • Je ne sais pas pour vous, mais j’aurais préféré voir Jordan Harris commettre des erreurs de jeunesse face aux Flyers, jeudi, que de voir Kale Clague prouver une fois de plus qu’il n’a pas sa place dans une formation gagnante dans la LNH. « On a beaucoup de joueurs à gérer » que Martin St-Louis a souligné. Je veux bien. Mais la semaine dernière, le coach insistait sur le fait que les derniers matchs de la saison offraient des occasions en or aux jeunes joueurs de comprendre ce qui les attend dans la LNH pour qu’ils puissent mieux se préparer. « Le simple fait d’être autour du club et de regarder des matchs de la galerie de presse les aidera », que le coach a insisté. J’espère qu’il a raison. Car à mes yeux, voir Kale Clague sur la patinoire c’est rien de moins que du gaspillage…

 

  • Le but qui a permis à Jake Evans de créer l’égalité en début de deuxième période était son 12e de la saison. C’était aussi son cinquième marqué alors que le Canadien tirait de l’arrière par un but. Evans se retrouve au 2e rang derrière Nick Suzuki qui affiche sept buts égalisateurs jusqu’ici cette saison. Cole Caufield, Josh Anderson et Ben Chiarot partagent le troisième rang avec quatre…

 

  • Cette première victoire cette saison aux dépens du Canadien – le Tricolore avait gagné les deux premiers duels en prolongation et en tirs de barrage – permet aux Flyers d’éviter d’égaler un record de médiocrité. Avec quatre matchs encore à disputer, ils ne pourront encaisser plus de 47 revers en temps réglementaire. Un de moins que le triste record (48) établi en 2006-2007…

 

  • Les Flyers ont marqué six buts dans un match pour la quatrième fois cette saison. Ils ont réussi l’exploit lors des deuxième et troisième rencontres de la saison – gains de 6-1 et 6-3 aux dépens du Kraken et des Bruins – et lors de la 27e partie de l’année dans un gain de 6-1 aux dépens des Devils le 14 décembre lors de leur 27e rencontre de l’année…

 

  • Les Flyers ont mis un terme à une séquence de six revers consécutifs en temps réglementaire jeudi soir. Ils ont connu deux séquences du genre, mais ont fait pire avec une de neuf (0-8-1-0) et une autre de 13 (0-10-2-1) matchs consécutifs sans victoire plus tôt cette année…

 

  • À voir aller les Flyers jeudi on comprend plus facilement pourquoi ils sont 32e et derniers dans la LNH en avantage numérique. Ils ont été blanchis – en trois occasions – une 52e fois en 78 parties jeudi. Ils se sont contentés de 27 buts en 225 attaques massives (12 %) jusqu’ici cette saison. Ils n’ont marqué que deux fois en 44 occasions (4,5 %) lors des 16 dernières parties. Soit depuis la transaction qui a envoyé Claude Giroux en Floride avec les Panthers…