Une défaite aux allures de déjà-vu pour le CH!
Canadiens mercredi, 26 févr. 2020. 01:41 jeudi, 12 déc. 2024. 05:30
MONTRÉAL - Les journalistes n’étaient pas encore tous descendus de la galerie de presse après que Tyler Toffoli eut scellé l’issue du match en faveur des Canucks après 95 secondes de jeu en prolongation que les portes du vestiaire du Canadien se sont ouvertes.
Une surprise?
Ô que oui! Normalement, les portes demeurent scellées de longues minutes après une défaite. Surtout après une défaite un brin gênante comme celle que le Canadien a encore subie mardi alors qu’elles s’ouvrent souvent après le délai maximum imposé par la LNH...
Pas mardi!
Une fois dans le vestiaire, c’est un silence mortuaire qui nous attendait. Seuls le bruit sourd du système de ventilation et le son plus sourd que produisait un gros ballon d’entraînement chaque fois qu’il frappait le mur du gymnase adjacent au vestiaire brisaient ce silence. Les niveaux de décibels et de vibration que le ballon générait lors des impacts témoignaient du très haut niveau de frustration de celui qui le lançait. Peu importe son nom.
Pour le reste, rien. Ou si peu.
Carey Price méditait sans doute sur les quatre buts accordés bien tranquille dans son coin. Max Domi, victime du but de la victoire qui est venu entacher une performance plus qu’honnête de son trio, délassait ses patins en silence. Brendan Gallagher répondait tellement posément aux questions posées que le fracas du ballon frappant le mur de l’autre côté du vestiaire étouffait ses réponses.
C’est Tomas Tatar qui nous a permis de réaliser que la défaite, malgré ses airs de déjà-vu, faisait plus mal qu’on pouvait le croire. Épargné par les questions des journalistes, Tatar a lentement quitté le vestiaire par la porte arrière qu’il a franchie en hurlant un « Fuck! » bien senti.
C’était presque rassurant de réaliser que la défaite, bien qu’encaissée en prolongation, pinçait au moins un peu les joueurs du Canadien. Ou au moins certains d’entre eux.
Du gaspillage : en voulez-vous? En v’là!
Au lendemain du départ de trois de leurs coéquipiers vers des équipes ayant non seulement des chances d’accéder aux séries, mais de se rendre loin, voire très loin en séries, alors que les chances du Canadien sont maintenant simplement théoriques, au lendemain d’une sortie de leur directeur général Marc Bergevin qui a dénoncé l’incapacité de ses joueurs de gagner sur une base régulière à la maison et surtout leur vilaine habitude de gaspiller des avances qu’est-ce qu’ils ont fait les joueurs du Canadien?
Ils ont gaspillé une avance de 2-0. Ils ont ensuite gaspillé une avance de 3-2 avant d’encaisser un revers de 4-3 en prolongation. Un 36e revers en 65 matchs cette saison (29-27-9). Un 21e revers en 34 matchs (13-15-6) devant des partisans de moins en moins nombreux au Centre Bell.
Tout avait pourtant encore bien commencé pour le Canadien qui s’est offert une avance de 2-0 dans un deuxième match de suite et pour la 6e fois depuis le début du mois de février.
Ce n’est pas rien!
Mais lors de ces six matchs, le Canadien en a perdu pas un, pas deux, pas trois, mais bien quatre! Deux en temps réglementaires, deux autres en prolongation.
De fait, le Canadien a gaspillé une avance de 2-0 pour la neuvième fois en 12 occasions cette saison (3-6-3).
Pire que ça, il n’a gagné qu’une seule des six parties (1-5-0) au cours desquelles il s’est offert une avance de 2-0 dès la première période.
Autre exemple de gaspillage : après avoir vu les Canucks effacer l’avance de 2-0 du Tricolore, Jordan Weal a redonné les devants aux siens en tout début de troisième période.
Le Canadien a échappé cette avance d’un but pour la 34e fois de la saison encaissant du coup un 21e revers (13-13-8).
« Le match de ce soir démontre une fois encore à quel point nous avons manqué d’instinct de tueur cette saison », a philosophé Brendan Gallagher.
J’aurais préféré qu’il se limite à dire : en voulez-vous du gaspillage, en voilà! Mais bon! Je crois que c’est ce qui se cachait derrière le hurlement de dépit craché par Tatar.
Temps d’arrêt opportun
Parce que les coachs peuvent profiter des trois pauses publicitaires obligatoires par période et que les matchs se décident très souvent dans les dernières minutes du dernier tiers, ils sont de moins en moins enclins à utiliser leur temps d’arrêt tôt dans un match.
Mardi, alors que ses Canucks avaient l’air de tout sauf de l’équipe qui a battu les Bruins de Boston 9-3 à Vancouver, Travis Green a dérogé à cette règle qu’il applique habituellement. Il a réclamé un temps d’arrêt après que le Canadien eut marqué deux buts rapides (84 secondes) dès les 10 premières minutes du match.
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« On n’avait pas joué depuis samedi. On commençait un voyage de quatre parties ce soir et nos gars étaient complètement perdus sur la patinoire. On se faisait manger tout rond. À 2-0 on avait encore des chances pour revenir, à 3-0 je ne crois pas qu’on aurait pu y arriver. Il fallait donc réagir tout de suite et c’est ce que j’ai fait », a expliqué Green après la rencontre.
Et son équipe a bien réagi.
« Nous avons de bons joueurs. Nous avons des joueurs confiants. Il fallait juste reprendre le contrôle du jeu. Ce qu’on a fait après un très mauvais début de match. »
Tyler Toffoli a atteint le plateau des 20 buts avec le but de victoire en prolongation. Acquis la semaine dernière des Kings de Los Angeles, Toffoli affiche trois buts et cinq points en trois matchs avec sa nouvelle équipe.
Comment expliquer cette production?
« Nous recherchions un bon joueur pour mousser nos chances d’atteindre les séries et d’aller le plus loin possible en séries. Tyler est un bon joueur et il joue avec de bons joueurs (Ellias Pettersson et J.T. Miller) », que Travis Green a expliqué.
Quinn Hughes, malgré un match ordinaire comme il l’a lui-même qualifié, a atteint le plateau des 50 points (8 buts, 42 passes) à sa saison recrue. «C’est une belle marque. Surtout qu’il me reste encore une vingtaine de parties pour améliorer cette fiche. Mais je suis surtout soulagé d’avoir vu Tyler (Toffoli) marquer en prolongation. J’avais eu deux très bonnes occasions avant lui et je n’avais pas été en mesure de déjouer Carey Price. Si on avait perdu ce match-là, je n’aurais pas été capable de dormir cette nuit tant mes occasions étaient belles», que le candidat au trophée Calder a expliqué après la victoire.
Comment Travis Green explique-t-il que sa recrue soit en mesure d’afficher autant d’aisance, de maturité et de résultats alors qu’il a l’air d’un adolescent sur le point d’entrer au cégep?
« Quinn est un bon joueur, vous savez... »
Et ton gardien? Après une saison ordinaire passée dans l’ombre de l’excellent Jacob Markstrom qui est blessé actuellement, Thatcher Demko a bloqué 37 des 40 tirs du Canadien pour signer sa 11e victoire et le voilà dans une situation où il devra assumer un rôle de numéro?
« Tatcher est un bon joueur vous savez », que Green a encore répondu.
Comme quoi il est plus facile de gagner lorsque tu comptes sur de bons joueurs...
Points positifs
- Max Domi et ses compagnons de trio – Paul Byron et Jordan Weal – ont disputé un bon match mardi. Domi a effectué du bon travail dans le coin de la patinoire pour permettre à ses deux ailiers de marquer les premier et troisième buts du Canadien. Domi, qui a peiné à produire sur une base régulière cette saison, a marqué un but et ajouté quatre passes à ses six derniers matchs. Il avait eu besoin de 20 matchs pour récolter ses six points précédents…
- Le Canadien s’est offert une avance d’un but à deux reprises aux dépens des Canucks. C’était la 71e fois en 50 matchs que le Tricolore se donnait une avance d’un but. Ce qui est très bien. Il a malgré tout perdu pour la 21e fois lors de ces 50 parties (29-13-8). Ce qui l’est un peu moins…
Points négatifs
- Le but de Tyler Toffoli en prolongation est venu entacher un brin la soirée de travail de Max Domi, Paul Byron et Jeff Petry qui ont semblé manqué de combativité sur le but. Ils ont plutôt été victimes du fait qu’ils n’ont jamais été en mesure de retraiter au banc après avoir amorcé la prolongation. Après avoir passé 95 secondes sur la glace à trois contre trois, Domi et ses coéquipiers n’étaient plus en mesure de suivre le rythme des Canucks. Avec le résultat qu’on connaît. « On savait qu’ils étaient fatigués. Ça nous a permis de pouvoir bouger la rondelle avec vitesse, ce qui est nécessaire pour maximiser les chances de déjouer un gardien comme Carey Price », a indiqué Tyler Toffoli…
- Le Canadien a été blanchi au cours de la seule supériorité numérique qu’il a obtenue mardi face aux Cancuks. Qui eût cru qu’on s’ennuierait si vite de Nick Cousins…
- En passant, c’était la 37e fois cette saison que le Canadien faisait chou blanc en attaque massive dans un match. Sa fiche lors de ces 37 rencontres : 16-17-4…
- Le Canadien a accordé deux buts en désavantages numériques pour la huitième fois cette saison. Il a encaissé un septième revers (1-4-3). Inversement, le Tricolore a un dossier de 3-2-0 dans les cinq matchs au cours desquels il a inscrit deux buts en attaques massives…
- Le Canadien a décoché plus de tirs – 63 contre les 55 des Canucks – que ses adversaires pour la 40e fois en 65 parties cette saison. Il a pourtant perdu 24 de ces 40 matchs (16-22-2). Cette statistique est toutefois difficile à interpréter quand on considère que la même équipe affiche un dossier de 13-4-6 dans les 23 matchs au cours desquels elle a décoché moins de tirs que ses adversaires. Les deux autres? Le Canadien a perdu une fois en temps réglementaire et une fois en prolongation lorsque les deux clubs ont décoché le même nombre de tirs…
- Je ne sais pas si Jonathan Drouin est toujours ennuyé par sa blessure au poignet, mais il a été encore discret mardi soir. Très discret même. Peut-être même trop...