David Fischer ne brûle pas d'étapes
Hockey mardi, 19 juin 2007. 01:12 dimanche, 15 déc. 2024. 16:34
(Par Nicolas Landry) - Pendant que Carey Price apparaissait tranquillement dans la soupe des partisans du Canadien, David Fischer connaissait des débuts bien modestes dans les rangs universitaires américains. Un an après sa sélection, le choix de première ronde de l'équipe en 2006 a réalisé qu'il faut parfois faire un pas en arrière pour continuer à avancer.
Fischer sera le premier à l'admettre. Avec cinq petites mentions d'aide en 42 matchs, il n'a rien cassé à sa première année avec les Gophers de l'Université du Minnesota.
"Première année à l'université, première fois que je quittais la maison, l'adaptation à un niveau supérieur de jeu Tout était nouveau pour moi. Mes statistiques ne sont pas aussi bonnes que je l'aurais souhaité, mais j'ai appris beaucoup et l'expérience que j'ai acquise ne se traduit pas en chiffres."
Capitaine des Eagles du Apple Valley High School, avec lesquels il a inscrit 39 points en 28 matchs à sa dernière saison à l'école secondaire, Fischer est arrivé dans un vestiaire dans lequel, pour la première fois de sa carrière, il n'était pas le meilleur joueur. Erik Johnson venait d'être repêché au tout premier rang par les Blues de St. Louis, Kyle Okposo avait été choisi septième par les Islanders de New York et Alex Goligoski, un choix de troisième ronde des Penguins de Pittsburgh en 2004, allait être élu joueur par excellence des Gophers au terme de la saison.
Fischer a donc vite appris qu'il allait devoir se mettre en rang et attendre son tour. Il avait toujours été celui sur qui on comptait pour aller chercher un gros but en fin de match et il devait maintenant se contenter de deux ou trois présences par période.
"Le plus gros ajustement pour David a été d'apprendre à doser ses efforts, explique Mike Guentzel, l'assistant entraîneur qui l'a pris sous son aile. S'il avait joué à l'école secondaire l'an dernier, il aurait probablement pu faire des présences de quatre minutes sur la glace, mais ici, on lui demandait évidemment de revenir au banc après 45 secondes. Il a fallu lui apprendre à faire le plus possible avec le temps qui lui était accordé et lui faire comprendre qu'il n'avait pas à en prendre autant sur ses épaules."
"Ma confiance a été affectée, mais j'ai fini par comprendre que je jouais avec les meilleurs joueurs de mon âge au pays, se souvient Fischer. J'en ai beaucoup parlé avec mes entraîneurs et j'ai fini par accepter mon nouveau rôle. Je crois que certaines personnes doivent être poussées en bas de leur nuage pour pouvoir continuer à progresser. Avec du recul, je peux dire que ça m'a fait du bien de rester en arrière-plan. Ça m'a fait prendre beaucoup de maturité."
Un mal pour un bien
Quelques mois après sa sélection par le Canadien, Fischer avait su attirer l'œil des dirigeants de la formation américaine au camp d'évaluation en vue du championnat mondial junior, mais son mauvais début de saison avec les Gophers lui a coûté une place au sein de l'équipe.
"C'est évident que j'aurais aimé représenter mon pays, mais je ne sentais pas que je le méritais. Ça m'a beaucoup fait réfléchir. Je n'étais pas satisfait de mon jeu et c'est à ce moment que j'ai vraiment commencé à penser à ce que je devais faire pour m'en sortir."
Pendant que Johnson aidait les États-Unis à remporter le bronze à Moscou, la recrue a profité de la chance qui s'offrait à lui pour retrouver ce qui avait fait de lui un joueur tant convoité.
"Ce n'est qu'entre l'Action de Grâce et Noel qu'il a commencé à croire qu'il était capable de survivre défensivement dans cette ligue et il est devenu un joueur très efficace, observe Guentzel. Quand Erik Johnson a quitté pour l'équipe nationale, nous avons augmenté son lot de responsabilités, les attentes envers lui étaient plus élevées et il a bien répondu."
En zone adverse, Fischer s'est toujours senti comme un poisson dans l'eau. C'est pour améliorer son jeu dans son propre territoire qu'il a dû faire du temps supplémentaire avec son entraîneur.
"Je n'ai jamais dû travailler autant pour m'améliorer, avoue-t-il. Le talent peut vous amener jusqu'à un certain point, mais il vient un temps où il faut beaucoup plus que ça pour continuer à progresser."
"Il a compris l'importance de l'entraînement", confirme Guentzel.
Le défenseur que les recruteurs du Canadien voyaient en ce fluide patineur de 6 pieds 3 pouces commence donc à prendre forme, mais le principal intéressé ne se met pas la tête dans le sable.
"J'ai mis beaucoup de travail sur mon jeu défensif, mais je sais qu'il y a encore beaucoup à faire, admet bien humblement le jeune homme. J'ai l'intention de m'entraîner en salle pour devenir plus imposant le long des rampes, ajouter l'aspect robustesse à mon jeu. Il me faudra aussi améliorer mon lancer."
Encore deux ans
Fischer devra non seulement devenir plus gros au sens propre, mais aussi au sens figuré.
"Nous aurons assurément deux gros morceaux en moins à la ligne bleue, soit Johnson et notre capitaine Mike Vannelli, et Goligoski pourrait rester dans l'organisation des Penguins. Ces trois joueurs ont amassé 102 points pour nous la saison dernière, calcule Guentzel. Nous allons demander à David de faire sa part pour remplacer ces gars-là, de prendre sa place. Son temps de glace va augmenter et il patrouillera probablement notre deuxième unité de jeu de puissance."
"Je suis excité à l'idée qu'on me confie davantage de responsabilités. Les entraîneurs ont été très clairs, ils compteront sur moi. Je n'aurai pas le choix de mieux jouer", reconnaît Fischer.
Entre quelques rondes de golf et un voyage de pêche, Fischer, qui dit avoir encore sur le cœur l'élimination du Canadien par les Maple Leafs - "une défaite crève-cœur", dit-il sur un ton dégoûté - passera aussi une partie de son été à Montréal pour participer au camp des recrues du Canadien. En août, il prendra part au camp d'évaluation de l'équipe américaine en vue du championnat du monde de hockey junior, où il espère en faire assez pour porter les couleurs de son pays en décembre.
"J'ai l'intention de faire en sorte que les entraîneurs croient qu'ils ne peuvent se passer de moi. Honnêtement, je crois que je pourrai être un atout important pour l'équipe cette année."
Il serait donc fort possible que deux des plus beaux espoirs du Canadien s'affrontent - jusque dans une interminable fusillade, qui sait? - l'hiver prochain, mais pour ce qui est de les voir dans le même uniforme, Mike Guentzel prévient les partisans que ce n'est pas pour demain.
"Pour être réaliste, je crois que David aura besoin de deux autres années au niveau universitaire avant de faire le saut chez les pros. À sa troisième saison, si tout va bien, il devrait être l'un des quatre meilleurs défenseurs de notre ligue, un joueur étoile qui peut dominer un match. Je lui ai dit que s'il faisait ce qu'il avait à faire et que je faisais bien mon travail, il sera en excellente position pour faire sa place avec le Canadien."
Fischer sera le premier à l'admettre. Avec cinq petites mentions d'aide en 42 matchs, il n'a rien cassé à sa première année avec les Gophers de l'Université du Minnesota.
"Première année à l'université, première fois que je quittais la maison, l'adaptation à un niveau supérieur de jeu Tout était nouveau pour moi. Mes statistiques ne sont pas aussi bonnes que je l'aurais souhaité, mais j'ai appris beaucoup et l'expérience que j'ai acquise ne se traduit pas en chiffres."
Capitaine des Eagles du Apple Valley High School, avec lesquels il a inscrit 39 points en 28 matchs à sa dernière saison à l'école secondaire, Fischer est arrivé dans un vestiaire dans lequel, pour la première fois de sa carrière, il n'était pas le meilleur joueur. Erik Johnson venait d'être repêché au tout premier rang par les Blues de St. Louis, Kyle Okposo avait été choisi septième par les Islanders de New York et Alex Goligoski, un choix de troisième ronde des Penguins de Pittsburgh en 2004, allait être élu joueur par excellence des Gophers au terme de la saison.
Fischer a donc vite appris qu'il allait devoir se mettre en rang et attendre son tour. Il avait toujours été celui sur qui on comptait pour aller chercher un gros but en fin de match et il devait maintenant se contenter de deux ou trois présences par période.
"Le plus gros ajustement pour David a été d'apprendre à doser ses efforts, explique Mike Guentzel, l'assistant entraîneur qui l'a pris sous son aile. S'il avait joué à l'école secondaire l'an dernier, il aurait probablement pu faire des présences de quatre minutes sur la glace, mais ici, on lui demandait évidemment de revenir au banc après 45 secondes. Il a fallu lui apprendre à faire le plus possible avec le temps qui lui était accordé et lui faire comprendre qu'il n'avait pas à en prendre autant sur ses épaules."
"Ma confiance a été affectée, mais j'ai fini par comprendre que je jouais avec les meilleurs joueurs de mon âge au pays, se souvient Fischer. J'en ai beaucoup parlé avec mes entraîneurs et j'ai fini par accepter mon nouveau rôle. Je crois que certaines personnes doivent être poussées en bas de leur nuage pour pouvoir continuer à progresser. Avec du recul, je peux dire que ça m'a fait du bien de rester en arrière-plan. Ça m'a fait prendre beaucoup de maturité."
Un mal pour un bien
Quelques mois après sa sélection par le Canadien, Fischer avait su attirer l'œil des dirigeants de la formation américaine au camp d'évaluation en vue du championnat mondial junior, mais son mauvais début de saison avec les Gophers lui a coûté une place au sein de l'équipe.
"C'est évident que j'aurais aimé représenter mon pays, mais je ne sentais pas que je le méritais. Ça m'a beaucoup fait réfléchir. Je n'étais pas satisfait de mon jeu et c'est à ce moment que j'ai vraiment commencé à penser à ce que je devais faire pour m'en sortir."
Pendant que Johnson aidait les États-Unis à remporter le bronze à Moscou, la recrue a profité de la chance qui s'offrait à lui pour retrouver ce qui avait fait de lui un joueur tant convoité.
"Ce n'est qu'entre l'Action de Grâce et Noel qu'il a commencé à croire qu'il était capable de survivre défensivement dans cette ligue et il est devenu un joueur très efficace, observe Guentzel. Quand Erik Johnson a quitté pour l'équipe nationale, nous avons augmenté son lot de responsabilités, les attentes envers lui étaient plus élevées et il a bien répondu."
En zone adverse, Fischer s'est toujours senti comme un poisson dans l'eau. C'est pour améliorer son jeu dans son propre territoire qu'il a dû faire du temps supplémentaire avec son entraîneur.
"Je n'ai jamais dû travailler autant pour m'améliorer, avoue-t-il. Le talent peut vous amener jusqu'à un certain point, mais il vient un temps où il faut beaucoup plus que ça pour continuer à progresser."
"Il a compris l'importance de l'entraînement", confirme Guentzel.
Le défenseur que les recruteurs du Canadien voyaient en ce fluide patineur de 6 pieds 3 pouces commence donc à prendre forme, mais le principal intéressé ne se met pas la tête dans le sable.
"J'ai mis beaucoup de travail sur mon jeu défensif, mais je sais qu'il y a encore beaucoup à faire, admet bien humblement le jeune homme. J'ai l'intention de m'entraîner en salle pour devenir plus imposant le long des rampes, ajouter l'aspect robustesse à mon jeu. Il me faudra aussi améliorer mon lancer."
Encore deux ans
Fischer devra non seulement devenir plus gros au sens propre, mais aussi au sens figuré.
"Nous aurons assurément deux gros morceaux en moins à la ligne bleue, soit Johnson et notre capitaine Mike Vannelli, et Goligoski pourrait rester dans l'organisation des Penguins. Ces trois joueurs ont amassé 102 points pour nous la saison dernière, calcule Guentzel. Nous allons demander à David de faire sa part pour remplacer ces gars-là, de prendre sa place. Son temps de glace va augmenter et il patrouillera probablement notre deuxième unité de jeu de puissance."
"Je suis excité à l'idée qu'on me confie davantage de responsabilités. Les entraîneurs ont été très clairs, ils compteront sur moi. Je n'aurai pas le choix de mieux jouer", reconnaît Fischer.
Entre quelques rondes de golf et un voyage de pêche, Fischer, qui dit avoir encore sur le cœur l'élimination du Canadien par les Maple Leafs - "une défaite crève-cœur", dit-il sur un ton dégoûté - passera aussi une partie de son été à Montréal pour participer au camp des recrues du Canadien. En août, il prendra part au camp d'évaluation de l'équipe américaine en vue du championnat du monde de hockey junior, où il espère en faire assez pour porter les couleurs de son pays en décembre.
"J'ai l'intention de faire en sorte que les entraîneurs croient qu'ils ne peuvent se passer de moi. Honnêtement, je crois que je pourrai être un atout important pour l'équipe cette année."
Il serait donc fort possible que deux des plus beaux espoirs du Canadien s'affrontent - jusque dans une interminable fusillade, qui sait? - l'hiver prochain, mais pour ce qui est de les voir dans le même uniforme, Mike Guentzel prévient les partisans que ce n'est pas pour demain.
"Pour être réaliste, je crois que David aura besoin de deux autres années au niveau universitaire avant de faire le saut chez les pros. À sa troisième saison, si tout va bien, il devrait être l'un des quatre meilleurs défenseurs de notre ligue, un joueur étoile qui peut dominer un match. Je lui ai dit que s'il faisait ce qu'il avait à faire et que je faisais bien mon travail, il sera en excellente position pour faire sa place avec le Canadien."