BROSSARD – Le match que le Canadien disputera aux Rangers de New York samedi est encerclé sur le calendrier de Carey Price… depuis environ deux jours.

Price affrontera les Rangers pour la première fois depuis qu’une collision avec l’attaquant Chris Kreider a engendré une blessure qui a mis fin à sa saison dans le premier match de la finale de l’Association Est, en mai dernier. Mais à l’aube des retrouvailles, le gardien du Tricolore ne transporte aucune rancœur relativement aux événements qui ont privé, selon l’avis de plusieurs, son équipe d’une participation à la finale de la coupe Stanley.

Carey Price et Chris Kreider« Cette date est-elle soulignée dans ton agenda? », lui a demandé une collègue vendredi après l’entraînement de l’équipe.

« Non, même pas proche », a répondu Price d’un calme empreint de sincérité.

« Est-ce que ça t’arrive d’en souligner? », a alors renchéri un autre journaliste.

« Non. Seulement celle du prochain match. »

Price ne recherchera donc pas du regard le numéro 20, celui de Kreider, pour égaler le score d’une joute personnelle qui, selon lui, n’existe que dans l’esprit des observateurs extérieurs.

« Ce match n’est pas différent des autres que nous avons joués jusqu’à maintenant. On ne se concentre pas sur des joueurs en particulier dans l’équipe adverse. Toute notre énergie est investie sur le résultat recherché dans le match de demain et c’est la seule chose à laquelle je pense. »

Le discours stérile de Price a trouvé écho dans les réponses de ses coéquipiers. Le mot s’est visiblement passé : les Rangers ne sont qu’un adversaire parmi tant d’autres. Rien à voir. Circulez.

« Carey est toujours motivé contre n’importe quel club. De notre côté, on veut toujours affronter de bonnes équipes, question de mesurer notre progression. Demain ne sera pas une exception », a sobrement commenté l’entraîneur Michel Therrien.

« Je ne crois pas que l’animosité entre les deux équipes puisse être comparée à celle qui existe avec Boston, ou quelque chose du genre », estime Dale Weise, qui aurait lui aussi une bonne raison de chercher à se venger. Dans le cinquième match de la série, une violente mise en échec de John Moore l’avait mis K.-O. pour ce qui restait de sa saison.

« Les deux équipes ne se faisaient pas de quartier, mais elles se respectaient, alors je ne crois pas qu’on avait cette date en tête plus qu’une autre », insiste Weise qui, selon les indices laissés par Therrien, disputera un deuxième match de suite sur le trio de Lars Eller et Rene Bourque.

Eller, justement, est celui qui semblait le plus motivé par l’identité du prochain adversaire à franchir les portes du Centre Bell.

« Je crois que tout le monde sera prêt à faire feu pour ce match. Le passé, c’est le passé, mais on ne veut certainement pas perdre une fois de plus contre ces gars-là », a entonné le Danois, qui avait récolté quatre points en six matchs en finale de l’Est, mais qui est toujours en quête d’un premier but cette saison.

« Quand on passe si près d’accéder à la finale de la coupe Stanley, c’est impossible à oublier, finit par concéder Weise. Mais tout le monde essaie de laisser ça derrière nous. C’est une nouvelle saison. »

Deux séquences à protéger

Les Rangers, qui se sont inclinés en cinq matchs en finale de la coupe Stanley après avoir éliminé le Canadien, connaissent un début de saison en deux temps. Après avoir subi des dégelées contre Columbus, Toronto et les Islanders, les Blueshirts ont retrouvé leurs sens et se présenteront à Montréal avec une série de trois victoires à prolonger.

L’une des quatre équipes de la Ligue nationale à avoir accordé moins de 200 buts en saison régulière l’an dernier, la troupe d’Alain Vigneault en avait déjà concédé 19 après ses quatre premiers matchs au début du mois. Mais les choses se sont replacées : Henrik Lundqvist n’a été battu que quatre fois à ses trois dernières sorties, décrochant notamment une victoire en fusillade et une autre en prolongation.

« Ils forment une bonne équipe. Ils n’ont pas accédé à la finale de la coupe Stanley par hasard, prévient Price. Ils ont un bon gardien et ont un jeu collectif très serré. Ce sera sans aucun doute un bon défi pour nous. »

Mais le Canadien ne représentera pas une proie facile pour leurs tombeurs printaniers. Il a lui aussi gagné ses trois derniers matchs et ses douze points représentent la meilleure récolte parmi toutes les équipes de l’Association Est en cette jeune saison.

« On a assez d’expérience pour comprendre la valeur d’une victoire, assure Price. Gagner n’est pas facile et vient avec un prix à payer. Dès que vous commencez à vous sentir trop à l’aise, vous vous exposez à une chute. On veut être reconnu comme une équipe d’élite dans cette ligue et on est conscient des sacrifices à faire pour y arriver. » À l’instar de l’équipe qu’il se prépare à affronter, Price connaît un retour à la normale après avoir éprouvé certains ennuis en début de saison. Après avoir concédé au moins trois buts à chacun de ses quatre premiers départs, il n’en a accordé que trois à ses deux dernières sorties, affichant un taux d’efficacité de ,941 contre l’Avalanche du Colorado et de ,964 contre les Red Wings de Detroit.

« Avec son calme, Carey donne confiance à cette équipe à chacun de nos matchs. C’est un gros plus de pouvoir compter sur un leader dont la seule présence procure cet effet », s’emballe Therrien.