Michel Therrien a pris une décision osée en envoyant Peter Budaj en pâture devant le filet du Canadien à Boston. Une décision contestée. Même risquée puisqu’une contre-performance du gardien slovaque ou de l’équipe devant lui aurait soulevé mille et une critiques à l’endroit de l’entraîneur-chef. Peut-être plus…

Cette décision, et ce n’est pas la première fois cette saison, a finalement souri à Michel Therrien qui voulait s’assurer de secouer son club en effectuant cette sélection surprise. Et un brin ou deux surprenante.

Canadiens 4 - Bruins 1

Au lieu de confier à Carey Price 95 % des responsabilités dans le match comme ils l’ont fait trop souvent depuis le début de la saison, les joueurs du Canadien ont disputé un match solide. Un bien meilleur match sur tous les points de vue que celui de mardi lors de la victoire de 3-0 aux dépens des Hurricanes de la Caroline.

Un match que le Tricolore a gagné presque facilement comme l’indique le pointage final de 4-1.

Contre des Bruins qui avaient marqué six buts dans chacune de leurs trois dernières parties, qui revendiquaient quatre victoires de suite et seulement un revers en temps réglementaire à leurs huit dernières rencontres, le Tricolore, à qui on ne donnait pas beaucoup de chance de gagner, s’est imposé.

Il s’est imposé dès le début de la rencontre. Rapides, fougueux, efficaces en échec-avant, combatifs en replis défensifs, incisifs autour du filet des Bruins, les joueurs du Canadien se sont même imposé tout le match durant. Ou presque.

Pacioretty, Desharnais, Gallagher

Comme il le fait depuis son réveil tardif, le trio piloté par David Desharnais et complété par Max Pacioretty et Brendan Gallagher s’est encore distingué.

Pacioretty a fait ce qu’il fait de mieux : il a marqué un beau but au terme d’une échappée partielle qu’il s’est offerte grâce à sa vitesse et sa brillante capacité de protéger la rondelle.

Gallagher a fait ce qu’il fait de mieux : il s’est retrouvé au centre de l’action à chacune de ses présences.

David Desharnais a fait ce qu’il doit faire pour assumer son rôle de centre du meilleur trio offensif de l’équipe : il s’est impliqué. Pas juste offensivement, en complétant de passes savantes. Il s’est également impliqué défensivement en prêtant main-forte efficacement à ses défenseurs, en coupant des passes des Bruins, en volant des rondelles.

Le trio de Desharnais n’a pas été le seul à contribuer. Celui de Tomas Plekanec a profité d’une attaque massive à mi-chemin dans le match pour donner une avance de 3-1 au Tricolore.

Même le quatrième trio a joué un rôle de premier plan dans la victoire.

Bien campé devant le gardien Tuukka Rask, George Parros a aidé la cause d’Alexei Emelin qui a marqué sur un tir frappé de la pointe.

Je continue à croire que la rondelle a dévié sur la lame du bâton de Parros – qui aurait ainsi marqué son premier but de la saison et récolté son premier point – mais les marqueurs officiels ont maintenu la décision initiale.

Emelin a donc hérité de son premier but de l’année.

Enfin de la vitesse

En plus de récolter une passe sur ce but, Daniel Brière a inscrit un but qui scellait pratiquement l’issue de la rencontre en fin de période médiane. Sur une échappée, Brière a déjoué Chad Johnson – il est venu en relève à Rask après le troisième but du Tricolore en 18 tirs – avec un tir dans la lucarne.

Plus que le but, c’est la vitesse affichée par Brière sur ce jeu qui a attiré mon attention. N’affichant pas la vitesse qui lui permettait de contourner les défenseurs adverses dans un passé pourtant pas si lointain cette saison, Brière a su se détacher de ses poursuivants pour enfiler son huitième de la saison.

Malgré un maigre 208 secondes d’utilisation après 40 minutes de jeu, Brière revendiquait un but et une mention d’aide.

Pas mal.

Mais plus que ces points, c’est le signe encourageant de la vitesse affichée sur son échappée qui m’incite à croire que Michel Therrien se fera plus généreux sur son utilisation avant longtemps.

On verra!

Murray-Beaulieu : duo intéressant

Derrière les attaquants et devant Peter Budaj qui s’est très bien acquitté de son rôle, la défensive a connu un très bon match.

À commencer par Douglas Murray et Nathan Beaulieu. Le premier a su tenir tête aux gros attaquants des Bruins. Il s’est même permis de repousser à quelques reprises le géant Zdeno Chara lorsqu’il s’est aventuré en fond de territoire du Canadien lors d’attaques massives.

Beaulieu, avec sa vitesse et une aisance à manier la rondelle qu’il démontre de plus en plus, donne raison à l’état-major de lui faire confiance.

La tenue de Murray et celle de Beaulieu confinent Francis Bouillon et Raphael Diaz sur la touche. Dommage pour eux. Surtout pour Bouillon qui espère compléter une belle carrière en jouant le plus possible.

Mais pour le moment, le duo Murray-Beaulieu mérite son utilisation. Amplement.

Après plusieurs matchs difficiles, Alexei Emelin s’est aussi fait remarquer pour les bonnes raisons hier. Vulnérable lorsque la vitesse, les déplacements et les pivots sont au centre de l’action, Emelin s’est assuré de ralentir ses adversaires en leur fonçant droit au visage en sortie de zone ou en les attendant avec de solides mises en échec.

Du travail bien fait.

Josh Gorges a aussi joué un match à la hauteur de ce qu’il peut donner à ses coéquipiers.

Subban?

P.K. a récolté une passe. Sa 29e de la saison sur le but de Gionta en attaque massive. C’est bien. Mais cette passe ne peut effacer le jeu approximatif du meilleur arrière du Canadien depuis quelques matchs.

A-t-il déjà la tête à Sotchi?

Autre note négative : Brandon Prust s’est rendu coupable d’une série de revirements résultant de passes du revers effectuées à l’aveuglette. Des passes en zone défensive, en zone neutre, en zone offensive. Le genre de jeu impardonnable. Pas surprenant que Michel Therrien l’ait confiné au quatrième trio à la place de Travis Moen en deuxième moitié de partie.

Dans le camp des Bruins?

Pas grand-chose de bon à dire. Ou à écrire. Les Oursons, qui disputaient un quatrième match en six soirs, semblaient bien peu intéressés à tenir tête à leurs rivaux de Montréal.

Cela dit, après avoir minimisé la « qualité » de la victoire de mardi contre la Caroline en raison du fait que le Canadien ne formait pas la meilleure équipe sur la patinoire, il est impossible de dresser la même analyse après la victoire contre Boston.

Oui, les Bruins étaient peut-être fatigués.

Mais même s’ils l’étaient, le Canadien s’est assuré de ne pas leur donner l'occasion de croire en leur chance de gagner en offrant un effort constant du début à la fin de la rencontre.

À l’aube des visites du Lightning de Tampa Bay et des Jets de Winnipeg, samedi et dimanche au Centre Bell, c’est bon signe.

Autre bon signe, pour Michel Therrien celui-là : il est clair que les joueurs du Canadien étaient plus tannés de perdre après leurs quatre revers de suite que tannés de leur entraîneur-chef.

Chiffres du match

1 – C’était la première fois en 10 rencontres opposant le Canadien et les Bruins que le club gagnant l’emportait par plus d’un but…

4 – Peter Budaj a signé sa quatrième victoire en cinq décisions face aux Bruins…

5 – La victoire de jeudi était la cinquième de suite du Tricolore aux dépens des Bruins…

10,8 – Limité à trois buts en 33 attaques massives à ses 11 derniers matchs, le Canadien en a enfilé un en quatre occasions hier soir pour porter son total à 4 en 37 pour une maigre efficacité de 10,8 % à ses 12 derniers matchs…

15 – Somme des statistiques positives d’Alexei Emelin dans le match de jeudi à Boston : 3 tirs, 6 mises en échec, 2 vols de rondelle, 4 tirs bloqués…

23 – Le but de Max Pacioretty était son 23e de la saison. S’il maintient le rythme, l’Américain pourrait fracasser le plateau des 40 buts pour la première fois de sa carrière. Son plus haut total étant de 33 en 2011-2012…

70 – En plus d’exceller dans plusieurs facettes du jeu, David Desharnais a maintenu une efficacité de 70 % (7 en 10) aux cercles des mises en jeu…