Le réveil du capitaine
Canadiens mardi, 10 janv. 2017. 12:53 jeudi, 12 déc. 2024. 12:27Être nommé capitaine du Canadien implique un grand nombre de responsabilités. L’heureux élu est placé sous les projecteurs, ses moindre faits et gestes étant désormais scrutés à loupe, devenant également aux yeux de plusieurs le grand responsable des succès et des déboires de l’équipe. Porter le « C » est certes un honneur réservé aux meilleurs, mais le prix à payer pour ce porte-étendard est parfois faramineux pour pareil égard.
Depuis qu’il fut élu capitaine de la Sainte-Flanelle, Max Pacioretty fut tantôt encensé, tantôt fustigé. Les performances de Pacioretty sont essentiellement jugées sur un seul critère : sa production offensive. C’est parfaitement normal, comme l’Américain est assurément l’un des meilleurs francs-tireurs du circuit et qu’il nous a fait bondir de nos sièges à répétition ces dernières années. Ce qui fait de Pacioretty un joueur d’exception, c’est son habileté à tromper les gardiens adverses.
Pacioretty connait une campagne en montagnes russes, n’ayant marqué que cinq buts au total en octobre et en novembre, avant de toucher les cordages à 10 reprises en décembre seulement. Le capitaine semble vouloir poursuivre sur sa lancée, en ce mois de janvier, lui qui a déjà marqué 4 fois. Avec 19 buts, Pacioretty se classe aujourd’hui au sixième rang de la LNH. Pourtant, au début de la saison, son leadership fut maintes fois remis en cause, étant même qualifié de paresseux sur la glace. Un lot important de critiques a déferlé sur le capitaine. Maintenant qu’il touche la cible, il est retombé dans les bonnes grâces, son capitanat n’étant plus remis en doute.
Que Max Pacioretty soit jugé sur son nombre de buts marqués se veut parfaitement normal, comme il est payé pour exécuter pareille action. Si le Canadien espère connaître une bonne saison et se rendre loin en séries éliminatoires, le numéro 67 devra mener la charge, étant l’un des piliers du club.
Alors, comment se fait-il que Pacioretty semble renaître de ses cendres? Comment expliquer ses plus récents succès? Il tire plus souvent, depuis de meilleurs angles, avec davantage de précision.
En décortiquant les tendances de Pacioretty, nous sommes en mesure de constater que ses excellents résultats obtenus sont directement liés à la façon dont il exploite son lancer.
Depuis, le mois de décembre, il tire à profusion depuis l’enclave et ses lancers sont beaucoup plus souvent cadrés. Inversement, en octobre et en novembre, il décochait ses lancers beaucoup plus fréquemment en périphérie et ses lancers frappaient moins régulièrement la cible. Comment expliquer ces tendances?
Comme mentionné préalablement, Pacioretty est uniquement jugé par le nombre de fois qu’il noircit la feuille de pointage. Après une Coupe du Monde désastreuse avec la formation américaine, Pacioretty semblait se chercher en début de calendrier. Comme les résultats ne furent pas au rendez-vous, il semble que la pression l’ait quelque peu étouffé, lui qui a fini par s’enliser dans une longue disette.
Lorsqu’un joueur ne parvient pas à faire vibrer les mailles du filet, il cherche des solutions. Il veut à tout prix se sortir du pétrin et ce, le plus rapidement possible. À ce moment, il n’est pas rare que le joueur dirige le disque au filet à toutes les occasions se présentant à lui, espérant tout simplement marquer et retrouver sa confiance. De même, ce joueur devient de plus en plus nerveux et tient trop fermement son bâton, précipitant ses tirs qui ratent alors la cible.
C’est exactement ce qui semble s’être produit dans le cas de Max Pacioretty. Plus sa séquence noire se prolongeait, moins il était patient. Il en résultait qu’il tirait de partout, dès qu’il en avait la chance. Ainsi, il lançait moins fréquemment depuis l’enclave et comme ses tirs venaient de plus loin et de moins bons angles, il était plus facile pour les cerbères de les arrêter. De même, lorsqu’une rare chance de marquer se présentait à Pacioretty, il précipitait son geste par anxiété, manquant trop souvent la cible. Bref, Pacioretty était pris dans un cercle vicieux, connaissant ses moments les plus sombres en novembre.
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Dès que Pacioretty a quelque peu retrouvé sa touche de marqueur, il a rebâti sa confiance. Il commença alors à être plus patient en possession du disque, décochant plus minutieusement ses lancers. Il tire ainsi beaucoup plus fréquemment depuis l’enclave, attendant les occasions de marquer, plutôt que diriger toutes les rondelles au filet. De même, il est plus calme, ce qui lui permet de lancer avec une plus grande précision, attendant également que les gardiens et les défenseurs se compromettent avant de dégainer.
En s’exécutant depuis l’enclave, le tir du poignet dévastateur du capitaine a beaucoup plus de chances de succès, comme le temps de réaction du gardien est grandement réduit et qu’il bénéficie d’un meilleur angle pour dénicher les ouvertures laissées par le portier. Ce n’est pas par hasard que 76% des buts inscrits aujourd’hui dans la LNH ont pour origine l’enclave.
Pour espérer marquer, il faut également cadrer son tir, car un lancer bloqué par un défenseur ou atterrissant dans la baie vitrée ne se retrouvera pas souvent dans le fond du filet.
Tant et aussi longtemps que Pacioretty sera fidèle à cette recette, il contribuera grandement au rendement de l’équipe, même s’il est peu probable qu’il maintienne son rythme infernal du mois de décembre. Il l’a déjà prouvé par le passé. Par contre, il est faux d’affirmer que Pacioretty soit soudainement devenu un meilleur capitaine ces dernières semaines. Cela relève de la pensée magique.
Être capitaine du Canadien est une tâche ingrate, surtout pour un franc-tireur. Ce n’est pas parce que Pacioretty marque plus souvent, qu’il est subitement un meilleur leader dans le vestiaire et sur la patinoire. Même qu’il soit parvenu à retrouver ses repères s’avère un bon exemple en ce sens, comme seuls les véritables capitaines se dévoilent face à la tempête. Dans l’adversité, Pacioretty ne s’est pas écrasé sous le poids de la pression médiatique, menant plutôt le Tricolore sur le chemin de la victoire, reprenant le flambeau laissé par les nombreux blessés.