Plus de 22 heures d'échanges au cours des trois derniers jours sur la situation dans le monde du hockey et pourtant, c'est toujours l'impasse.

Les propriétaires soutiennent que les joueurs ne sont pas de bonne foi, qu'ils ont tout simplement voulu étudier les bilans des 30 formations les uns après les autres, dans l'unique espoir de "gaspiller du temps", dans le but de provoquer l'adversaire et de tester les propriétaires, question de savoir s'ils sont sérieux dans leurs intentions de déclarer un arrêt de travail.

Du côté des joueurs, on insiste sur le fait que les propriétaires, peu importe les suggestions déposées sur la table des négociations par la syndicat, n'ont aucunement l'intention de régler le conflit, entêtés surtout à traîner le litige sur une période d'un an, pour imposer par la suite, unilatéralement, un plafond salarial.

"Je suis convaincu que les joueurs veulent nous tester", me disait récemment un propriétaire d'une formation américaine. "Il ne pensent pas que nous allons tenir le coup. Alors, j'ai des nouvelles pour eux: ça risque d'être très long. Il n'est pas question de reprendre le collier tant que nous n'aurons pas un système adéquat pour la santé de la ligue."

Une fois la balle rendue dans le camp des joueurs, la réplique est rapide: "Gary Bettman veut à tout prix un plafond salarial, c'est ce qu'il a promis aux propriétaires, c'est lui qui a instauré ce système dans la NBA et tout, à part un plafond salarial, serait considéré comme un échec. Or, nous ne voulons pas de plafond salarial. Il y a d'autres moyens pour éviter un arrêt de travail", mentionnent la plupart des joueurs.

Pour les besoins des négociations, les joueurs se disent unis, comme les propriétaires, mais dans l'intimité ils vous diront qu'ils ne veulent pas de conflit. Et je crois en la sincérité des joueurs quand ils soutiennent qu'en octobre dernier, ils avaient proposé un plan permettant aux propriétaires de récupérer des revenus importants.

Or, ils ont fait chou blanc.

Leurs propositions - notamment une réduction de 5 % (un peu plus de 60 millions $) de tous les salaires (un agent m'a même affirmé, mardi, que c'était une réduction pouvant aller jusqu'à 10 % ou encore 120 millions $), une taxe de luxe pour les équipes trop gourmandes et un plafond salarial pour les joueurs de première année - n'ont même pas fait l'objet d'une étude approfondie de la part de la ligue.

On se retrouve donc dans un cul-de-sac.

Le problème, c'est que le hockey, dans un sens, n'a pas vraiment besoin d'un plafond salarial. Ce dont le sport a besoin, ce sont des propriétaires avec un bon jugement et aussi avec un sens de l'entreprise sportive. Quand on est propriétaire d'une équipe, on veut des résultats rapides, on veut satisfaire la clientèle mais, du même coup, on doit respecter les 29 autres partenaires de l'entreprise. Ce qui n'est pas le cas du tout.

Bettman a échoué

Le rôle du commissaire, c'est justement d'agir comme le "gardien" de l'entreprise. Si des propriétaires dérapent de la ligne de conduite de l'entreprise, c'est au commissaire à les ramener dans la bonne direction.

Je vous donne un exemple d'une situation où Bettman a failli à la tâche: rappelez-vous le dossier Alexei Yashin, qui n'avait pas respecté la dernière année de son entente avec les Sénateurs d'Ottawa. Les propriétaires des Sénateurs avaient choisi la ligne dure et avec raison. Mais, un an plus tard, un partenaire de l'entreprise se pointe le nez, offre 90 millions de dollars pour 10 ans à Yashin et, en plus, cède à son partenaire d'entreprise un défenseur du calibre de Zdeno Chara et un choix de première ronde, Jason Spezza.

Bettman aurait dû s'interposer. Il n'aurait jamais dû permettre à une formation de verser une somme aussi ridicule à un joueur qui venait de défier les structures de la ligue.

Mais qu'est-ce qu'un plafond salarial va apporter de plus aux Prédateurs ou encore à toutes les équipes qui ont des masses salariales inférieures à 35 millions $? Si on veut mettre un terme aux folies des Maple Leafs ou encore des Rangers ou des Red Wings, il y a sûrement d'autres moyens qu'un plafond salarial.