Michel Therrien n’a pris personne par surprise lundi matin lorsqu’il a muté David Desharnais sur le quatrième trio. Plusieurs partisans auraient souhaité que l’entraîneur-chef pose ce geste plus tôt sauf qu’il a choisi de se montrer patient car le petit attaquant n’a jamais cessé de travailler. Mais dans un métier ingrat où les résultats font foi de tout, Therrien n’avait plus le choix après quinze parties… quinze parties avec un temps d’utilisation supérieur à quinze minutes par match, avec des ailiers de qualité et des apparitions en avantage numérique.

Sur les réseaux sociaux, la grogne est installée depuis l’an passé. Desharnais le sait très bien. Jamais auparavant il n’a été confronté à une léthargie semblable, peu importe le circuit. Lundi midi après l’entraînement, il a fait face à la musique et il a répondu calmement à toutes les questions, en français puis en anglais. « Y’a personne qui se met plus de pression que moi-même. Je ne veux pas mal faire quand je saute sur la patinoire. Pour arriver où je suis aujourd’hui, il a fallu que je démontre beaucoup de caractère et je dois maintenant en démontrer plus. C’est un autre défi et j’en ai surmonté plusieurs dans ma carrière », a-t-il expliqué.

Malheureusement et surtout malicieusement, plusieurs font un lien direct entre sa baisse de production et la signature de son nouveau contrat qui lui rapportera quatorze millions de dollars pour quatre ans. Mon ami et collègue Marc-Antoine Godin a effectué le calcul ce matin dans La Presse. L’an passé, Desharnais a maintenu sensiblement la même production avant et après sa nouvelle entente. Cette saison, il est arrivé au camp plus léger pour profiter d’une meilleure accélération sauf que rien ne fonctionne. « On a regardé des séquences vidéo de y’a deux ans avec lui, on a eu plusieurs rencontres avec lui. On n’a pas perdu espoir avec David. On va continuer de travailler avec lui », a expliqué Therrien qui a souvent ramené « on n’a pas perdu espoir » dans son discours. Du même souffle, l’entraîneur-chef du Tricolore se souvient certainement du dossier Scott Gomez lors de sa dernière année à Montréal alors qu’il n’avait obtenu que deux buts et neuf passes en trente-huit parties. Jacques Martin s’était montré extrêmement patient avec le sympathique Américain originaire de l’Alaska. Aujourd’hui, dans les mêmes circonstances, il réagirait différemment.

Ce n’est jamais facile pour un entraîneur de tasser un vétéran. L’équilibre d’un vestiaire repose parfois sur quelques petites décisions.

Pour l’instant, Therrien refuse de dire si Desharnais sera de la formation mardi soir contre les Blues. À l’entraînement, il alternait sur le flanc droit du quatrième trio avec Martin St-Pierre alors que Ryan White prenait le centre et George Parros patrouillait la droite. En agissant de la sorte, le pilote du Canadien ne lance pas de message à son petit attaquant. Toujours à la recherche d‘un premier but et avec une seule petite mention d‘aide à sa fiche, Desharnais n’a pas besoin de message. Il sait parfaitement ce qui se passe. Michel Therrien envoie en fait un message au reste de l’équipe en démontrant qu’il est conséquent et que ce qui était bon pour Lars Eller l’an passé peut aussi l’être pour David Desharnais cette année.