Trop d'ouvertures en zone neutre
Canadiens vendredi, 13 déc. 2013. 20:37 dimanche, 15 déc. 2024. 13:48Je pense que Michel Therrien avait raison vendredi d'insister sur le travail de ses hommes en zone neutre parce que l'ouverture entre les défenseurs et les attaquants est tellement grande.
Quand les choses vont bien, on ne les remarque pas, mais, on constate que la transition défense-attaque se fait mal. Très souvent la première passe est mauvaise. Les joueurs ne semblent pas suivre le rythme qu'ils avaient dernièrement. Ces lacunes ne remontent toutefois pas au match face aux Kings de Los Angeles mardi. Elles étaient présentent avant, mais en raison des succès du club, ça paraissait moins.
Le Canadien a beau avoir traversé une période heureuse avant de perdre deux parties de suite, il y a des joueurs dans cette équipe qui traversent de mauvaises périodes et qui n'arrivent pas à accumuler des points. On les voit régulièrement prendre de mauvaises décisions. Face aux Flyers, on a vu Brian Gionta lancer plutôt que de passer la rondelle lors d'une attaque à deux contre un. Depuis qu'il évolue avec Max Pacioretty, Brendan Gallagher continue de bien jouer, mais il semble produire moins.
En plus, à force de se faire dire qu'on est bon, ça finit par monter à la tête des joueurs. Lors du récent programme double, gagné contre le New Jersey, ç’a été très difficile. Quand on gagne beaucoup, on a parfois tendance à oublier l'effort et le travail qu'il faut y mettre. On ne donne pas toujours le maximum parce que les résultats sont là malgré tout. Les gars ne se rendent pas compte qu'ils travaillent moins et à un certain moment, on trébuche comme on a vu face aux Kings et aux Flyers.
Ce manque de passion et d'ardeur finit par rattraper l'équipe. Je croyais sincèrement que la défaite aux mains des Kings ferait en sorte que le Canadien sortirait plus fort face aux Flyers. Je croyais voir des tigres enragés sur la glace, mais ça n'a pas été le cas. Pourtant, les Flyers disputaient deux parties en deux soirs et tous les ingrédients étaient réunis pour que le Tricolore dispute un bon match. Malheureusement, on a vu que le Canadien n'était pas prêt.
Devant la récente tenue de l'équipe, je comprends que l'entraîneur ait levé le ton à l'entraînement vendredi. Michel Therrien constate que certains joueurs sont incapables de sortir d'une léthargie. Je pense que quelques joueurs sont préoccupés par leur fiche offensive. Daniel Brière est sans doute l'un d'entre eux. Il doit assurément avoir sa production à l'esprit quand il joue. La production des attaquants n'est pas très élevée. C'est d'ailleurs PK Subban qui est toujours en tête des marqueurs. À égalité numérique, on ne marque pas beaucoup, mais heureusement les unités spéciales continuent, en général, à faire du bon travail.
Il n'y a pas cinquante solutions pour se sortir d'une mauvaise passe. Il n'y en a qu'une et c'est de travailler. Michel va devoir prendre des décisions et revoir son système d'alternance. George Parros, Francis Bouillon et Doug Murray jouent notamment à la chaise musicale. Le temps est peut-être venu de prendre des décisions.
Le Canadien ne doit surtout pas croire que ce sera facile en fin de semaine face aux Islanders et aux Panthers. D'ailleurs, je pense que l'entraîneur a clairement indiqué qu'il ne voulait pas en échapper une autre. C'est pourquoi Carey Price sera devant le filet samedi. On sait que lors des séries de deux matchs en autant de soirs, Therrien aime généralement utiliser ses deux gardiens.
L'équipe n'est pas assez forte globalement pour ne pas prendre les Islanders au sérieux. Le Canadien n'est pas comme les puissances de l'Association de l'Ouest. Pour gagner, tout le monde doit travailler et se servir de sa rapidité.
Il faut éviter à tout prix les longues séries d'insuccès. Le Canadien disputera plusieurs parties sur la route contre des clubs physiques d'ici la fin de l'année. C'est pour tenter de prendre tous les moyens pour arrêter la glissade que Price sera devant le filet du Canadien. Si Montréal avait battu les Flyers jeudi, je suis persuadé que Peter Budaj aurait été devant le filet face aux Islanders.
S'il fallait que le Canadien échappe la partie contre les Islanders, je pense que l'entraîneur n'hésitera pas à faire des changements. Pour un, Brière pourrait écoper et il pourrait voir son temps glace baisser. Le coach va aussi se questionner sur l'utilité de la présence de Parros dans la formation parce que lors de deux parties récentes, on a vu les adversaires du Canadien ne pas habiller leur homme fort. Sa présence n'est donc peut-être plus essentielle?
Emelin méritait une suspension
Le défenseur du Canadien Alexei Emelin a été blanchi par la LNH à la suite de son coup porté contre Steve Downie jeudi. Cette décision me surprend, car les coups à la tête ne sont pas acceptables. Si on veut vraiment les bannir, il faut les punir.
Peu importe les excuses qu'on formule pour expliquer un geste, il faut tout faire pour enrayer les coups à la tête, que ce soit avec un bâton, une épaule ou le coude. On banalise souvent l'utilisation de l'épaule, mais quand le coup est porté à la tête, c'est aussi grave. L'épaule, comme un bâton, peut devenir une arme.
Le préfet de discipline Brendan Shanahan est trop clément et ses suspensions sont souvent très courtes. On a l'impression d'être revenu à l'époque de Collin Campbell.
Si la LNH donnait de vraies sanctions avec des suspensions de cinq, dix, quinze ou 50 parties pour les récidivistes, il y aurait peut-être un changement dans le comportement des joueurs. Dans la NFL, on ne badine pas quand vient le temps de sévir. Tout le contraire de la LNH.
Je suis très déçu, car je croyais que Shanahan allait prendre le contrôle. Lors de la rencontre cette semaine à Pebble Beach, Gary Bettman s'est déclaré très satisfait du tavail du préfet. Je pense qu'il faudra, encore une fois, songer à mettre sur pied un comité indépendant pour les suspensions, car actuellement, on dirait un cercle d'amis qui juge des amis. Je déplore la situation et je suis écoeuré d'en parler. Les joueurs ne semblent pas s'en faire. On dirait que c'est nous, les observateurs, qui s'inquiètent plus que les athlètes eux-mêmes.
Quand j'étais entraîneur dans la LNH, j'ai vu Dale Hunter être suspendu pour 23 parties, Dale Brown aussi avait aussi écopé de 23 parties pour une mise en échec vicieuse comme on en voit aujourd'hui. Sauf que de nos jours, le même geste n'est puni qu'avec deux parties.
James Neal n'a reçu que cinq parties de suspension pour son coup genou à la tête de Brad Marchand des Bruins. Une vraie joke. On est loin de la NFL, qui devrait être l'exemple pour la LNH.
*propos recueillis par Robert Latendresse