PHILADELPHIE - En l’espace de quelques minutes, Nikita Scherbak a charmé les dizaines de journalistes qui étaient curieux de découvrir l’intrigant joueur repêché au 26e rang par le Canadien avec son unique sélection de première ronde.

Même s’il était envahi par une énorme nervosité au point de ne pratiquement pas pouvoir manger de la journée, le Russe de 18 ans a été tout simplement passionnant à écouter. C’est d’autant plus vrai qu’il a appris la langue anglaise pendant la dernière année.

« Mon Dieu, je suis si nerveux! C’est incroyable de vivre de telles émotions, c’est une très belle journée pour moi », a lancé le Russe au visage d’enfant en enchaînant sur ce qu’il connaît de Montréal.

« Merci, bonjour », a-t-il proposé avec le sourire.

« J’ai commencé tranquillement à parler avec les gens autour de moi. Au début, c’était si difficile, je pouvais seulement leur faire des signes. Peut-être que j’apprendrai le français maintenant! », a ajouté Scherbak en faisant bien rire l’audience.

Repêcher un joueur russe représente toujours un risque pour son avenir dans la LNH, mais Scherbak semble s’avérer un pari fort intéressant. En fait, il était classé plus haut sur la liste du Canadien qui a évalué la possibilité de descendre de quelques échelons s’il avait été volé par une autre équipe avant son tour.

« Nous avons découvert quelqu’un avec beaucoup de personnalité et de la confiance. Montréal est un marché différent et on pense qu’il pourra s’adapter à cela. De plus, nous avons des joueurs russes dans notre équipe qui pourront l’aider », a indiqué le directeur général Marc Bergevin au sujet de sa récente prise.

Sans avoir peur de se tromper, on peut prétendre que cet attaquant de six pieds deux pouces qui pèse déjà 190 livres possède une personnalité fort différente de celle d’Andrei Markov! Qui sait, peut-être l’ajout de ce divertissant jeune incitera Markov à se dévoiler davantage aux amateurs et aux journalistes.

« Markov pourra peut-être m’aider avec le français », a suggéré Scherbak sans connaître cet aspect de la personnalité de Markov.

Bergevin, Trevor Timmins et leur groupe n’ont pas hésité une seconde à mettre la main sur cet espoir car il avait déjà fait le saut en Amérique du Nord pour évoluer avec les Blades de Saskatoon la saison dernière.

« Nous avons eu cette discussion ensemble, il y a toujours un risque, mais on a décidé de le prendre. Il n’y a aucune garantie et je ne peux pas dire qu’il ne jouera jamais en Russie, mais il avait sa place dans ce repêchage avec un tel talent. Peut-être que ce n’était pas dans le top-10 en raison de ce risque, mais ça valait le coup en 26e place », a expliqué Bergevin.

« Je l’ai dit plusieurs fois, la LNH représente mon rêve et je ne pense pas à la KHL. J’ai décidé de venir au Canada justement parce que je veux jouer dans la Ligue nationale avec les meilleurs joueurs au monde », a rassuré Scherbak.

Un futur coup de circuit?

Même si son équipe d’adoption ne disposait pas d’un grand réservoir de talent, l’athlète originaire de Moscou a amassé 28 buts et 50 mentions d’aide en plus de 46 minutes de punition.

À maturité, le Canadien espère que Scherbak deviendra un attaquant du top-6, une ressource recherchée activement par l’organisation. Le principal intéressé aime épier le jeu de Ryan Nugent-Hopkins en se décrivant davantage comme un fabricant de jeux.

« Les joueurs ne commencent pas dans ce rôle, mais on le voit sur les deux premiers trios éventuellement. Il a le talent pour ça, ses habiletés sont présentes », a analysé le DG.

Jeudi, Timmins, le directeur du recrutement amateur du CH, avait soulevé qu’il pourrait s’élancer pour un coup de circuit étant donné que son rang de sélection était tardif.

« Le temps le dira, mais il pourrait en être un, mais normalement les joueurs avec ce talent sortent plus rapidement », a jugé Bergevin.

Le Tricolore a préféré ce fervent de Pavel Datsyuk et Alex Kovalev à quelques autres cibles comme Joshua Ho-Sang.

Les dirigeants du CH ont confirmé leur intérêt envers Scherbak en le rencontrant une dernière fois à Philadelphie à l’approche du repêchage. Pour Bergevin, il s’agissait d’un premier contact avec cet étonnant joueur et il a été séduit par sa personnalité et son caractère.

« Notre dépisteur russe était avec nous pendant la rencontre et il ne l’a jamais regardé pour l’aider à trouver des mots. Il se forçait pour s’exprimer donc c’est révélateur et ça me démontre du caractère; il est prêt à apprendre », a vanté Bergevin.

« Son charme et sa personnalité, je vois cela comme du positif. On a surtout remarqué son désir de jouer dans la LNH, il aurait pu facilement rester en Russie, mais il a choisi de venir à Saskatoon », a poursuivi le dirigeant montréalais.

Fidèle à sa personnalité, Bergevin n’a pu s’empêcher de blaguer quand il s’est présenté au podium du Wells Fargo Center et il a fait rigoler la foule qui avait hué Gary Bettman sans cesse et toutes les équipes à l’exception des Flyers bien sûr. Bergevin a gagné l’appui de la foule en disant qu’il vivait un sentiment nouveau : celui d’être confortable pour la première fois sur une patinoire à Philadelphie.
 

« Je suis tellement nerveux »
« C'est incroyable pour moi »