De son propre aveu, Louis Domingue a réalisé un rêve en amorçant son premier match en carrière dans la LNH, face au Canadien de Montréal d’abord et au Centre Bell ensuite. Un rêve qui aurait facilement pu tourner au cauchemar après que le jeune gardien eut accordé des buts sur les deuxième et quatrième tirs du Tricolore.

Mais parce que le Canadien s’est endormi après ces deux buts, parce que les Coyotes sont revenus lentement, mais sûrement, de l’arrière, parce que Dustin Tokarski n’est pas Carey Price, parce que les arbitres se sont montré un brin ou deux sévères avec le Tricolore, Domingue, 22 ans, a eu le temps de retrouver sa concentration et d’effectuer quelques bons arrêts pour finalement couronner son premier départ avec une victoire de 3-2.

Domingue n’a pas eu à sortir une performance digne de celles de Carey Price pour signer ce premier gain. Ça non! Mais après avoir accordé les deux buts rapides tôt dans le match, il a réalisé quelques arrêts solides sur les 16 autres tirs du Canadien. Il s’est aussi dressé devant son filet alors que le Tricolore a profité des 90 dernières secondes pour prendre le but d’assaut et tenter de niveler les chances.

« J’attends l’occasion de réaliser le dernier arrêt pour confirmer une victoire dans la LNH depuis le début de ma vie », a confirmé le gardien québécois qui était rayonnant après la rencontre.

Les deux premiers buts l’ont secoué. C’est évident. Mais Louis Domingue s’est assuré de garder sa concentration.

« Disons qu’il y avait beaucoup d’émotions entourant ce premier match et que les deux buts en ont rajouté. Le premier était beau et le deuxième était une malchance. Mais ça représentait un gros défi, surtout que ce fut assez tranquille par la suite. Mais je crois que le moment décisif est survenu au premier entracte. Une fois dans le vestiaire, j’ai pu retrouver ma concentration et les choses se sont replacées ensuite », a indiqué le gardien natif de St-Hyacinthe, qui a grandi à Mont-Saint-Hilaire et qui a joué une partie de son hockey mineur avec les Lions du Lac St-Louis, avant de faire le saut avec les Wildcats de Moncton et les Remparts de Québec dans la LHJMQ.

Ouvertement critiqué par Roy

À Québec, Louis Domingue s’est retrouvé sous les ordres de Patrick Roy. Pas facile d’être dirigé par l’un des meilleurs gardiens de l’histoire du hockey. Même que cela est devenu très difficile lorsque Domingue s’est fait ouvertement critiquer par Roy.

Au printemps 2011, en séries éliminatoires, alors que les Remparts profitaient d’une avance de 3-1 aux dépens des Olympiques de Gatineau, Domingue a perdu un brin ou deux, peut-être même trois, sa concentration et sa confiance. Il a aussi perdu les trois matchs qui ont permis aux Olympiques de finalement éliminer les Remparts.

Et comme il avait connu le même genre de contre-performance l’année précédente alors que des Remparts beaucoup plus expérimentés s’étaient inclinés devant les jeunes Mooseheads de Nathan MacKinnon, Jonathan Drouin et Zachary Fucale, Louis Domingue s’est fait publiquement rabrouer par Patrick Roy. Les radios de Québec ont suivi. Plusieurs partisans aussi.

Domingue est donc parti de Québec couvert de goudron et de plumes. C’est ensuite dans l’ombre de ces commentaires sévères de « Saint Patrick » que le jeune gardien québécois a amorcé sa carrière professionnelle.

La victoire de Domingue aux dépens du Canadien dimanche ne lui permettra pas de dissiper tous les doutes soulevés par son ancien patron avec les Remparts. Mais ce gain lui permettra au moins de savourer une douce revanche.

Questionné à savoir s’il avait une pensée à partager sur Patrick Roy après cette première victoire, Louis Domingue a d’abord souri : « Si j’ai une pensée? Une pensée amère. J’en ai certainement pas seulement à l’endroit de Patrick, mais de bien d’autres. Je suis juste content de prouver que j’ai ma place ici », a calmement commenté « Saint Domingue ».

Si Patrick Roy ne perdra pas de sommeil avec la première victoire de Louis Domingue, l’entraîneur-chef Dave Tippett espère que ce gain l’aidera à dormir un peu mieux. Bien que Domingue soit à l’aube de sa carrière dans la LNH, Tippett affiche beaucoup de confiance à l’endroit de son jeune gardien. Il n’a d’ailleurs pas perdu confiance après les deux buts rapides du Canadien.

« Après notre défaite d’hier (samedi) à Ottawa, c’est évident que ces deux buts m’ont déplu. Mais je n’ai jamais cru qu’ils démoraliseraient Louis. Il est solide. Il est concentré. Il a confiance en ses moyens. Sur le premier but, il ne pouvait rien faire. Nous avons bousillé une couverture défensive devant lui. Sur le deuxième, il ne pouvait rien non plus, car la rondelle a dévié sur un patin. Il a fait ce qu’il avait à faire ensuite et cela nous a permis de revenir dans le match », d’analyser Tippett qui, sans dire que cette présence surviendrait dès le prochain match à Columbus, a confirmé que Domingue obtiendrait d’autres départs.

« Nous avons joué plusieurs bons matchs cette année. Des matchs comme celui de cet après-midi alors que nous avons déployé de l’effort et de l’intensité pour revenir dans les parties. L’ennui, c’est que nos gardiens sont loin de nous avoir aidés cette année. Nous avons perdu plusieurs matchs parce que nos gardiens n’ont pas su effectuer les arrêts importants. Ces arrêts, Louis les a effectués cet après-midi et cela explique en partie le fait que nous soyons revenus de l’arrière et que nous ayons pu remporter la partie », a poursuivi Tippett.

Relâchement du Canadien

Louis Domingue et les Coyotes n’ont pas volé leur victoire. C’est un fait. Mais il faut aussi admettre que le Canadien s’est fait complice de cette remontée.

Après avoir marqué deux buts sur neuf tirs au premier tiers, le Canadien s’est mis au neutre. De fait, des 11 autres tirs obtenus, les plus dangereux sont venus en fin de rencontre alors que le Tricolore a connu un regain de vie.

Dustin Tokarski, qui a réalisé quelques bons arrêts, a aussi aidé la cause des Coyotes en faisant cadeau d’un but au défenseur Oliver Ekman-Larsson qui a déjoué le gardien du Canadien avec un tir anodin décoché d’un angle presque impossible. Tokarski n’a pas aussi mal paru devant Ekman-Larsson que Jontahan Bernier, des Maple Leafs, jeudi, à Toronto, mais disons que ce but a permis aux fans du Canadien de réaliser que sans Carey Price, leurs favoris sont loin de composer une équipe aussi dangereuse.

«Pour gagner, il faut parfois avoir la chance et les décisions des arbitres de son côté. Cet après-midi, la chance n’était pas avec nous et quelques décisions sont allées contre nous», a indiqué l’entraîneur-chef Michel Therrien.

Le coach du Canadien a aussi convenu que son équipe devrait s’assurer d’être meilleure lors du prochain match. Une chance. Car il aurait été un brin ou deux déplacé d’imputer cette rare défaite du Canadien simplement à la malchance et aux officiels.

Il serait bête aussi de l’imputer à Tokarski. Vrai qu’il a été très généreux devant Ekman-Larsson. Vrai aussi que Carey Price n’aurait sans doute commis pareille bourde. Mais le gardien auxiliaire du Canadien a réalisé plusieurs bons arrêts. De fait, il a offert une bien meilleure performance que plusieurs de ses coéquipiers.

Mais quand Carey Price ouvre la porte au banc des joueurs au lieu de la fermer devant le filet, le Canadien est loin de former la même équipe.

Au nombre de victoires que le Canadien a volées cette saison, ses partisans peuvent difficilement lui reprocher d’avoir gaspillé un gain qui semblait facilement acquis après les deux buts marqués en première période.

Mais cette quasi-victoire devenue défaite devrait servir de leçon en vue du match de mardi, alors que les Sabres de Buffalo, qui sont rendus à 13 revers consécutifs, débarquent au Centre Bell. En congé lundi, les joueurs du Tricolore pourront y penser.