Combien de fois avons-nous entendu que « Le hockey est une religion au Québec »? L'expression a beau être galvaudée, elle s'approche néanmoins de la réalité.

Si je m'en aperçois quelque peu dans le cadre de mon emploi d'analyste d'une des concessions les plus épiées du sport professionnel, c'est dans mon rôle de père qu'on me le confirme. J'ai deux garçons qui évoluent au hockey mineur, dans une bonne association, avec ses défauts. Ils sont bien dirigés et j'en suis fier. Je suis parfois un peu moins fier de ce que le milieu qui m'a presque tout appris laisse transparaître.

Je m'explique. Tout comme la religion (ceci n'est pas une critique sociale, je n'en ai pas les compétences!!!) le hockey a ses fanatiques et ses extrémistes qui gâchent tout. Ainsi, l'adulte intelligent, responsable, mais non initié est convaincu qu'à chaque match un parent ira trop loin et s'attaquera à un autre ou à l'entraîneur ou à l'arbitre. C'est ce qui est rapporté. Ce n'est malheureusement pas loin de la vérité. Mais si les vrais bénéfices de ce sport étaient au-delà de cette première couche, souvent superficielle, que représente la victoire ou le temps de jeu de notre enfant, renoncerait-on alors à en faire profiter notre jeunesse?

Le hockey mineur ne doit pas être une fin en soi. Notre sport national doit redevenir un moyen, un véhicule pour communiquer des leçons. Leçons d'apprentissages techniques et athlétiques, mais leçons de vie aussi, surtout. Ce n'est pas à nous de le modeler afin d'assouvir nos rêves et nos désirs, c'est à lui de nous apprendre, souvent à la dure, qui nous sommes et ce que nous pouvons devenir.

Je veux entendre mon garçon m'expliquer qu'il a vécu à la première personne la fable du lièvre et de la tortue plutôt que de me souligner le fait que son équipe a commis trop de revirements en début de match. Pour ce faire, il faut mieux outiller ceux qui se retrouvent derrière le banc, souvent des parents remplis de bonne volonté, mais dépassés par la tâche.

Je veux voir un sentiment d'appartenance fort qui poussera un jeune à s'oublier pour le bien de son équipe plutôt que de tolérer un surdoué obligé de gérer ses énergies parce qu'il évolue pour quatre formations différentes, locale, scolaire, super AAA ou autre. Pour ce faire, un dialogue entre Hockey Québec et le sport étudiant s'impose afin de se donner une seule direction.

Je veux que les entraîneurs et les enseignants les plus compétents s'associent à une organisation et soient rémunérés à leurs justes valeurs plutôt que de vendre leurs services aux plus offrants ou de former leurs propres programmes. Dans le système actuel, peut-on cependant les blâmer? C'est pourtant la seule manière d'assurer un développement adéquat des athlètes et de conserver un taux de rétention élevé des inscriptions, le nerf de la guerre pour toute organisation ou fédération.

Je veux que la sélection des joueurs récompense l'attitude d'un enfant, ses valeurs, ses habitudes de travail, son caractère et sa compréhension du jeu; des qualités bien plus difficiles à enseigner que le coup de patin ou la puissance du tir et encore plus importantes que « les mains » dans un monde ultra-compétitif. Ah oui, et des qualités qui serviront toute une vie