Ceux qui souhaitaient profiter du match de samedi pour renverser les tendances négatives à leur égard afin de mousser leurs chances de se tailler une place au sein de la formation mercredi prochain ont raté leur coup. Dans le cas de Jared Tinordi et Dustin Tokarski, on peut même parler d’échecs lamentables.

Le grand défenseur a terminé sa soirée de travail avec un différentiel de moins-3. La très grande générosité de Tokarski devant le filet a décuplé la portée négative des erreurs du grand défenseur et de plusieurs joueurs du Tricoloce. C’est un fait. Mais le défenseur a multiplié les revirements et les mauvaises décisions en zone défensive et en zone neutre. Rien pour aider sa cause.

Parce qu’il est certain qu’une équipe, plusieurs clubs en fait, le sélectionnera si le Canadien décide de le soumettre au ballottage, Tinordi devrait se tailler une place au sein de la formation des 23 joueurs. Formation qui devra être soumise à la LNH avant 17 h (heure de l’Est) mardi. À moins qu’il ne soit échangé d’ici là. Mais sa valeur dans le cadre d’une transaction n’est certainement pas à la hausse en ce moment en raison de ses matchs préparatoires difficiles.

Cela dit, plusieurs conversations échangées au cours des matchs disputés au Centre Bell depuis deux semaines m’ont permis de remarquer que les équipes qui ont Tinordi à l’œil imputent une grande part des ennuis du jeune défenseur au style que lui impose le Canadien. Au lieu de le laisser utiliser sa taille et de mettre ses adversaires en échec, Tinordi est appelé à contenir ses adversaires. Une réalité remarquée autant avec le grand club qu’avec le club-école. Que le style imposé par le Tricolore lui complique la vie un brin ou deux, je veux bien, mais Tinordi doit aussi en donner beaucoup plus en matière d’implication. À le voir aller, on dirait qu’il a abdiqué sur ses chances de percer un jour la brigade défensive du Canadien. Les prochains jours nous diront si l’état-major a aussi abdiqué sur son premier choix (22e sélection) de 2010.

ContentId(3.1149862):La fin des expériences
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Si Tinordi a été mauvais, Greg Pateryn que je voyais déloger Tom Gilbert au sein du troisième duo de défenseurs a aussi connu une soirée ordinaire. Difficile même. Comme si le Canadien voulait me pointer du doigt dans ma décision de larguer Gilbert et son salaire de 2,8 millions $, le vétéran a effectué 26 présences totalisant 21 min 32 sec, soit près de sept minutes de plus que Pateryn.

En l’absence de Subban et Markov demeurés à Montréal, Gilbert a occupé une place importante au sein du deuxième duo avec Alexei Emelin. Une indication qu’ils pourraient composer le troisième duo mercredi prochain à Toronto.

En prime, il a marqué un but de toute beauté en prolongation histoire de faire monter sa cote.

Gilbert a plus d’expérience que Pateryn, Barberio et Tinordi. J’en conviens. Et cette expérience pourrait être nécessaire dans l’éventualité d’une blessure à l’un des piliers du Canadien à la ligne bleue. Mais je crois malgré tout que Pateryn est prêt à faire le saut à titre de régulier et que Barberio serait un bon septième. Cela dit, si Marc Bergevin concocte une transaction impliquant Tinordi et qu’un autre défenseur doit être ajouté, autre que Gilbert bien sûr, eh bien là le directeur général doit le garder. Si vous savez ce que Marc Bergevin concocte, vous avez percé un mystère que je ne suis pas arrivé à percer depuis qu’il est en poste à Montréal. Et Bergevin ne m’aide pas du tout – pas plus qu’il n’aide d’autres collègues, semble-t-il – avec sa gestion ultra serrée de l’information.

Tokarski s’est-il sorti?

Dans le cas de Tokarski, c’est plus compliqué. Il disputait hier son premier match préparatoire complet. Non seulement l’a-t-il perdu, mais il a été mauvais. Moins mauvais que lors de sa sortie de 30 minutes contre Washington, mais mauvais quand même. On sent que la pression l’atteint. C’était évident alors qu’il a affiché des signes d’impatience à l’endroit de ses coéquipiers qui lui ont compliqué le travail en voulant lui venir en aide. Bloquer des tirs pour son gardien, c’est bien. Et c’est apprécié. Mais s’étirer de manière à nuire plus qu’à aider son gardien, c’est un signe du manque de confiance des joueurs à l’égard de leur gardien. Et ça, c’est une note plus mauvaise encore au dossier de Tokarski que les sapins, les cretons ou les cadeaux – choisissez votre expression – accordés aux Sénateurs encore hier.

ContentId(3.1149839):Des expériences concluantes
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Autre point négatif pour Tokarski : cette faculté de crouler sous la pression est très néfaste. Elle a d’ailleurs étouffé le gardien auxiliaire l’an dernier lorsque Carey Price a eu besoin d’un congé. Petr Budaj était un très bon pompier quand venait le temps d’éteindre un petit feu dans le cadre d’un congé accordé à Price ici et d’un autre là. Mais quand Budaj a dû prendre le but, il ne l’a pas bien protégé. Tokarski a fait la même chose l’an dernier. Solide lorsqu’appelé une fois de temps en temps, il a cédé sous la pression alors qu’il devait gagner plus tard en saison.

Que fera Mike Condon sous pression? On ne le sait pas encore. Mais avec Carey Price qui donnera ses buts seulement dans le cadre des 16 séquences de deux matchs en deux soirs, Condon pourrait avantageusement remplacer Tokarski et obtenir l’occasion de prouver ce qu’il peut faire sur une séquence de quelques matchs de suite si jamais – et on ne le souhaite pas à Price, au Canadien et à leurs partisans – les besoins se présentaient.

Comment se passer de Fleischmann?

À l’attaque, Jacob de la Rose n’a rien fait pour convaincre Marc Bergevin de libérer Tomas Fleischmann. Parce que personne ne semble vouloir assumer le rôle sur le flanc gauche de David Desharnais à l’exception du Tchèque, il me semble que le DG du Canadien n’a pas d’autres choix que de lui faire signer un contrat (en date du 4 octobre, le CH a consenti un contrat d'un an à Fleischmann, NDLR). À moins qu’il demande un prix de fou – il ne peut demander plus de 1,75 million $ – ou un contrat trop long. Un an serait bien assez. Peut-être deux parce que personne dans la relève n’a fait la lutte à Fleischmann. Mais pas plus! Oui Charles Hudon s’est bien défendu, mais c’est un centre. Et c’est comme successeur éventuel de Tomas Plekanec au centre d’un troisième trio qu’on le développe.

Encore trop d’erreurs

Que dire du match?

Parce que Dustin Tokarski a été trop généreux devant son but, parce que Tinordi et bien d’autres joueurs ont commis des bévues graves que le gardien n’a pu racheter le Canadien a perdu.

Michel Therrien semblait loin de la dépression après le match. Surtout si les Sénateurs ont fait mal paraître Tokarski – ce ne serait pas une vilaine idée de miser sur Mark Stone dans vos pools de hockey – en profitant des erreurs du Tricolore pour marquer, le Canadien a joué le même tour aux Sénateurs également.

« Le résultat importe peu »

Les premiers trios roulent à l’économie, c’est un fait, mais il n’y a pas de quoi s’inquiéter. Ou trop s’inquiéter.

L’ennui, et c’est le même que je relevais après la défaite de jeudi, encore aux mains des Sénateurs, c’est que le Canadien semble jouer nonchalamment en se disant qu’il peut se le permettre parce qu’il compte sur le meilleur gardien au monde.

C’est normal de penser ainsi, mais ça pourrait faire mal si Price devait se contenter de simplement exceller au lieu d’être miraculeux.

Michel Therrien assurait jeudi que cette vilaine tendance affichée lors des matchs préparatoires serait corrigée à tant pour le début de la saison. Le coach devra profiter des derniers entraînements pour rectifier le tir, car dans le dernier match, fût-il préparatoire, cette tendance négative était encore bien évidente. Trop même…