Une performance à répéter
Canadiens jeudi, 4 janv. 2018. 20:52 jeudi, 12 déc. 2024. 06:36Avouez que vous êtes surpris! Avouez qu’après la performance lamentable de mardi contre San Jose, vous ne donniez pas cher de la peau du Canadien; que vous étiez convaincus que la série de revers consécutifs se prolongerait à six face au puissant Lightning de Tampa Bay.
Consolez-vous : vous n’étiez pas seul.
Et on va se le dire honnêtement, la victoire de 2-1 aux dépens de la meilleure équipe de la LNH fera baisser, à défaut de l’apaiser, la pression démesurée associée aux insuccès répétés du Tricolore depuis... trop longtemps.
Oui! Le Canadien est encore loin de la coupe Stanley. Oui! Il a eu besoin des arrêts miraculeux de Carey Price pour gagner. Oui! Il a eu besoin de se rendre en tirs de barrage pour signer une 17e victoire cette saison. Eh oui, cette première victoire en 2018 ne rapproche pas le Canadien d’une place en séries puisque Toronto, Philadelphie et la Caroline – au moins les Bruins et les Panthers n’ont pas joué en raison de la tempête qui déferle sur la côte est – ont signé des victoires qui gardent le Tricolore loin de l’objectif minimum de disputer au minimum une ronde éliminatoire.
Mais au-delà de la victoire, c’est la performance offerte par le Tricolore qui a ravi les partisans présents au Centre Bell jeudi. Le Canadien aurait perdu en tirs de barrage ou même au cours de la prolongation endiablée qu’ont offert les deux clubs qu’ils seraient rentrés heureux à la maison. Je crois même qu’ils auraient fait contre mauvaise fortune bon cœur si Alex Killorn avait brisé l’égalité en toute fin de troisième période.
Jeudi soir, le prix des billets n’était pas démesuré. Pas plus que celui de la bière, du «hot-dog», du «Pop Corn» ou des souvenirs. En fait oui! Ces prix demandés sont tous démesurés, mais personne ne s’en est plaint parce que le Canadien a bien joué, parce que les deux équipes ont offert un grand match de hockey et oui bien sûr, parce que le Tricolore a gagné.
Face à des partisans qui s’attendaient au pire, le Canadien a joué du hockey inspiré. Il a patiné. Il a généré de l’attaque. Il ne s’est pas contenté de multiplier des tirs anodins susceptibles de gonfler des statistiques avancées, mais qui ne se transformeront jamais en but, il a créé des occasions de marquer. Et de bonnes à part ça.
S’il est clair que Carey Price a volé le match en prolongation avec ses arrêts successifs aux dépens de Tyler Johnson et Ondrej Palat, Andrei Vasilevskiy a profité de son duel face à Carey Price pour prouver hors de tout doute que ses performances depuis le début de l’année ne sont pas le fruit du hasard.
Le Canadien a disputé son meilleur match depuis longtemps. Peut-être son meilleur cette saison.
Au-delà de la victoire, c’est la performance offerte face au Lightning que le Canadien doit s’assurer de répéter. C’est l’effort déployé. Tout n’a pas été parfait. Loin de là. Je vais d’ailleurs revenir plus loin sur les bourdes lamentables multipliées lors des sorties de zone du Tricolore, mais dans l’ensemble, l’effort réclamé par Claude Julien a été obtenu.
« Le talent ne te mènera nulle part s’il n’est pas appuyé d’efforts. Notre victoire de ce soir prouve qu’on peut rivaliser avec de très bons clubs lorsqu’on se met dans la tête de jouer de la bonne façon. Notre défi maintenant sera d’obtenir le même genre d’effort sur une base plus régulière », a indiqué l’entraîneur-chef du Canadien après la victoire aux dépens du Lightning.
Ce message, Claude Julien l’a livré à ses leaders offensifs mercredi lorsqu’il a indiqué que ses meilleurs éléments auraient dû hériter de la coupe Molson que Nicolas Deslauriers a reçue à titre de meilleur joueur du Tricolore au cours d’un mois de décembre désolant au plus haut point pour plusieurs d’entre eux.
« Vous êtes capables de lire entre les lignes», que Max Pacioretty a indiqué lorsque les journalistes lui ont demandé s’il avait senti que cette remarque visait à fouetter le capitaine et les autres meneurs offensifs du Tricolore.
« C’était clair à mes oreilles », a fini par convenir le capitaine.
C’est peut-être ce qu’il y a de plus positif à tirer du match de jeudi. Le message lancé par Claude Julien a été non seulement reçu, mais il a été compris.
Peu importe le système, peu importe les trios concoctés, peu importe les joueurs rayés de la formation, les joueurs en uniforme ont fait ce qu’ils doivent impérativement faire chaque match pour ne pas se fier uniquement à Carey Price et à ses jambières pour gagner : ils ont déployé l’effort nécessaire pour aider leur gardien à gagner.
Le Canadien ne gagnera pas tous les matchs qu’il disputera en deuxième moitié de saison. Ça non! Mais s’il joue ses 41 prochains matchs de la façon dont il a disputé la 41e partie d’une saison qui ne va nulle part pour l’instant, il gagnera plus souvent qu’il ne perdra.
Ce ne sera peut-être pas assez pour accéder aux séries. Mais à défaut de prolonger la saison, les 41 prochains matchs permettront d’avoir un meilleur portrait de l’identité réelle de cette équipe et des joueurs qui la composent.
Après avoir écrit souvent, très souvent, trop souvent, cette année que le Canadien venait d’offrir des performances à oublier, on peut écrire avec certitude ce soir qu’il vient d’offrir face au Lightning une performance à répéter.
Observations sur cette victoire qui s’est fait attendre:
- Pacioretty a mené la charge
- Quand Price vaut le prix d’entrée
- Galchenyuk impliqué
- Gallagher-Plekanec-Byron
- Sorties de zone laborieuses
Chiffre du match : 11 – Max Pacioretty (5), Charles Hudon (3) et Phillip Danault (3) ont obtenu un total de 11 tirs au but. Ce trio a été, et de loin le meilleur du Canadien face au Lightning. S’il a marqué sans l’aide de ses compagnons de trio – Mikhail Sergachev a offert une passe parfaite à Pacioretty qui s’est retrouvé seul devant le gardien du Lightning – le capitaine du Canadien a offert des occasions en or à ses deux compagnons de trio. Je ne sais pas si ce trio tiendra le coup bien longtemps, mais Claude Julien a peut-être eu la main heureuse en formant cette combinaison…
Pacioretty a mené la charge
Max Pacioretty s’est fait voler un but dès sa première présence jeudi soir. Comme l’avait fait Anders Nilsson, à Vancouver, le 19 décembre, Andrei Vasilevskiy a effectué un arrêt du tonnerre pour prolonger le calvaire offensif du capitaine.
Qu’est-ce qu’on se dit quand on se fait voler un but dont on a tant besoin pour relancer sa confiance, pour relancer sa saison? «On se dit continue à jouer au hockey», a répondu Max Pacioretty.
Je veux bien. Mais à quel point est-ce difficile de se lancer pareil message et le croire?
« Je mentirais si je te répondais que c’est facile. Je suis le premier à me mettre de la pression sur les épaules. Mais je ne suis pas dupe non plus. Je sens la pression qui vient de partout aussi. Je dois produire. Et quand tu es dans une séquence noire et que tu te fais voler un but par un gardien qui est « hot » ou que tu te fais refuser un autre but – un but de Pacioretty a été renversé après un appel pour hors-jeu non signalé à Calgary le 22 décembre – ça te tourne dans la tête », a convenu le capitaine après la rencontre de jeudi.
Malgré l’arrêt réalisé par Vasilevskiy à ses dépens sur sa première présence, Max Pacioretty a décoché un tir des poignets dès sa présence suivante au terme d’une descente à deux contre un en compagnie de Charles Hudon.
Est-ce que le capitaine a songé à effectuer une passe sur le jeu en raison de la guigne qui semblait vouloir se prolonger?
« Non! » a répondu Pacioretty d’un trait.
« J’étais sur le flanc droit et c’est de là que je décoche mes meilleurs tirs. C’est la situation qui doit dicter ma sélection de jeu et non mon niveau de confiance. Si j’avais été sur l’aile gauche, j’aurais privilégié la passe, comme je l’ai fait sur le tir sur réception de Phil (Phillip Danault). Mais sur le flanc droit, je dois tirer. J’espère que mes adversaires ne lisent pas trop bien le français pour ne pas miner mes stratégies », a ajouté le capitaine.
C’est d’ailleurs du flanc droit que Pacioretty a déjoué Vasilevskiy après qu’il eut hérité de la passe offerte en cadeau par Sergachev.
Max Pacioretty était affable après le match. Pas seulement parce qu’il venait de marquer un premier but en 14 matchs. Un deuxième en 23 parties. Il était affable parce qu’après une victoire, il était plus facile de commenter sa performance et celle de son trio.
« Je ne sais pas si c’est simplement l’ajout de «Hoody» (Charles Hudon) à notre droite, mais je trouve qu’on jouait du meilleur hockey depuis quelques matchs même si les buts ne venaient pas. Quand ton équipe perd et que ton trio et toi n’ont pas contribué, tu peux difficilement venir défendre le fait que tu considères avoir bien joué », a indiqué Pacioretty.
Plusieurs ont noté le fait que le capitaine n’a pas levé le bras au ciel ou célébré le but qui a mis un terme à sa plus longue disette en carrière. Plusieurs ont même dénoncé le fait qu’il n’a pas même souri alors que ses coéquipiers festoyaient autour de lui.
Vraiment? Le gars connaît la pire saison de sa carrière. Il ne joue pas à la hauteur des attentes. Les miennes, les vôtres, celles de la direction de l’équipe, de ses coéquipiers et surtout les siennes. Et voilà qu’on lui reproche de ne pas avoir célébré son 9e but de l’année alors qu’il devrait s’approcher de la vingtaine?
C’est drôle, mais j’ai l’impression que plusieurs lui lanceraient les mêmes reproches s’il avait célébré ce but au lieu de s’imposer une retenue normale compte tenu de la situation.
En fait non, ce n’est pas drôle...
Quand Price vaut le prix d’entrée
Deux ou trois fois pendant le match de jeudi, un dépisteur professionnel qui passe rarement par Montréal a souligné d’un gros trait des arrêts effectués par Carey Price. Et c’était bien avant le vol en prolongation aux dépens d’Ondrej Palat.
« Cette équipe peinera toujours à gagner sans ce gardien », qu’il m’a soufflé à quelques reprises.
En votre nom, je me suis assuré de vite répondre que nous étions tous bien conscients de ça depuis fort longtemps!
Tout cela pour dire que je n’ai pas lu de commentaires selon lesquels Price empochera un trop gros salaire l’an prochain et que le Canadien a commis un crime impardonnable en lui offrant une prolongation de contrat de huit ans l’été dernier.
Depuis son retour au jeu le 25 novembre dernier, Carey Price présente un dossier de 9-7-1. Ce n’est pas les gros chars je veux bien. Mais son efficacité de 92,9 % et sa moyenne de 2,38 buts alloués par match le placent aux 5e et 6e rangs de tous les gardiens de la LNH.
Exception faite de sa sortie désolante au Centre Bell contre les Oilers d’Edmonton, Carey Price a fait ce qu’il fait de mieux : il a multiplié les arrêts importants devant son filet. Il s’est même permis une sortie éblouissante jeudi contre Tampa.
Et quand on a demandé à Claude Julien après le match si le message qu’il avait adressé à ses leaders mercredi s’adressait aussi à Price, le coach a eu une réponse qui en disait long : « Quand on analyse les performances de Carey depuis qu’il est revenu de sa blessure, je considère qu’il est facile de conclure qu’il a fait sa part pour nous aider à gagner. »
Galchenyuk impliqué
Alex Galchenyuk a été blanchi de la feuille de pointage jeudi contre Tampa. Les détracteurs de ce joueur de grand talent insisteront sur le fait que c’était la huitième fois à ses 18 derniers matchs qu’il était blanchi. Ceux qui l’adulent, répliqueront qu’il est le meilleur marqueur du Tricolore avec sa récolte de 14 points au cours de cette séquence de 18 matchs.
Les adeptes des deux camps ont raison et tort à la fois de ses camper sur les statistiques qu’ils privilégient pour encenser ou rabrouer Galchenyuk. Car les statistiques ne disent pas toujours la vérité, juste la vérité, toute la vérité.
Tenez : s’il est vrai que Galchenyuk a été blanchi jeudi et qu’il est vrai que c’était la huitième fois en 18 matchs, il est tout à fait faux de prétendre qu’il a mal joué.
De fait, Galchenyuk a disputé un fort match à mes yeux jeudi. Il a été bien plus impliqué que lors de bien des rencontres au cours desquelles il a récolté un ou des points, voire marqué. Il a patiné. Il a bataillé le long des rampes. Il s’est rendu au filet autour duquel il a été menaçant. Il a décoché huit tirs. Trois ont touché la cible. Il a été, et de loin, le meilleur joueur de son trio. Ce doit certainement expliquer le fait que Claude Julien l’ait utilisé pendant plus de 20 minutes malgré le fait qu’il était sur la patinoire lorsque Nikita Kucherov a surpris Carey Price en début de période médiane, pour annuler l’avance que Max Pacioretty venait de donner au Canadien.
Avec un brin plus de complicité de la part de Jonathan Drouin qui n’a pas offert une performance aussi soutenue que son ailier gauche et deux brins plus de touche offensive de la part d’Artturi Lehkonen sur le flanc droit, Galchenyuk aurait pu voir les efforts qu’il a déployés jeudi, être récompensés par des points bien mérités.
Ils ne sont pas venus.
J’espère qu’en dépit ce manque à gagner, Galchenyuk saura afficher encore dimanche le même genre de performance offerte jeudi. Car en jouant comme il l’a fait contre Tampa, Galchenyuk obtiendra du temps d’utilisation en masse et les points suivront pas loin derrière…
Gallagher-Plekanec-Byron
Après le duel qu’ils nous ont offert et sa performance solide, Carey Price, Andrei Vasilevskiy et Max Pacioretty méritaient les trois étoiles du match.
C’est indiscutable.
Mais il est important de souligner la contribution du trio de Tomas Plekanec dans la victoire du Canadien.
Plekanec, flanqué de Brendan Gallagher et de Paul Byron, avait le mandat de ralentir, à défaut d’éteindre, le trio de Stamkos. Le trio défensif du Canadien a réussi.
Non seulement n’était-il pas sur la patinoire lorsque Kucherov a marqué – les deux équipes jouaient à quatre contre quatre – mais en dépit le duel inégal qui les attendait, les membres de ce trio ont été impeccables dans leur rôle ingrat et surtout bien souvent trop discret.
Sans compter que Plekanec a offert une passe qui aurait pu permettre à Paul Byron de marquer en prolongation.
Byron s’est repris en marquant le but décisif en tirs de barrage. Le seul but d’ailleurs marqué en six tentatives.
Il est impératif aussi de souligner la combativité de Brendan Gallagher qui, malgré son statut de meilleur franc-tireur du Tricolore avec ses 15 buts, accepte de relever des mandats défensifs qui minent sa production offensive.
Frappé solidement dans un coin de patinoire par Mikhail Sergachev, Gallagher a retraité au vestiaire pour reprendre son souffle, retrouver ses esprits, ou replacer une épaule mal en point. Peut-être les trois…
Et dès son retour sur la patinoire, qu’est-ce qu’il a fait le valeureux Gallagher. Il a foncé tout droit vers le filet du Lightning devant lequel Chris Kunitz l’a fauché écopant du coup une pénalité.
Se sacrifier pour la cause de l’équipe : c’est ce que Gallagher a fait sur ce jeu. C’est ce que le trio de Plekanec a fait tout le match jeudi. Encore une fois. Encore une fois avec efficacité et discrétion…
Sorties de zone laborieuses
Carey Price, Max Pacioretty et ses compagnons de jeu, Alex Galchenyuk, le trio de Plekanec et le quatrième trio également méritent tous des félicitations pour la qualité de la performance offerte jeudi contre Tampa.
On ne peut en dire autant de la brigade défensive qui, encore jeudi, a connu une soirée difficile, très difficile, voire atroce en matière de sorties de zone. Des rondelles perdues ou carrément échappées derrière le but, dans les coins et le long des bandes ont contribué aux 45 tirs du Lightning.
Et que dire des passes sur la palette de joueurs du Lightning servies par Joe Morrow et David Schlemko? Simonac! Fort heureusement pour Schlemko, le tir obtenu par Tampa sur le jeu a frappé le poteau. J’aimerais vous dire qui a tiré, mais j’étais tellement renversé par le revirement provoqué par Schlemko que je n’ai pas vu qui a décoché le tir. J’ai juste entendu le son du poteau venu en aide à Carey Price.
Si le Lightning avait marqué sur ce jeu ou sur l’échappée offerte à Kucherov – n’importe qui mais pas lui – par Karl Alzer qui a perdu la rondelle à la ligne bleue de Tampa, le match aurait pu virer de bord bout pour bout comme la semaine dernière à Tampa.
Mais bon. Ce n’est pas arrivé. Et c’est vrai que les défenseurs du Lightning se sont rendus coupables de plein de revirements également.
Ça nous a donné tout un match de hockey.
Mais quand même, pour ne pas miner les arrêts de leur gardien et la performance soutenue de l’attaque comme celle offerte jeudi, la défensive du Canadien doit être bien meilleure.
« Tout n’était pas parfait. On est très conscient de ça. Comme on est conscient du fait que ce ne sont que quelques défenseurs qui ont eu de la misère – Morrow, Schlemko, Benn, Alzner, Jerabek, c’est plus que quelques mais bon… -- mais dans les circonstances actuelles je te dirais qu’on va continuer à travailler avec nos défenseurs pour améliorer la situation, mais qu’il est surtout important de se concentrer sur les éléments positifs à tirer d’un match comme ce soir », que Claude Julien m’a répondu.
Je veux bien… Mais je reste à l’affût!