«Il possède autant de cran et de détermination que Milan Lucic, mais dans un corps un peu différent!» Don Hay a choisi cette comparaison fascinante pour décrire la révélation de l’année chez le Canadien.

Hay considère qu’il a eu le privilège de diriger Brendan Gallagher pendant quatre saisons avec les Giants de Vancouver. À ses débuts dans la Ligue junior de l’Ouest à 16 ans, Gallagher devait encore confondre les sceptiques qui ne croyaient pas en ses chances de réussir à ce niveau.

«Brendan comprend très bien son identité en tant que joueur. Il sait comment jouer en tant qu’athlète plus petit. Il était l’un des meilleurs marqueurs quand il jouait peewee, bantam, midget et les gens disaient toujours qu’ils ne pourraient pas garder le même style en grimpant les échelons. Ça s’est répété dans le junior et la LNH, mais il a continué de faire mentir les gens», a confié Hay qui était ravi de prendre du temps pour discuter de Gallagher même s’il se trouve présentement à Sotchi, en Russie, au Championnat mondial des moins de 18 ans.

Gallagher concède peut-être plus de 40 livres à son nouveau rival des Bruins de Boston – qui a aussi évolué sous les ordres de Hay – mais il a toujours déployé un style sans crainte.

«Même quand j’étais encore plus petit au niveau mineur, je jouais de cette façon. Les entraîneurs me disaient tous que je devais me diriger au filet. Ce fut toujours mon style et c’est la seule façon que je sais jouer», a admis celui qui pourrait être candidat au trophée Calder en plongeant dans ses souvenirs.

Après avoir récolté 280 points en 244 parties dans l’uniforme des Giants, Gallagher vit une première saison professionnelle particulière. En raison du conflit de la LNH, il a entamé la campagne avec les Bulldogs de Hamilton où il a pris son erre d’aller avec 20 points en 36 parties.

Inspiré par ce début, il a forcé les dirigeants du Canadien de le garder à Montréal et il produit à un rythme encore plus élevé étant auteur de 13 buts et 11 aides en 38 rencontres dans la LNH.

«Parfois, certains joueurs trouvent que c’est plus facile de jouer dans la LNH ou de récolter des points à ce niveau en bénéficiant de joueurs plus talentueux autour d’eux», a convenu Sylvain Lefebvre, son entraîneur avec les Bulldogs, qui savait qu’il ne le reverrait pas à Hamilton.

Brendan Gallagher«Il continue de jouer avec acharnement si bien que son succès ne me surprend pas du tout. Il obtient des points parce qu’il est prêt à faire le travail sal en allant dans les coins de patinoire et devant le filet. Ça implique de manger des coups, mais il utilise aussi son talent dans des endroits restreints», a analysé Lefebvre.

Quelques joueurs ont côtoyé Gallagher à Hamilton et à Montréal cette saison. Michael Blunden appartient à ce groupe et il a été épaté à un moment précis par le coriace athlète.

«J’étais plus surpris quand je l’ai vu aller en début de saison à Hamilton. Je l’avais vu l’an dernier au camp d’entraînement avec le Canadien. Il est devenu beaucoup plus fort sur ses patins et il encaisse mieux les coups tout en protégeant la rondelle», a vanté Blunden qui n’hésiterait jamais à se sacrifier pour défendre le petit numéro 11.

Raffiner un style construit sur l’intensité

Après avoir impressionné ses deux entraîneurs précédents, Gallagher a accompli cette mission qui était encore plus redoutable avec le pilote du Canadien. Michel Therrien n’est pas reconnu pour s’émerveiller aisément et Gallagher a su retenir son attention de façon positive.

Parmi les premières fleurs envoyées par Therrien à Gallagher, il a mentionné qu’il ne se présentait pas en talons hauts, mais bien avec ses bottes de travail.

Alors que son équipe traverse une période trouble, Gallagher ressort du lot comme l’un des rares éléments positifs et voilà pourquoi Therrien n’était pas gêné de le complimenter une autre fois.

«On connaissait tous sa détermination. Mais ce qui est surprenant, c’est qu’il est toujours capable de jouer avec cette intensité et de devenir dérangeant pour l’adversaire», a mentionné Therrien avant d’aborder sa progression.

«Depuis son arrivée avec nous, il s’est amélioré sur sa lecture de jeu avec et sans la rondelle. Pour un jeune en période de développement, il est capable de contribuer énormément aux succès de l’équipe.» 

Brendan GallagherDe son côté, le principal intéressé demeure discret quand on le questionne sur ses réussites. En insistant, on peut tout de même lui soutirer quelques informations.

«Je me suis amélioré sur ma compréhension générale du jeu dans la LNH qui comporte certaines différences dont le temps limité pour exécuter nos jeux. Je ne suis pas surpris d’amasser des points parce que ça fait partie de mon jeu, mais j’ai encore tellement de choses à perfectionner», a-t-il raconté.

À l’image de Blunden, Nathan Beaulieu a retrouvé Gallagher dans l’entourage du Canadien. Les deux hommes ont aussi été coéquipiers à Hamilton et avec le Canada au Championnat mondial junior. 

Grâce à son flair offensif, Beaulieu a décelé une progression de Gallagher dans cette catégorie. «Il possède maintenant une plus grande confiance avec sa touche de marqueur et c’est génial à voir», a noté Beaulieu.

Avant de se forger une place dans la LNH, le choix de cinquième ronde du CH en 2010 avait fait écarquiller bien des yeux à ses deux premiers camps d’entraînement à l’automne 2010 et 2011, mais ce travail a été effacé à la suite des changements dans la direction de l’organisation.

Lefebvre et ses adjoints ont cerné quelques éléments à peaufiner que les amateurs les plus observateurs avaient pu remarquer dans le passé.

«On a travaillé sur sa prise de décisions avec la rondelle parce qu’il avait parfois tendance à garder le disque trop longtemps. C’est un joueur qui doit utiliser ses partenaires pour arriver à ses fins», s’est rappelé Lefebvre.

Un habitué des sacs de glace!

Gallagher, qui ne perd jamais son sourire, a rapidement fait rager ses adversaires de l’Association Est. Parlez-en notamment à Ryan Miller qui a été victime de trois de ses 13 buts.Brendan Gallagher

Au-delà des gardiens, le petit poison offensif a compliqué la tâche de plusieurs défenseurs. En retour, ces derniers ne se gênent guère pour utiliser leur bâton à outrance dans le dos de Gallagher.

Ce « traitement privilégié » l’incite à consommer une grande quantité de sacs de glace au terme des matchs, comme quelques coéquipiers!

Son entraîneur junior se souvient d’ailleurs d’une conséquence de ses visites ponctuelles devant le filet.

«Bien sûr, il a écopé de plusieurs punitions pour obstruction sur le gardien», a avoué en riant Hay, qui communique régulièrement avec lui par messages texte. «Il sait qu’il sera puni soit par les officiels ou les coups d’adversaires, mais il y retourne sans problème.»

Quand un succès est basé sur une demi-saison, il ne peut effacer tous les doutes. En ce qui concerne Gallagher, le sujet est récurrent alors que sa longévité dans la LNH est remise en question en raison de son gabarit et sa combativité.

«Personne ne peut lire dans une boule de cristal, mais Brendan prend soin de lui. Il connaît une seule façon de jouer et je ne l’imagine pas changer cela. Le temps dira s’il peut raffiner son style, mais il doit vivre le moment présent parce que ça fonctionne», a statué Lefebvre.

«Je le répète, à chaque fois qu’on doute de lui, il réussit quand même. Il va jouer à fond de train aussi longtemps qu’il le pourra. Il représente une superbe addition à n’importe quelle équipe avec son énergie et son enthousiasme; c’est une très belle qualité à posséder», a rappelé Hay qui place Gallagher auprès des grands joueurs qu’il a dirigés comme Shane Doan, Jarome Iginla, Darcy Tucker et Lucic.