Danault peut-il être un joueur offensif?
Canadiens lundi, 31 août 2020. 07:40 dimanche, 15 déc. 2024. 11:49Pendant le tournoi éliminatoire de la LNH, l’émergence offensive de Nick Suzuki et de Jesperi Kotkaniemi a relégué Phillip Danault à un rôle davantage défensif. Questionné à ce sujet, Danault a déclaré aux médias qu’il ne souhaitait pas voir ses responsabilités offensives être amputées et que cela pourrait même avoir une incidence sur son avenir dans la métropole.
À la fin de la saison 2020-2021, Danault sera libre comme l’air. Si le rôle qui lui est proposé à Montréal n’est pas à la hauteur de ses attentes, il sera en droit d’évaluer ses options pour potentiellement se diriger sous d’autres cieux.
Danault a-t-il raison d’affirmer avoir prouvé qu’il pouvait être un joueur à vocation offensive?
Au cours d’une même saison dans la LNH, la meilleure récolte du Québécois fut de 53 points et il n’a jamais inscrit plus de 13 buts. Sous la loupe des statistiques avancées, Danault semble avoir raison de monter au créneau.
Ces dernières saisons, Danault n’a cessé d’améliorer son rendement offensif à égalité numérique, alors qu’il se positionne de mieux en mieux au sein de la hiérarchie des attaquants du Tricolore au moment de générer des chances de marquer.
La principale arme offensive de Danault est sa vision du jeu qui lui permet d’alimenter avec brio ses coéquipiers en zone offensive. Ses qualités de fabricant de jeux sont indéniables.
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Plus précisément, le Québécois s’est hissé au premier rang chez les avants du CH pour le nombre de passes complétées en territoire adverse pour un même temps d’utilisation à forces égales, et ce, lors de chacune des trois dernières saisons.
Depuis la saison 2018-2019, Danault s’est également avéré le deuxième attaquant du Canadien complétant le plus régulièrement une passe dans l’enclave.
En réalisant fréquemment ces actions avec succès, Danault est parvenu à générer un temps de possession conséquent en zone offensive.
Ce qui est d’autant plus intéressant, c’est que Danault s’est démarqué par son efficacité avec la rondelle. Pour chaque action tentée en territoire adverse, il a été l’un des attaquants du CH réalisant le plus régulièrement ses gestes avec succès.
En somme, lorsque Danault se trouve en possession du disque en zone offensive, il est très rare que les menaces avortent en raison d’une rondelle perdue et ses coéquipiers reçoivent généralement de belles offrandes qui se traduisent par des chances de marquer de qualité.
D’ailleurs, lors des deux dernières saisons, pendant que Danault était sur la patinoire à égalité numérique, le Canadien a inscrit davantage de buts que ce que prédisait un algorithme se fiant au volume et à la provenance des tirs.
Il en résulte que lorsque Danault était sur la glace, le Tricolore a « surperformé » offensivement. C’est un autre indice du beau potentiel à l’attaque du Québécois.
Si Danault était moins performant que l’attaquant moyen de la LNH, ce différentiel serait négatif. De même, le fait que ce différentiel de buts marqués et attendus soit positif suggère que Danault facilite le travail de ses coéquipiers qui marquent davantage en sa présence, probablement en raison des bonnes habiletés de passeur du Québécois.
Alors, comment expliquer que le rendement offensif de Danault n’ait pas été meilleur ces dernières années? L’hypothèse la plus plausible veut que son rendement défensif finisse par hypothéquer sa récolte offensive.
Danault est probablement l’un des meilleurs attaquants défensifs du circuit Bettman et ses efforts à cet égard commencent à être reconnus à travers la LNH.
Le numéro 24 est l’un des attaquants du Canadien réalisant l’une des plus faibles proportions de ses actions en zone offensive, car il se dévoue totalement à ses responsabilités défensives. Ainsi, Danault soutire et récupère fréquemment le disque en territoire défensif et neutre, avant d’orchestrer une relance.
Sachant que Danault est généralement le premier soutien des défenseurs et qu’il se trouve alors à grande distance de la zone adverse, il ne parvient pas à se joindre aux montées offensives lors des contre-attaques. Or, c’est en ces circonstances que les chances de marquer de grande qualité surviennent. Les contre-attaques sont généralement synonymes de surnombres et il est alors facile de foncer au filet pour cadrer un lancer depuis l’enclave, pendant que la défense est surprise à contre-pied.
Ce n’est pas sans hasard que les attaquants du Canadien ont inscrit 26% de leurs buts à égalité numérique en contre-attaque.
En raison de son dévouement défensif, Danault ne se joint pas aux vagues offensives en contre-attaque, ce qui mine directement sa production. Cela explique pourquoi le Québécois n’est pas parvenu à faire scintiller plus souvent la lumière rouge ces dernières années.
En conclusion, Danault semble avoir raison d’affirmer qu’il a prouvé à l’organisation montréalaise qu’il pouvait être un moteur offensif du club. Ses habiletés de fabricant de jeux sont irréfutables et ses chiffres seraient probablement bien meilleurs s’il n’endossait pas un rôle défensif aussi important.
Présentement, le style de jeu de Danault semble causer un préjudice à son rendement offensif. Conséquemment, la production à l’attaque du Québécois pourrait être grandement bonifiée s’il délaissait ses responsabilités défensives.
Dans le futur, Danault devra identifier ses priorités. Souhaite-t-il optimiser son rendement offensif et délaisser quelque peu ses missions défensives, ou désire-t-il plutôt s’établir comme un joueur extrêmement complet tant défensivement qu’offensivement?
Si le rôle qui lui est offert la saison prochaine à Montréal ne lui convient pas, les autres formations de la LNH auront tout intérêt à miser sur Danault, considérant que celui-ci semble effectivement avoir prouvé sa valeur offensive à forces égales.