MONTREAL (PC) - A contrecoeur et la mort dans l'âme, Danièle Sauvageau quitte son poste d'entraîneure-chef de l'équipe nationale féminine de hockey sur glace. En fait, l'Association canadienne de hockey ne lui a guère laissé le choix.

Même si elle a conduit l'équipe olympique canadienne à la conquête de la médaille d'or à Salt Lake City l'hiver dernier, on a fait la sourde oreille à sa proposition de poursuivre son travail mais à la condition d'avoir un poste à plein temps et de pouvoir demeurer à Montréal.

En conséquence, elle reprendra son poste au Service de police de la Communauté urbaine de Montréal en septembre.

"Ca m'attriste beaucoup d'avoir à annoncer que je quitte l'équipe nationale, a révélé Sauvageau, lundi midi, refoulant difficilement des larmes. Je quitte à contrecoeur."

Jusqu'à la dernière minute, Sauvageau a espéré qu'on donnerait suite à ses suggestions de mettre en place de nouvelles structures, notamment en créant un poste d'entraîneur à plein temps.

Mais l'Association canadienne de hockey, qui a créé deux postes permanents - directeur haute performance et recruteur en chef -, tient mordicus à ce que son personnel s'installe à Calgary.

"Il n'est pas question pour moi de déménager à Calgary, surtout qu'il n'y a pas d'équipe nationale présentement, a ajouté Sauvageau. J'ai déjà fait beaucoup de sacrifices en vivant trois des cinq dernières années à Calgary."

Agée de 40 ans, Sauvageau sait exactement ce qu'elle veut et, visiblement, les responsables de l'Association canadienne n'étaient pas disposés de le lui offrir.

"Je veux diriger une équipe à plein temps. C'est une passion pour moi. Malgré ma feuille de route avec l'équipe nationale, il aurait fallu que je postule pour obtenir un poste d'entraîneure à temps partiel et déménager à Calgary."

Tout ça pour un salaire de misère et sans grand témoignage de reconnaissance pour le dur travail investi dans le passé.

"J'estime effectivement que c'est un manque de reconnaissance pour le groupe de six personnes qui ont piloté le programme pour l'amener où il en est présentement", a déclaré Sauvageau.

Elle quitte toutefois sans claquer la porte et envisage même un retour possible avec l'équipe nationale.

"Mais je veux également regarder ailleurs. Les options sont peu nombreuses pour l'instant. La LNH ne semble pas encore prête à ouvrir ses portes aux femmes. En ce qui concerne la LHJMQ, tout dépend du contrat qu'on m'offrirait."

Sauvageau, qui a déjà occupé le poste d'adjoint à l'entraîneur avec le Rocket de Montréal dans la LHJMQ, déplore le fait que les entraîneurs canadiens n'ont souvent d'autre choix que de s'exiler aux Etats-Unis pour vivre leur passion.

"Présentement, mes deux adjointes à Salt Lake City - Melody Davidson et Karen Hughes - et moi, nous nous retrouvons sans travail. Ca devrait plutôt être l'inverse.

"Il faut maintenant trouver un moyen de garder nos entraîneurs et nos joueuses au Canada."

Nommée porte-parole de l'Association canadienne des entraîneurs, lundi, Sauvageau s'efforcera dans ce rôle de promouvoir le rôle crucial des entraîneurs, en insistant sur l'importance d'un plus grand nombre de femmes dans l'exercice de ce rôle. Actuellement, sept femmes seulement occupent des postes d'entraîneurs en chef d'équipes nationales seniors.