Staal : un parrain pour KK et Suzuki, une option de plus pour Ducharme
Canadiens vendredi, 26 mars 2021. 17:37 samedi, 14 déc. 2024. 22:31MONTRÉAL - L’acquisition d’Eric Staal permet au Canadien de s’améliorer à court terme en offrant à Nick Suzuki et Jesperi Kotkaniemi un centre d’expérience sur lequel ils pourront s’appuyer de temps en temps. Le vétéran de 36 ans offrira aussi des options supplémentaires à Dominique Ducharme lorsque l’entraîneur-chef décidera de modifier ses plans en cours de partie.
Staal n’est plus le joueur qu’il a déjà été. C’est clair. Arrivées dans le dernier droit de sa 17e saison dans la LNH, ses meilleures années sont derrière lui.
Mais dans un contexte plus compétitif et surtout beaucoup plus positif que celui dans lequel il s’enlisait, à Buffalo, avec ses anciens coéquipiers des Sabres, Staal devrait avoir un impact plus palpable que ses trois buts et 10 points récoltés en 32 matchs l’indiquent.
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Je ne me laisserais pas trop déranger non plus par son différentiel de moins-20. Oui c’est lourd à porter. Mais quand on considère que les Sabres ont non seulement perdu leurs 16 derniers matchs (0-14-1-1), mais ils ont été incapables de gagner plus de six parties jusqu’ici cette année, il est clair que la volonté de se défoncer pour conserver ne serait que le début d’un commencement de chance de victoire était éteint depuis un bon moment.
De plus, Staal ne débarque pas à Montréal contre son gré. Le Canadien était l’une des dix formations figurant sur la liste des clubs vers lesquels le vétéran joueur de centre ne pouvait être échangé sans avoir, au préalable, obtenu son accord. Il est donc évident que celui qui a gagné la coupe Stanley avec les Hurricanes de la Caroline en 2005-2006 arrivera à Montréal la tête en paix et les patins plus légers.
Ça devrait aider…
Bien que vulnérable à la ligne bleue depuis que Ben Chiarot s’est fracturé la main droite lors d’un combat à Vancouver, le 10 mars dernier, à Vancouver, le Canadien a décidé d’opter pour du renfort à l’attaque plutôt qu’en défensive.
Le fait que Chiarot pourrait revenir au jeu plus vite que les informations préliminaires ne l’indiquaient a poussé l’état-major à se tourner vers l’attaque. Bien qu’aucune date précise n’ait été confirmée, il semble que Chiarot pourrait reprendre sa place dès la mi-avril. Donc deux bonnes semaines plus rapidement que prévu.
Au centre, à l’aile, du 4e au 1er trio…
L’an dernier au Minnesota, Staal a marqué 19 buts et totalisé 47 points en 66 matchs avec le Wild. C’était sa première saison sous la barre des 20 buts en quatre ans au Minnesota alors qu’il avait connu des campagnes de 22 buts (52 points), 42 buts (76 points) et 28 buts (65 points).
Autre fait saillant important pour Staal, il est rarement hypothéqué par des blessures comme en témoigne le fait qu’il n’a raté que quatre matchs lors des six dernières saisons. Il s’est même permis d’en disputer 83 en 2015-2016 en combinant les matchs joués avec les Hurricanes de la Caroline et les Rangers de New York.
Ça ne veut pas dire que Staal chassera, une fois sa quarantaine de sept jours écoulée, Suzuki ou Kotkaniemi de l’un des deux premiers trios. Mais il pourrait venir à la rescousse lors des matchs au cours desquels l’un des deux jeunes est visiblement à bout de souffle ou rattrapé par son manque d’expérience. Il pourra aussi pousser le dos de Phillip Danault si jamais le centre québécois retombe dans une léthargie offensive.
De prime abord, Staal me semble toutefois tout désigné pour hériter du quatrième trio offrant ensuite à l’entraîneur-chef Dominique Ducharme une option supplémentaire pour effectuer des ajustements en cours de partie. Un peu comme le coach l’a fait avec Corey Perry au fil des dernières rencontres avant que la Covid ne place le Canadien sur la touche.
Joueur d’expérience et de talent, le deuxième choix de la cuvée 2003 – derrière Marc-André Fleury – pourrait aussi être inséré à l’aile de temps en temps en cas de besoin.
Ce qui est clair, c’est que les Jake Evans, Artturi Lehkonen, Paul Byron et Joel Armia devront batailler ferme pour trouver une façon de percer l’alignement et d’y rester. Car avec l’expérience, le talent et les options qu’Eric Staal et Corey Perry offrent à leur entraîneur-chef, ils semblent compter sur des postes acquis au sein du quatrième trio. Cela dit, les deux «vieux» attaquants auront sans doute besoin d’un brin ou deux de repos de temps en temps alors que le calendrier menant à la fin de la saison régulière sera très chargé.
Parlant du calendrier qui attend le CH, la Ligue nationale devrait patienter jusqu’à samedi avant de confirmer le scénario qui permettra au Tricolore de reprendre les trois matchs annulés face aux Oilers et celui qu’il devait disputer dimanche contre Ottawa.
L’un de ces scénarios ramènerait le Canadien et les Oilers sur la patinoire du Centre Bell mardi prochain. Ce qui obligerait le report d’un deuxième match contre les Sénateurs. La proximité entre Montréal et Ottawa, le fait que les Oilers seront à Toronto samedi et lundi pour affronter les Leafs et qu’ils ne jouent pas avant le 2 avril à la maison contre Calgary mousse la tenue de ce scénario.
Deux choix sacrifiés
Revenons à l’acquisition de Staal :
Parce que Marc Bergevin tenait à garder tous ses joueurs afin justement d’avoir les ressources nécessaires pour composer avec la fin du calendrier et pallier d’éventuelles blessures, il a refusé de sacrifier des joueurs pour conclure cette transaction même si cela le plaçait dans une situation plus précaire sur le plan financier.
Les Sabres et leur directeur général Kevyn Adams ont donc aidé le DG du Canadien en acceptant de garder 50 % du salaire de 3,25 millions $ de Staal et la portion sous le plafond associée à cette retenue salariale. Pour convaincre son homologue de lui donner ce coup de main, Marc Bergevin a ajouté un choix de cinquième ronde (2021) au choix de troisième ronde (2021) initialement réclamé par Buffalo.
Marc Bergevin commentera la transaction plus tard. Il sera intéressant de l’écouter justifier le fait qu’il a effectué l’acquisition de Staal quelques jours après avoir assuré que les contraintes associées au plafond salarial l’empêchaient de tenter d’améliorer son équipe.
Bergevin n’a pas vraiment à se justifier. Son job premier est de prendre les moyens nécessaires pour améliorer son équipe. Il vient de le faire une fois de plus avec une acquisition qui fera du Canadien une meilleure équipe lorsqu’elle reprendra l’action la semaine prochaine que lorsqu’elle s’est fait sortir de la patinoire, lundi soir, moins d’une heure avant l’affrontement face aux Oilers d’Edmonton au Centre Bell.
Les directeurs généraux, que ce soit à Montréal ou ailleurs dans la LNH, voire dans n’importe quel sport professionnel «écrivent dans la glace et non dans le ciment» comme me le répétait souvent mon ancien collègue Pierre Ladouceur à La Presse. Lorsque la glace a fondu, il n’y a plus de traces de ce que le DG a écrit. C’est aussi vrai pour ses paroles qui s’envolent facilement.
Et ça fait partie du métier…
Bien qu’il prétendait avoir les pieds et les poings liés par la situation économique de son équipe, il était clair que Bergevin avait tout plein d’options à sa disposition.
L’acquisition d’un joueur qui écoule la dernière année de son contrat avec la bénédiction de son ancien club de garder une portion de son salaire en retour d’un choix supplémentaire était l’une des nombreuses options à la disposition de Bergevin.
C’était surtout la meilleure puisqu’il conserve tous ses joueurs en plus d’en ajouter un.
Contribution supplémentaire en séries
Bien que je ne m’attende pas à ce qu’il remplisse les filets adverses comme il le fait à ses beaux jours en Caroline, je crois vraiment qu’Eric Staal fera du Canadien une meilleure équipe.
Je crois aussi que c’est une fois en séries éliminatoires que l’expérience de Staal aidera le plus le Tricolore.
Je sais ! Il faut d’abord se rendre en séries. Mais je demeure convaincu qu’en dépit la pause Covid et ses répercussions négatives sur calendrier, en dépit les blessures qui privent le Canadien de Tyler Toffoli et l’obligera à patienter jusqu’à la fin de la saison avant de retrouver Ben Chiarot, le Canadien trouvera une façon de se tailler une place au sein du carré d’as de la division Nord. Pour ce qui est du carré d’as de la LNH, on va se garder une petite gêne...
C’est en séries que des gars comme Eric Staal et Corey Perry devraient être le plus en mesure d’aider le Canadien. C’est lorsque les matchs seront plus serrés, plus significatifs, que ces joueurs qui ont composé avec la situation plusieurs fois en carrière pourront s’imposer.
Bon ! Je suis conscient, comme tous ceux et celles qui demeurent un brin sceptiques, que ça fait une mèche (2005-2006) que Staal a soulevé la coupe à l’âge de 21 ans. Que cela fait 12 ans qu’il s’est rendu en finale d’Association. Une finale qu’il a perdue aux mains des Penguins de Pittsburgh. Et surtout qu’il n’a jamais pu franchir la première ronde – ni même la ronde de qualification l’an dernier – à ses trois dernières visites en séries : une avec les Rangers, deux avec le Wild.
Mais comme je l’ai indiqué plus haut, Eric Staal n’est plus le joueur capable de transporter, à lui seul, le Canadien jusqu’aux séries. Le joueur qui fera, à lui seul, du Canadien un club susceptible de se rendre loin, voire très loin, en séries.
Il est toujours le genre de joueurs qui fait du Canadien une meilleure équipe dès maintenant et qui fera du Canadien, une meilleure équipe une fois rendue en séries.
Compte tenu de ce qu’il est toujours en mesure d’offrir sur la patinoire, compte tenu du fait que les Sabres laissent au Canadien un brin de marge de manoeuvre sous le plafond en gardant 50 % de son salaire, considérant que le Canadien a encore 12 sélections lors du prochain repêchage – dont deux en troisième et cinquième ronde malgré la transaction – Eric Staal représente à mes yeux une acquisition plus qu’intéressante pour le Tricolore.
Il ne reste qu’à attendre les résultats sur la patinoire pour confirmer, ou faire mentir, mes prétentions...