Collaboration spéciale Charles-Félix Paquin - Dans une série chaudement disputée aux Rangers de New York, Alexander Radulov trône au sommet de la colonne des pointeurs chez le Canadien de Montréal. Depuis le début de la danse printanière, il est la bougie d’allumage de la Sainte-Flanelle, apportant fougue et énergie dans la majorité de ses présences sur la patinoire.

Radulov se plait à jouer au hockey et cette joie est contagieuse. C’est d’ailleurs via son enthousiasme pour ce sport qu’il a d’abord charmé les amateurs dès ses premiers coups de patins dans l’uniforme tricolore, avant de laisser parler son talent. Malgré ses grandes habiletés, Radulov n’a jamais ménagé les efforts, étant toujours le premier à se battre dans les coins de patinoire pour y récupérer les rondelles libres. Travailleur acharné et talentueux, le 47 avait tout pour devenir l’un des favoris de la foule, ce qui a été rapidement chose faite, dissipant du même coup tous les doutes subsistant à son égard en raison de son passé peu reluisant. Heureusement, tout cela est de l’histoire ancienne et ces vieux squelettes ne sont plus d’actualité.

N’empêche que dès le moment où Radulov a connu une baisse de régime vers la fin du calendrier, les mauvaises langues ont promptement resurgi. Supposément qu’il était exténué face à un calendrier de 82 rencontres, étant plutôt acclimaté à une saison allégée dans la KHL. Le conte de fée de Radulov semblait trop beau pour être vrai, le chat sortait finalement du sac.

Pourtant, depuis le début des rondes éliminatoires, Alexander Radulov semble plutôt confirmer ses succès de la saison régulière. Aucun signe d’épuisement n’est palpable. Au contraire, il a su rehausser son niveau de jeu d’un cran, embrayant à la vitesse supérieure. Non seulement l’attaquant russe est présentement le meilleur pointeur chez le Canadien, mais il est présentement le meilleur avant du club, point à la ligne. Il est tout simplement dominant.

Alex Radulov - statistiques avancées

Pour vous donner une idée dans quelle mesure Radulov se trouve dans une classe à part, il s’avère être le joueur du CH passant le plus de temps en possession de la rondelle en zone offensive proportionnellement à son temps d’utilisation à forces égales, soit 50 secondes pour chaque tranche de 20 minutes de jeu. À titre de comparaison, Gallagher se classe au deuxième rang chez le Canadien à ce chapitre avec 35 secondes passées en possession du disque en territoire adverse pour le même intervalle. Cet écart est absolument phénoménal, ce qui est d’autant plus flatteur pour le numéro 47.

Radulov s’y prend de trois façons pour réussir pareil fait d’armes.

Premièrement, il excelle au moment d’alimenter ses coéquipiers en zone adverse, alors que seul Phillip Danault y rejoint plus fréquemment un coéquipier. Comme Radulov fait bien circuler la rondelle en territoire offensif, il y génère un temps de possession impressionnant.

Il faut toutefois noter que Radulov ne se contente pas de générer un temps de possession imposant. Il crée également un grand nombre de chances de marquer pour ses coéquipiers, se classant au premier rang chez le Tricolore à ce chapitre. En effet, Radulov n’a pas d’égal au moment d’alimenter un partenaire dans l’enclave, étant l’attaquant réalisant le plus régulièrement cette action et complétant ces mêmes passes avec le plus haut taux de succès.

Repérer ses coéquipiers dans l’enclave est ce qui caractérise les meilleurs fabricants de jeux du circuit Bettman. En alimentant de la sorte leurs compagnons de trio, ceux-ci profitent de meilleures occasions de marquer, bénéficiant d’un angle de tir optimal, alors que le temps de réaction du cerbère est considérablement réduit. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard de 76% des buts inscrits dans la LNH le sont aujourd’hui depuis l’enclave.

Ceci est d’autant plus impressionnant en séries éliminatoires, alors que le jeu est beaucoup plus refermé et que les couvertures défensives sont extrêmement étanches, les adversaires offrant de surcroît une bien meilleure opposition. Ainsi, il est plus difficile de rejoindre un coéquipier dans l’enclave, alors que l’action se déroule essentiellement le long des rampes.

Le retour d'Emelin: une formalité

Cela nous mène directement à la deuxième clé du succès de Radulov : son efficacité le long des bandes. Comme ce fut le cas tout au long de la saison régulière, l’ailier droit excelle le long des rampes, remportant une proportion importante de ses batailles à un contre un. Comme il est extrêmement fort physiquement et qu’il n’abdique jamais, Radulov finit par y récupérer un grand nombre de rondelles libres. En effet, chez le Canadien, seul Danault récupère plus souvent le disque que lui en zone adverse.

Non seulement Radulov gagne la possession de la rondelle, mais il est en mesure d’encaisser les mises en échec et il est très habile pour éviter les harponnages de ses adversaires, ce qui lui permet de conserver le contrôle du disque. Éventuellement, il parvient à se défaire de ses couvreurs, ce que la majorité des joueurs ne sont plus en mesure de faire aussi souvent lors des présentes séries, profitant de ces précieuses secondes si chèrement gagnées pour repérer un coéquipier.

Finalement, comme Radulov adore orchestrer les entrées de zone afin d’alimenter ses coéquipiers, il génère également un temps de possession intéressant via ce procédé. Il se révèle d’ailleurs le joueur du Canadien pénétrant le plus régulièrement en zone des Rangers en possession du disque pour chaque tranche de 20 minutes jouées à égalité numérique. C’est aussi parce qu’il est le chef d’orchestre de la plupart des attaques du premier trio qu’il complète un grand nombre de passes en zone offensive, comme mentionné préalablement.

En somme, comme Radulov excelle pour gagner ses batailles le long des rampes et pour protéger la rondelle, tout en étant doté d’une vision du jeu exceptionnelle, cela fait de lui un joueur bâti sur mesure pour connaître du succès en séries dans la LNH.