MONTRÉAL - Le Canadien n’avait pas besoin d’un troisième but en prolongation de Cole Caufield auréolant une quatrième remontée victorieuse consécutive pour satisfaire ses partisans.

 

Il n’a pas même à coller quatre gains de suite pour la première fois de l’année.

 

Il avait simplement à bien jouer. Il avait simplement à être dans le coup du début à la fin du match contre des Sénateurs qui lui ont donné du trouble toute la saison. Il n’avait qu’à disputer un solide match pour confirmer que les trois dernières victoires étaient plus que des accidents de parcours.

 

Mais non!

 

Après avoir disputé beaucoup de mauvais matchs depuis le début de la saison, le Canadien a trouvé le moyen d’en disputer un pire mercredi à Ottawa. Un bien pire. Certainement l’une des pires de l’année.

ContentId(3.1388406):LNH : Canadiens 1 - Sénateurs 5 (Hockey)
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Le Tricolore était présent de corps. Mais il était absent de cœur... et d’esprit. À un moment donné, voyant des joueurs du Canadien sauter sur des iPad dès leur retour au banc, je me suis même dit qu’ils devaient suivre le match Capitals-Rangers – un match noirci par un tas de bagarres et par un double-échec asséné au visage d’Anthony Mantha par… Pavel Buchnevich – car ils semblaient bien plus attentifs à ce qui se passait sur les écrans qu’à ce qui se passait sur la patinoire.

 

Mais bon...

 

Je révisais mes notes gribouillées au fil des trois périodes afin de chercher du positif à tirer d’une aussi mauvaise partie lorsque Dominique Ducharme, débarqué devant les journalistes bien plus rapidement qu’il ne le fait normalement après les matchs, m’a convaincu de cesser de chercher, car cela n’en valait pas la peine.

 

«On a été mauvais. Nomme une situation de match et on a été mauvais. On patinait dans la bouette», que le coach a candidement admis. Une citation qui ira certainement se nicher tout en haut des classements pour les aveux les plus directs, les plus crus et les plus justes à la fois défilés par un coach après un revers de son équipe.

« On dirait qu'on patinait dans la bouette »

 

Chaque fois que Dominique Ducharme a dit que son club a été mauvais, et il l’a dit souvent, il me confirmait que je n’avais pas oublié de noter des points positifs dans le jeu de son club. J’ai donc cessé de chercher.

 

En passant : depuis qu’il a succédé à Claude Julien, les points de presse de Dominique Ducharme sont toujours très généreux, en temps et en implication, alors qu’il répond à toutes les questions de tous les journalistes qui prennent part à la visioconférence.

 

J’aurais dû écrire «étaient» toujours plutôt que «sont». Car mercredi soir, à Ottawa, le coach a commenté le match de son équipe en 3 min 45 s. Remarquez qu’il n’avait pas grand-chose de plus à ajouter.

 

Aucun esprit de vengeance

 

Pourquoi le Canadien a été si mauvais?

 

Ce n’est pas comme si le manque d’enjeu pouvait expliquer autant de nonchalance de la part du Tricolore.

 

Je veux bien que sa place soit assurée, ou presque, en séries, mais le fait de pouvoir rejoindre et dépasser les Jets de Winnipeg me semble un motif bien suffisant pour jouer le ventre à terre. Car les chances de victoire du Canadien en première ronde seraient bien meilleures dans un duel l’opposant aux Oilers que dans un duel l’opposant aux Leafs.

 

Du moins à mes yeux.

 

En plus, comme il avait déjà perdu cinq fois lors des neuf premiers matchs contre Ottawa – vrai qu’une de ces défaites a été encaissée en prolongation et une autre en tirs de barrage et qu’il a récolté un point malgré tout, mais une défaite demeure une défaite – il me semble que le Tricolore aurait dû avoir un désir de vengeance dans le cadre du dernier affrontement de l’année entre les deux formations.

 

Sans oublier que si Jesperi Kotkaniemi commence à être tanné des comparaisons avec Brady Tkachuk qui le suivront toute sa carrière, des comparaisons qui depuis deux ans lui sont totalement défavorables, il devait au moins s’assurer de jouer avec la même ardeur que celui qui l’a suivi sur la grande scène au repêchage de 2018.

 

KK n’a pas marqué à ses 20 derniers matchs. On pourrait lui pardonner s’il avait multiplié les occasions de marquer et s’était fait voler par les gardiens qu’il a affrontés. Ce qui n’est pas arrivé. Du moins pas assez souvent. On pourrait passer l’éponge sur le manque à gagner en matière de buts marqués s’il avait offert des tas d’occasions à ses ailiers et avait des mentions d’aide pour les confirmer. Mais comme il n’en revendique que quatre, c’est un brin mince pour sortir les trompettes.

 

Kotkaniemi n’a que 20 ans. Il est encore beaucoup trop tôt pour lancer la serviette dans son cas. Mais plus le temps avance, plus Brady Tkachuk creuse l’écart entre les deux joueurs.

 

Cela dit, à un moment donné, ce ne seront plus les comparaisons avec Tkachuk qui compteront : ce seront les comparaisons avec tous les autres joueurs sélectionnés en première ronde en 2018. Avec tous les joueurs repêchés en 2018.

 

On va mettre ça sur le dos de ses ailiers qui ne sont pas assez bons? Après avoir accusé injustement Claude Julien de ne pas être «bon avec les jeunes» est-ce qu’on va reprendre les mêmes sornettes avec Dominique Ducharme? Deux coachs qui ont gagné la coupe Memorial avec des jeunes au sein de leurs formations?

 

Tous les clubs sont fatigués

 

Tout ça pour dire que je me suis trompé royalement en croyant que l’esprit de vengeance à l’endroit de Brady Tkachuk et des Sénateurs de même que l’attrait du troisième rang de la division canadienne étaient susceptibles de motiver les joueurs du Tricolore à ses surpasser.

 

Le score final – 5-1 en faveur des «Sens» pour ceux et celles qui l’auraient oublié – en témoigne de façon éloquente.

 

Certains diront que les Sens jouent sans pression. Et c’est vrai. D’autres ajouteront qu’ils sont jeunes et innocents – au sens poli du terme – ce qui est vrai aussi.

 

Plusieurs imputent également à la fatigue accumulée en raison du calendrier difficile que traversent leurs favoris la baisse de régime qui s’est soldée par la non-performance – c’est plus bas encore qu’une mauvaise performance – du Canadien. Je n’achète pas ça. En fait oui : les joueurs du Canadien sont fatigués. Mais ils ne devraient pas l’être davantage que leurs adversaires qui ont eux aussi traversé des séquences au cours desquelles les matchs se succèdent à un rythme bien difficile à suivre.

 

Et s’ils sont fatigués, qu’est-ce que ce sera ce soir alors qu’ils croiseront les Maple Leafs de Toronto dans le cadre d’un deuxième match en deux soirs?

 

Malgré sa performance de mercredi soir à Ottawa, le Canadien gagnera la course aux séries qui l’oppose aux Flames et aux Canucks.

 

Il a toutefois perdu le rythme qui était en train de le propulser devant les Jets.

 

Entre les lignes

 

  • Brady Tkachuk a marqué 5 buts et récolté 8 points en 10 matchs cette saison contre le Canadien.

 

  • C’est toutefois Drake Batherson, avec 5 buts et 11 points, qui a fait le plus mal au Tricolore cette saison.

 

  • KK n’a récolté que deux passes en 10 duels contre les Sénateurs.

 

  • Jesperi Kotkaniemi est dans une profonde léthargie, mais Josh Anderson s’enlise lui aussi. Du moins sur le plan statistique. Toujours rapide, toujours actif et impliqué, Anderson a marqué huit buts à ses 30 derniers matchs. Il a marqué ces buts en six rencontres seulement. Ça laisse 14 parties sans but. C’est beaucoup. Et il n’a ajouté que quatre passes au cours de cette séquence.

 

  • Nos collègues de TSN ont relevé un boulet statistique qui ralentit le CH dont sept joueurs se retrouvent au sein du groupe affichant les pires différentiels de la LNH depuis le 7 avril dernier : Eric Staal, Corey Perry et Ben Chiarot affichent des moins11. Ben Chiarot et Shea Weber: moins-10. Josh Anderson et Tyler Toffoli : moins-9.

 

  • Globalement, le Canadien présente un différentiel global de -3 (149 buts marqués, 152 buts accordés). Les Blues de St.Louis (-6) et les Predators de Nashville (-5) sont les seuls autres clubs qualifiés pour les séries à présenter des différentiels négatifs.

 

  • On remet ça dans quelques heures alors que le Canadien croisera les Leafs, à Toronto, dans le cadre de l'avant-dernier duel de la saison régulière entre les deux clubs. Le Canadien a perdu cinq fois contre les Leafs cette saison (34-1-0).