MONTRÉAL - «Merci beaucoup à nos fans», a lancé en français Randy Cunneyworth, fort probablement en guise d'adieu, après le match de samedi, le dernier de la saison pour le Canadien.

C'est seulement lundi que les joueurs du Tricolore dresseront le dernier bilan d'une triste saison qui s'est terminée au Centre Bell avec un gain de 4-1 aux dépens des Maple Leafs de Toronto. L'entraîneur-chef par intérim du CH, lui, a toutefois donné son dernier point de presse officiel de la saison — et sans doute son dernier à titre de pilote du club montréalais — quelques minutes après avoir vu Tomas Plekanec, Max Pacioretty, Erik Cole et Brad Staubitz lui donner la victoire.

Outre le fait de s'être retrouvé au centre d'une controverse linguistique, Cunneyworth a failli lamentablement à la tâche puisqu'il n'a pas réussi à mener son équipe dans les séries. Il a ainsi été incapable de remplir la tâche ingrate que Pierre Gauthier lui a confiée, le 17 décembre dernier, quand le directeur général lui a demandé de succéder à Jacques Martin.

Ce dernier avait une fiche de 13-12-7 quand il a été congédié, tandis que Cunneyworth n'a pu faire mieux qu'un dossier de 18-23-9 par la suite. Ironiquement, l'équipe a récolté 18 points à ses 15 derniers matchs (6-3-6), alors qu'une élimination précoce était devenue quasi certaine — et que la pression était devenue pratiquement inexistante.

Malgré cela, Cunneyworth a réussi à obtenir le respect de son entourage, qui a été conquis par cet homme qui a le coeur à la bonne place. À commencer par ses joueurs, du moins la plupart qui ont terminé la saison à Montréal.

«C'est une très bonne personne, a commenté le défenseur Josh Gorges après la rencontre de samedi. Il a fait beaucoup de bonnes choses pour nous. C'est quelqu'un de très optimiste et il a cherché à transmettre un message positif. Il a été ouvert et abordable. On verra ce qui va arriver cet été mais peu importe ce qui arrive, je lui transmets mes meilleurs voeux.»

Reste que le nerf de la guerre c'est la victoire, et Cunneyworth n'a pas réussi à en faire assez à ce titre. Il est donc quasi assuré que le prochain d.g. du Canadien ne retiendra pas ses services. Le mieux qu'il puisse espérer, sans doute, c'est qu'on le garde au sein de l'organisation parce qu'il aura agi en bon soldat.

«Il y a quelques heures, mon avenir, c'était le match à disputer. Maintenant, mon avenir repose entre les mains de la direction. Ces décisions seront pris au moment voulu, a résumé Cunneyworth après la rencontre de samedi. J'ai eu beaucoup de plaisir à être ici à Montréal et à faire partie de l'organisation, alors j'aimerais évidemment y rester.»

Cunneyworth n'a pas voulu dire jusqu'à quel point il était prêt à accepter une rétrogradation pour rester avec le CH. Par exemple, en retrouvant un poste d'adjoint, ou même en retournant dans les mineures, où il occupait le poste d'entraîneur-chef des Bulldogs de Hamilton il y a un an.

«Il ne faut pas aller trop vite. Il y a une étape qui va venir bien avant cela», a averti celui qui complétera toutes les analyses post-saison qu'il sera possible de faire avec ses adjoints, dans les prochains jours, avant de se rendre à son chalet pour s'accorder un peu de temps détente... en s'adonnant à beaucoup de jardinage.

Complètement surpris

En revenant sur sa promotion en cours de saison, Cunneyworth a reconnu qu'il a été «complètement surpris» que Gauthier lui offre le poste, quelques heures avant un match à domicile contre les Devils du New Jersey. Reste qu'il n'a pas hésité très longtemps avant d'accepter.

«En ce qui me concerne, mon travail c'était d'être l'adjoint de Jacques Martin et c'est là-dessus que je me concentrais, a-t-il précisé. J'étais aux anges de recevoir l'offre et ç'a été un honneur d'occuper ce poste.

«Le plus difficile a été de ne pas fournir plus de victoires à l'équipe et de ne pas avoir réussi à se rendre jusqu'en séries, a par ailleurs indiqué Cunneyworth. Ç'a été difficile de ne pas avoir cette récompense pour le travail qui a été fait. Je ne crois pas qu'il y ait bien des joueurs dans notre vestiaire qui auraient pu en donner bien plus. Le fait d'être tombé à court de nos objectifs, c'est dur à accepter. Mais il faut en tirer des leçons. Ce sont des choses qu'il faut vivre parfois.»

L'aspect le plus agréable de son travail, a-t-il toutefois noté, a été le soutien des amateurs.

«Des aspects agréables, il y en a beaucoup. Les partisans viennent au premier rang. De les voir remplir l'aréna et soutenir l'équipe, ç'a été formidable, a-t-il dit. Et à chaque soir où tu gagnes, c'est une bonne sensation là aussi. Même s'il faut faire attention pour que ça ne te monte pas à la tête, tu veux quand même savourer le moment. C'est pour ça que tu travailles. Les joueurs aussi.

«Et les victoires, ça ne se résumait pas à moi, c'était l'affaire de tout le monde dans l'organisation. J'ai toujours essayé de rester ouvert et d'écouter tout le monde, car que je crois que tout le monde a quelque chose à offrir.»

«Il venait pour travailler et donner le meilleur de lui-même, a également dit Gorges de Cunneyworth. Ce n'était pas un contexte facile pour lui, comme nous le savons tous. Il ne s'est pas caché et il n'a pas reculé. Il nous permettait d'être bien préparés. Les joueurs doivent prendre une certaine part de responsabilité et auraient dû l'épauler un peu mieux.»