TORONTO - Sidney Crosby est en croisade.

À titre de capitaine d’Équipe Canada, le « Kid » qui est devenu grand tentera de remporter la première Coupe du monde de sa carrière. Un titre qu’il ajoutera, à moins d’une immense surprise, à ses deux médailles d’or olympiques (2010 et 2014), à ses titres de champion du monde de hockey junior (2005) et senior (2015) sans oublier ses deux conquêtes de la coupe Stanley de 2009 et 2016.

Parallèlement à cette croisade collective, Crosby en mène également une personnelle. Une croisade visant à lui redonner – certains croient vraiment qu’il l’avait perdu – son titre de meilleur joueur de hockey au monde.

Sidney Crosby ne parle pas de cette deuxième croisade. Ce n’est pas dans sa nature. Mais en amorçant la Coupe du monde au même rythme effréné qui lui a permis de donner une quatrième coupe Stanley aux amateurs de hockey de Pittsburgh et de recevoir également le trophée Conn-Smythe, Crosby donne des munitions à tous ceux qui veulent le revoir tout en haut de la pyramide.

C’est mon cas.

Crosby est arrivé à Toronto dans l’ombre de Patrick Kane que certains auréolent depuis un an du titre de meilleur joueur de hockey au monde.

Vraiment?

Kane est un marqueur redoutable. C’est vrai. Il a coiffé Crosby dans la course au trophée Hart la saison dernière. C’est vrai aussi. Il revendique un trophée Conn-Smythe lui aussi (2013) et trois coupes Stanley; soit une de plus que Crosby.

Mais Kane devancerait-il Crosby si on offrait les deux joueurs à tous les directeurs généraux de la Ligue?

Pas sûr du tout.

De fait, je donnerais mon vote à Jonathan Toews bien avant de le donner à Patrick Kane.

Surtout que Toews est l’un des quelques rares joueurs de la LNH qui ont pu profiter de la damnée commotion qui a mis en péril la carrière de Crosby pour s’approcher du titre de meilleur joueur de hockey au monde. Et peut-être, il faut l’admettre, le lui ravir pendant de courts moments. De bien courts moments.

Mais Crosby est de retour en forme. De retour en force. De retour tout en haut de la pyramide.

Certains diront que la performance extraordinaire de Crosby qui a balayé presque à lui seul la Tchéquie samedi lors du premier match du Canada à la Coupe du monde est un bien mince échantillon pour lui redonner le titre tout de go.

Pas à mes yeux.

Surtout que lors de cette première partie, tout comme lors de la dernière finale de la coupe Stanley, des séries tout entières et de la dernière saison régulière des Penguins au grand complet, Crosby a prouvé qu’il était un joueur plus complet encore qu’il l’était lorsqu’il dominait outrageusement la Ligue entre son arrivée avec les Penguins et les blessures qui se sont acharnées sur lui à compter de janvier 2011.

Comme si c’était possible…

Mais oui c’est possible. Au-delà des points qu’il a multipliés au cours de ses premières saisons, Crosby a appris à contribuer aux succès de son équipe de plusieurs autres façons. Du petit surdoué, il s’est transformé en très grand joueur de hockey.

Souvent comparé, jamais égalé

Crosby est confronté à bien des comparaisons depuis qu’il est arrivé dans la LNH.

Tout ça a commencé avec les parallèles inévitables avec Alexander Ovechkin qui est entré dans la LNH en même temps que lui. Ovi a d’ailleurs ravi le titre de recrue de l’année à son rival de toujours. Ces comparaisons n’ont plus leur raison d’être aujourd’hui alors que Crosby a contribué à conduire son équipe aux grands honneurs alors qu’Ovechkin en met plein la vue, c’est vrai, sans toutefois être en mesure de conduire son club jusqu’au bout.

Dans la foulée d’Ovechkin, d’autres joueurs se sont approchés de Crosby. Le nom de Jonathan Toews vient en tête de liste. Ceux de John Tavares, Steven Stamkos ont également été avancés. Comme celui de Patrick Kane…

Il y a aussi eu Claude Giroux que son entraîneur-chef de l’époque Peter Laviolette a qualifié de meilleur joueur de hockey au monde lorsque les Flyers ont éliminé les Penguins au printemps 2012.

C’est maintenant au tour des Connor McDavid, Auston Matthews, Jack Eichel, voire Patrick Laine de prendre le relais.

Ce changement de la garde tout en haut de la pyramide où l’on retrouve les meilleurs parmi les meilleurs se produira un jour. C’est inévitable. Et tout à fait normal. Mais pour l’instant, Crosby jouit d’une réputation qui est loin de s’étioler auprès de ses pairs.

Concert d’éloges

« Je ne comprends pas la nature de tout ce débat. Sidney est toujours à mes yeux le joueur le plus complet de la Ligue. Le joueur le plus dangereux dans toutes les circonstances. Le plus intense aussi. De fait, il l’a toujours été. Il n’y a que les blessures qui l’ont ralenti pendant un temps», a indiqué Tomas Plekanec qui a souvent été appelé à couvrir, ou tenter d’y arriver, Crosby depuis qu’il est dans la LNH.

Premier choix des Oilers d’Edmonton et de la cuvée 2011 au repêchage d’entrée dans la LNH, Ryan Nugent-Hopkins a déjà été considéré comme un candidat potentiel au titre de dauphin de Crosby.

Un titre que « RNH » concède à Crosby sans appel.

« Je suis un fan de Sidney depuis qu’il a 15 ans. J’ai suivi toutes ses prouesses depuis son arrivée dans la LHJMQ. J’aimerais vous dire que je tente de suivre son exemple sur la patinoire. En fait, si j’en étais capable, je le ferais sans doute. Mais je ne peux y arriver tant il est dans une classe à part. Et même s’il y a d’excellents joueurs dans la LNH et qu’il y en a des meilleurs encore qui s’en viennent, je ne crois pas non plus qu’ils peuvent y arriver tant c’est un joueur différent des autres. Un exceptionnel. Je ne suis pas le genre de gars à faire des prédictions ou à aimer jouer le jeu des comparaisons. Mais s’il y a vraiment un débat à savoir qui est le meilleur joueur de hockey au monde, mon vote va directement à Sidney », a expliqué le jeune joueur des Oilers.

« Il est toujours le meilleur», a tranché sans possibilité d’ouvrir le débat le défenseur Brent Burns après la victoire de 6-0 du Canada aux dépens de la Tchéquie samedi.

Sans oublier la suave remarque que Carey Price qui a invité tous les jeunes qui désirent apprendre à jouer au hockey à prendre exemple sur Crosby, car « c’est de cette façon qu’on doit jouer au hockey. »

De captivant à électrisant

Compagnon de trio de Crosby lors du premier match de la Coupe du monde, le Québécois Patrice Bergeron a développé une belle complicité avec le Kid en compétitions internationales. Ils ont défendu les couleurs du Canada chez les juniors, au Championnat du monde et deux fois aux Jeux olympiques.

Et encore aujourd’hui, Bergeron convient être toujours impressionné par les exploits de Crosby.

« Il exécute des choses sur la glace que d’autres ne peuvent pas même imaginer. Quand tu joues avec lui, tu dois toujours être sur tes gardes, car il peut te surprendre avec un beau jeu autant qu’il peut surprendre les adversaires. Ça va vite sur la patinoire. Des fois trop pour avoir le temps de vraiment apprécier la qualité des jeux qu’il effectue. Mais de retour au banc, il m’arrive encore de le regarder en me demandant comment il a pu faire ce qu’il vient de faire sur la glace », a convenu Bergeron avec un sourire d’admiration au visage.

Il va sans dire que Patrice Bergeron ajoute son vote à ceux qui accordent à Crosby le titre de meilleur joueur de hockey au monde actuellement.

De fait, la vraie question, une question qui sera sur toutes les lèvres lorsque Crosby décidera de prendre sa retraite, sera de savoir si Crosby peut menacer Wayne Gretzky et Mario Lemieux à titre de meilleur joueur de tous les temps.

Ce qui est bien possible à mes yeux.

Mais pour l’instant, contentons-nous de lui accorder le titre de meilleur joueur actif et de repousser du revers de la main toutes les prétentions contraires.