BROSSARD – Même s’il avait pu savourer un premier trophée Norris en 2013, le bruit qui courait soutenait que P.K. Subban devait encore prouver une multitude de choses à ses détracteurs. L’énergique défenseur a accompli un grand pas dans la bonne direction avec sa deuxième nomination, mais il vise nettement plus haut.

Au-delà de ses 60 points amassés en saison régulière (le 2e plus haut total derrière Erik Karlsson), sa candidature à cette prestigieuse récompense englobe l’évolution de son travail défensif d’après Marc Bergevin.

« Il n’y a aucun doute pour moi. À mon avis, cette nomination est encore plus importante parce qu’il a démontré une facette de son jeu qu’il a amélioré depuis notre arrivée. Je ne suis pas surpris et je suis très fier de lui », a reconnu Bergevin saluant la maturité plus chevronnée de son défenseur.

L'importance de la défensive

De son côté, Subban s’est accroché à son discours habituel laissant croire qu’il se moque de l’avis des observateurs qui désiraient le voir devenir un athlète plus complet.

« Je ne joue pas pour plaire aux observateurs ou les journalistes. On nous accole tous une étiquette et elle n’est pas toujours représentative. Depuis que Marc et Michel (Therrien) sont arrivés en poste, mon jeu ne s’est qu’amélioré. Ils ont travaillé très fort avec moi pour que ça se produise », a préféré expliquer le volubile personnage.

À l’aise comme un poisson dans l’eau quand il se retrouve au cœur de l’attention, Subban s’est tout de même assuré de vanter le travail de ses comparses sans lesquels il n’aurait pas pu briller de tous ses feux.

« C’est toujours agréable d’être reconnu pour son travail individuel, mais plusieurs joueurs ont connu d’excellentes saisons dans notre équipe et ça permet au groupe de connaître du succès. Pour nous, l’accomplissement c’est la façon dont nous avons bien joué en équipe et j’ai pu en bénéficier au plan personnel. Je considère que c’est la meilleure équipe depuis mon arrivée à Montréal », a souligné le numéro 76.

Jumelé la plupart du temps avec le vétéran Andrei Markov, Subban a partagé une partie de cette reconnaissance avec celui qui n’a pas hésité à l’embrasser tout récemment à la suite d’un but crucial.

« Il ne reçoit pas assez de crédit. Je ne crois pas que je serais dans cette situation sans lui », a-t-il témoigné avec reconnaissance.

Quelques minutes plus tard, Markov a esquissé un rare sourire en entendant de tels remerciements, mais il n’était quand même pas pour lancer uniquement des fleurs à son partenaire.

« Je suis content pour lui, c’est bien de voir un coéquipier accomplir quelque chose comme ça pour l’équipe. C’est sa deuxième nomination, ça en dit beaucoup », a révélé Markov en soulignant que Subban n’est pas encore arrivé à son apogée.

« Je pense qu’il a encore de la place à l’amélioration. À mon avis, on ne cesse jamais de progresser. »

Peu de temps après, Markov y est aussi allé d’une blague contenant sans doute un fond de vérité.

« Vous (en parlant des journalistes), vous le rendez encore meilleur », a-t-il exprimé avec un sourire en coin.

Cette petite plaisanterie ne fait que démontrer que les athlètes utilisent souvent la carte de la franchise entre eux pour motiver l’autre. Subban a confirmé en étant le plus critique à son endroit.

« C’est ma cinquième année complète dans la ligue, c’était plus que temps de voir des changements dans mon jeu! », a-t-il déclaré.

« Mon jeu s’améliore, mais je peux en faire beaucoup plus. Je joue avec des joueurs qui veulent être constants tous les soirs et c’est un défi emballant », a continué Subban.

Pourquoi ne pas soulever la coupe Stanley

Subban, un choix de deuxième ronde en 2007, a été repêché à l’état de diamant brut. Depuis ce temps, il a traversé plusieurs étapes de polissage grâce à son entourage.

« La première chose que Michel m’avait mentionnée c’est que j’étais un bon joueur, mais qu’il voulait que je devienne encore meilleur. Lui et Marc ont pris soin que je devienne responsable de mes actions et je voulais que ça soit ainsi. Quand je fais une erreur, c’est ma responsabilité et ça me rend un meilleur athlète. Le succès de l’équipe prime avant tout et je remercie l’organisation », a ciblé Subban.

En utilisant son ambition comme carburant, le redoutable tireur s’inspire de grands noms du sport pour tracer son chemin dans la LNH.

« J’aime être à la hauteur quand mon équipe a besoin de moi. Tous les joueurs veulent permettre à son équipe d’avoir le dessus. On ne veut pas être les athlètes qui s’effacent quand ça compte et les meilleurs athlètes du monde sont reconnus pour se démarquer quand ça se corse », a évoqué Subban.

« Tom Brady est un bon exemple, personne n’aurait imaginé qu’il gagnerait un Super Bowl de cette façon (un jeu défensif in extremis), mais ça prend aussi un peu de chance pour réussir. Il est admiré pour sa façon d’aborder le sport et j’essaie de m’en inspirer un peu en ayant la bonne approche », a poursuivi le meneur de 25 ans.

Subban n’a pas arrêté sa référence à ce point, il est allé encore plus loin avec ce qui serait une conclusion idéale pour les fervents du CH.

« Quand Price m’a félicité, j’étais content de lui dire que nous irions les deux à Las Vegas, mais j’ai enchaîné en lui disant qu’on devrait gagner la coupe Stanley pour y amener toute l’équipe! »