Dans la LNH d’aujourd’hui, les bonnes équipes peinent à gagner dès que leurs joueurs, aussi talentueux soient-ils, se contentent de demi-mesures sur la patinoire.

 

Parce que le Canadien, décimé qu’il est par les absences de joueurs importants, est loin de regorger de talent, surtout à la ligne bleue, ses chances de victoire piquent du nez dès que ses joueurs lèvent moindrement le pied.

 

Après les revers gênants encaissés aux mains des Sabres, des Sharks et du Kraken, trois clubs que le Canadien aurait pu et dû battre, mais contre lesquels il a été déclassé autant au chapitre de l’effort que de la qualité d’exécution, me semble que les joueurs du Tricolore auraient dû comprendre.

 

Mais non!

 

Contre des Kings qui représentaient l’adversaire le moins redoutable du voyage dans l’Ouest américain qu’il complétera dimanche après-midi, à Anaheim, le Canadien s’est une fois encore écrasé.

 

Le score final de 5-2 en faveur de Phillip Danault et de sa nouvelle équipe reflète parfaitement cet autre effondrement de son ancien club.

 

Les deux équipes ont disputé une première période très ordinaire. Le Canadien a quand même retraité au vestiaire avec une avance de 1-0.

 

Déclassé en période médiane, le Canadien a évité le pire retraitant au vestiaire avec un petit recul de 2-1 après 40 minutes.

 

Quoi? Le Canadien est tellement fragile et il peine tellement à générer de l’attaque qu’il n’y a pas de «petits reculs». Je veux bien. Mais après avoir marqué quatre buts deux soirs plus tôt à San Jose, tout était encore possible.

 

Sauf que…

 

Tout est rapidement devenu impossible en raison d’une pénalité écopée par Christian Dvorak. Une pénalité inutile que le centre du Canadien a forcé l’arbitre à lui décerner 23 secondes après le début de la période lorsqu’il a fait trébucher le défenseur Tobias Bjornfoot qui était derrière le filet. Pas derrière le filet défendu par Jake Allen que le Suédois menaçait de prendre d’assaut, mais celui défendu par Calvin Petersen!

 

Comme ils l’avaient fait à mi-chemin en deuxième période alors qu’ils ont pris les devants 2-1, les Kings ont profité de l’immobilisme des joueurs du Tricolore envoyés sur la patinoire pour marquer un troisième but.

 

Le match s’est fini là!

 

En fait non! Le Canadien a arrêté de jouer. Les Kings ont continué eux. Ils ont marqué deux autres buts en profitant une troisième fois du jeu statique du Tricolore en désavantage numérique et d’une autre couverture défensive complètement bousillée.

 

De mauvais à atroce

 

Le Canadien n’est rien de moins que mauvais en défensive.

 

À court d’un joueur : il est atroce.

 

Les deux soirées parfaites (4 en 4) dans le revers encaissé à Seattle et la victoire arrachée à San Jose laissaient entrevoir des jours meilleurs. Ils viendront peut-être.

 

Mais tant que le Canadien laissera ses adversaires pendre une enjambée, deux, des fois trois pour transformer un tir anodin en très bonne occasion de marquer, il jouera avec le feu… et se brûlera.

 

Jake Allen n’affichait pas la même forme qui lui a permis de blanchir les Sharks jeudi à San Jose. C’était évident. Mais jeudi, ses coéquipiers l’ont aidé à quatre contre cinq en compliquant un peu le travail de leurs adversaires. Samedi, ils l’ont facilité en demeurant les deux patins bien ancrés dans la glace.

 

Les Kings ont marqué trois buts sur les six tirs décochés. Ils ont marqué leurs trois buts en seulement 113 secondes passées avec un joueur en plus.

 

Avec ces trois buts accordés aux Kings, le Canadien a été victime de 12 buts en 34 désavantages numériques. Ça donne une efficacité de 64,7 %. C’est lamentable. Rien de moins. C’est surtout inacceptable considérant qu’une telle générosité minimise les chances de victoire du Canadien qui ne marque pas souvent.

 

Que ce soit à forces égales ou en attaque massive.

 

Blanchi en trois occasions samedi, le Canadien est rendu à trois buts en 32 attaques massives. Ça donne un taux de réussite de 9,4 %.

 

Une efficacité combinée – attaque massive plus désavantage numérique – de 100 est aujourd’hui la base de la respectabilité. C’est la note de passage si vous préférez. Ce chiffre grimpe à 105 et flirte vers le 110 pour les bonnes et les très bonnes équipes au chapitre du succès de leurs unités spéciales.

 

Le Canadien est à 74,1.

 

Ça vous donne une idée de l’épaisseur de la vase dans laquelle les spécialistes des unités spéciales patinent depuis le début de la saison.

 

Déjà quatre cadeaux après neuf matchs

 

Après neuf petites parties, le Canadien a déjà gaspillé quatre matchs et les huit points potentiels associés à ces parties en refusant de simplement niveler les niveaux d’intensité déployés par ses adversaires.

 

Si le Canadien s’était battu et débattu contre les Sabres, les Sharks, le Kraken et les Kings, s’il s’était fait voler deux points par un gardien au sommet de sa forme et un brin chanceux en prime, on comprendrait. On accepterait. On achèterait le grand principe selon lequel les Dieux du hockey trouveraient bien une façon de rembourser un ou quelques-uns des points volés au fil des 73 prochaines rencontres.

 

Mais comme ce ne sont pas les Sabres, les Sharks, le Kraken ou les Kings qui ont volé le Canadien, mais bien le Canadien qui a fait cadeau de ces points en multipliant les erreurs dans les trois zones et surtout en n’affichant pas le moindre désir de racheter ces erreurs, il est impossible d’accepter.

 

Des très nombreuses erreurs multipliées par le Canadien samedi, c’est le jeu mollasson de Jeff Petry sur le premier but des Kings qui illustre le mieux tout ce qui ne va pas chez le Tricolore.

 

Nonchalance coûteuse et impardonnable

 

Meilleur défenseur du Canadien, l’un des meilleurs joueurs tout court, principal responsable des relances offensives, Jeff Petry s’est contenté de repousser nonchalamment la rondelle en direction de Josh Anderson en zone neutre. Sans surprise, la poussée offensive a avorté.

 

Sur la relance des Kings, Petry et Christian Dvorak se sont laissés attirer à la pointe ce qui a ouvert le territoire du Canadien à Viktor Arvidsson qui a simplement dit merci en marquant son deuxième but de la saison.

 

Il y a bien des choses qui ne vont pas chez le Canadien. Ça saute aux yeux. Les jeunes tardent à se mettre en marche. La défensive est poreuse. Le renfort inexistant.

 

Mais quand un vétéran comme Petry – toujours en quête d’un premier point cette saison – affiche un tel manque de conviction sur un jeu et qu’un centre qui devrait être le plus responsable en défensive se font prendre sur la même séquence, on peut se dire sans le moindre risque de se tromper que le club tourne en rond.

 

Que le message passe mal. Que le système imposé n’est pas appliqué peut-être parce qu’il n’est pas apprécié. Que le poids des défaites, des contre-performances et de la pression qu’elles soulèvent commence à être étouffante.

 

Bergevin en renfort

 

Dominique Ducharme l’a admis candidement après la défaite : il ne peut crier après ses joueurs à toutes les deux parties. Remarquez qu’il aurait bien des raisons de le faire. Mais comme il les a «brassés» dès la deuxième partie de la saison en insistant sur le fait que ses joueurs avaient encore la tête en finale de la coupe Stanley, mais les patins sur une glace bien mince, il est bien difficile de le faire encore sans perdre le respect de ses joueurs.

 

C’est sans doute pour cette raison que le directeur général Marc Bergevin s’est retrouvé dans le vestiaire après la rencontre pour aller brasser des joueurs qui semblent avoir grand besoin d’être brassés.

 

Est-ce que l’intervention du grand boss dont l’avenir avec l’équipe est plus incertain que les chances du Canadien d’accéder aux séries cette année saura réveiller l’équipe?

 

La réponse tombera dans quelques heures alors que le Canadien croisera les Ducks à Anaheim dès 16 h.

 

Si le Canadien bat les Ducks, il pourra prétendre que ses trois victoires lors des cinq derniers matchs permettent de croire que les choses ne sont pas aussi sombres que les amateurs pessimistes et les journalistes plus pessimistes encore le laissent entendre.

 

Mais si le Canadien perd, il sera rendu à huit revers en dix matchs. Avec les conséquences qui viennent avec.

 

Est-ce que le Canadien joue sa saison dimanche?

 

Pas encore. Mais il disputera certainement son match le plus important jusqu’ici cette saison. Un match qu’il doit gagner.